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ACTU VERT ! Il faut sauver le fleuve Niger

Publié le mardi 14 août 2012 à 00h35min

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Depuis quelques années, le fleuve Niger ne finit pas de se rétrécir et cela au grand dam des pays comme le Mali, le Niger, le Burkina, le Tchad etc., qui en sont les principaux bénéficiaires. Le Niger est souvent la seule ressource en eau des populations pour leurs besoins quotidiens, mais aussi pour l’exercice d’activités économiques telles que la pêche, l’agriculture et l’élevage. Mais la survie du fleuve est menacée par le climat d’abord, et par la mauvaise utilisation de ses ressources. Ensuite, la baisse de la pluviométrie, l’ensablement, la pression démographique, les végétaux flottants, les déchets industriels et techniques de productions inadaptées mettent en péril l’existence de ce cours d’eau.

De plus, la navigation et la reproduction des poissons sont quasi impossibles en raison des faibles débits et des plantes aquatiques nuisibles qui colonisent ses eaux. Ces contraintes conjuguées à l’extrême pauvreté de ses riverains et des Etats font que seulement 20% des potentialités agricoles du bassin estimées à 2,5millions d’hectares sont exploitées, d’après l’Autorité du bassin du Niger (ABN). En effet, ce don de la nature couvre neuf pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Nigeria et Tchad). Il recouvre un potentiel hydroélectrique productible de 30 000 GWH, dont 6 185 GWH sont exploités par an ; 7,5 tonnes de poisson par km de cours d’eau et par an ; 3 800 km du cours principal navigable.

Avec ses 4 184 kilomètres de long et ses 2 millions de km2, le fleuve Niger, troisième du continent par la longueur (après le Nil et le Congo), rythme la vie de quelque cent millions d’Africains. Il constitue un couloir de productivité qui, durant des milliers d’années, a fourni aux populations des moyens de subsistance diversifiés et dynamiques, leur permettant de survivre même lors des pires sécheresses. Ce système hydrographique a également favorisé l’émergence de communautés biologiques remarquables. Le fleuve abrite 35 aires d’importance pour les oiseaux d’eau, 266 espèces de poissons d’eau douce dont 20 n’existent nulle part ailleurs.

Les lamantins ou vaches de mer sont encore présents le long du fleuve, de même que les hippopotames et les crocodiles. Ces données de l’Organisation mondiale de la protection de la nature WWF montrent toute l’importance d’un tel cours d’eau pour toute la sous-région. Pourtant, à moins d’inverser vite la tendance, la population vivant dans le bassin doublera d’ici à 2025 du fait de la forte croissance démographique de 3% par an. Or l’ABN, créée en 1980, est impuissante à relever ces défis et les actions isolées des Etats sont inefficaces pour sortir le fleuve de l’agonie. Il est vrai que récemment lors du sixième Forum mondial de l’eau en mars 2012, les quatre pays de l’ABN, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et le Tchad, se sont engagés à gérer de manière transfrontalière le bassin du fleuve Niger, pour lutter contre son assèchement et sa pollution.

Mais l’argent étant le nerf de la guerre, ces initiatives restent souvent lettre morte car les bailleurs de fonds ne sont pas légion en la matière. Preuve qu’il appartient à la sous-région et peut-être à l’Afrique tout entière de trouver les solutions nécessaires afin de trouver une stratégie régionale d’exploitation durable du fleuve Niger et des ressources qui y sont associées. C’est à ce prix que cet écosystème unique pourra continuer à satisfaire les besoins en nourriture, eau, vêtements et matériaux de construction de la population grandissante de l’Afrique de l’Ouest, tout en conservant ses valeurs naturelles exceptionnelles.

Raphaël KAFANDO

Sidwaya

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