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MALI : Quand le sublime devient horrible !

Publié le vendredi 27 juillet 2012 à 00h45min

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C’est à croire que la classe politique malienne est irréversiblement engluée dans des polémiques et des querelles dont elle ne peut se départir. Pour preuve, au moment où la communauté des hommes attend la formation du gouvernement de large ouverture, une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile et non des moindres, le Front uni pour la démocratie et la République (FDR), a demandé la démission du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra et de son gouvernement. Pour parvenir à ses fins, elle s’escrime contre le chef de l’exécutif avec des commentaires désagréables, à la limite du supportable : « immobilisme, incompétence, pilotage à vue et improvisations ».

Le FDR, qui estime que la feuille de route du gouvernement Diarra est sans vision politique et stratégique, argue que les trois mois qu’il a passés au sommet du pouvoir n’ont servi à rien. Pas de véritable plan d’action pour libérer le Nord du pays, encore moins de véritable stratégie pour sortir le Sud de la crise. C’est la toute première fois que le chef du gouvernement, qui fait depuis un bon moment l’objet d’une salve de tirs de barrage, est enjoint de se tirer comme un malpropre. Incroyable, mais vrai, le sublime est devenu horrible. Il ne devrait, lui-même, pas en croire ses oreilles tourbillonnant et ses paupières mobiles.

On veut le faire dégringoler des marches de la gloire pour l’envoyer paître dans les méandres de l’histoire. Se laissera t-il faire ? Là, rien n’est moins sûr. Mais ce qui est certain, c’est qu’il est publiquement désavoué par la partie la plus importante et la plus représentative des organisations de masse du Mali. Que d’aucuns suspectent de préparer une action dépourvue de bonne foi pour la simple raison qu’elle intervient au moment où une délégation malienne se serait rendue à Paris, en vue de préparer le retour du président intérimaire, Dioncounda Traoré.

Le FDR serait monté sur ses grands chevaux dans l’intention d’acculer le Premier ministre, ses affidés et tous ses soutiens pour les mettre en situation défensive, quitte à reprendre la main et faciliter du coup, le retour du président Traoré. C’est évident un signe que la fièvre risque de monter à nouveau dans les jours à venir. De remise en cause en recomposition et de séparation en rapprochement, des manifestations de soutien et de protestation pourraient être organisées.

Il faut compter avec les mouvements acquis à la cause de la junte, pardon de Cheick Modibo Diarra, obnubilés par le désir de matérialiser l’équilibre des forces et de peser remarquablement sur la formation de la nouvelle équipe gouvernementale. Ces structures ne tarderaient d’ailleurs pas à sortir leurs griffes pour contre-attaquer. Et partant, M. Diarra, lui-même, dont la réputation et l’honneur sont en jeu. Mais quelles sont ses armes ? La junte, est-on tenté de dire. C’est elle qui aurait contribué à le porter au firmament du pouvoir. Il est, selon toute vraisemblance, en train de leur retourner l’ascenseur. Elle ne le laissera certainement pas tomber.

A moins que les injonctions et les menaces de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) aient eu la vertu de renverser la tête de son champion, après lui avoir tourmenté le cerveau. Tout porte à croire que « le rebelle à la bienséance » qui a kidnappé le pouvoir, le 22 mars 2012, va prendre fait et cause pour Diarra. De sorte qu’il va, sans l’ombre d’aucun doute, s’engager de très longues tractations, entre intimidations et menaces, au terme desquelles, Cheick Modibo Diarra pourrait, tout sauf cataclysme, conserver son portefeuille. Ceci étant, il va de soi que la formation intégrale de la nouvelle équipe gouvernementale ne se fasse pas dans le délai imparti par la CEDEAO et la communauté internationale. Qu’à cela ne tienne, il importe que l’ensemble de la classe politique et le chef du gouvernement, Cheick Modibo, commencent par interroger l’histoire pour en tirer des leçons. Un premier changement en appelle un autre.

Dans le cas d’espèce, c’est une posture qui risque d’engager le pays dans une nuit sans fin. Est-ce bien ce que les acteurs politiques veulent faire de l’héritage du grand Mali légué à eux par leurs ancêtres ?

Adama BAYALA (badam1021@yahoo.fr)

Sidwaya

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