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18e Tour du Faso : Ouaga - Yako : l’histoire se répétera-t-elle ?

Publié le mercredi 3 novembre 2004 à 07h16min

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Après la pause observé hier, 2 novembre 2004, les 86 coureurs restants sur les 89 du départ, vont reprendre la compétition pour le compte de la 7e étape de ce Tour cycliste. Ouaga-Yako ! C’est sur cette même étape, l’année dernière que le Burkina a remporté son unique étape du 17e Tour. L’histoire se repétera-t-elle ?

Laurent Zongo victorieux ! Le Burkina venait de souffler un "ouf" de soulagement ce jour-là ! Nous sommes au 17e Tour du Faso ; c’était l’année dernière. Ce fut une édition où les Etalons accumulaient, au fil des étapes, des contreperformances. Yako venait de porter aux coureurs burkinabè. Pour cette 18e édition, s’il est vrai que les choses se présentent nettement mieux (puisque le Burkina en file le maillot jaune), il reste que sur les 6 premières étapes, aucun Etalon n’a encore goûté aux délices de la victoire d’étape. Une telle victoire rejouirait beaucoup ces braves coureurs qui espèrent garder toutes leurs chances dans cette compétition. Nombre d’Etalons cyclistes sont à même de rééditer l’exploit de l’année dernière. Si l’exemplarité du courage constaté jusque là se vérifie à nouveau, si la tactique s’applique comme il se doit, il ne serait pas surprenant de voir Saïdou Rouamba, Wahab Sawadogo, Tidiane Ouédraogo ou Jérémie Ouédraogo et Mahamadi Sawadogo à l’arrivée. Pourquoi pas le grand bosseur du groupe, Laurent Zongo, à l’image de son numéro de l’année dernière ? Pour y arriver, il va falloir bousculer sportivement les Français Denis Flahaut et Thierry David, très en vue dans ce Tour ou encore les Belges Gunter Cuylits et Karel Pattyn. A défaut de la victoire d’étape, les Etalons devront travailler à consolider le maillot jaune de Wahab Sawadogo qui est à 1 mn 20 du Français Thierry David et à 1 mn 32 de l’autre Français Michel Lelièvre. Jérémie Ouédraogo, le deuxième prétendant burkinabè au maillot jaune est à 1 mn 50 de son compatriote Wahab Sawadogo.

Opération mille vélos réussie

La journée de repos a été mise à profit pour la remise officielle des vélos collectés dans le cadre de l’opération "1000 vélos pour le Faso". C’était à l’issue du "Tour cycliste de la Francophonie" organisé aux alentours du stade Municipal de Ouagadougou le 2 novembre dernier. Cette course concernait des jeunes filles et jeunes garçons de 14 à 16 ans issus des 22 écoles de cyclisme du Burkina Faso et des clubs des pays de la sous-région tels que le Bénin, le Togo, le Mali, le Niger, le Sénégal.
En présence du ministre burkinabè des sports et des loisirs, ces vélos collectés lors du Tour de France 2004, ont été remis aux bénéficiaires. 652 vélos ont été récupérés à l’occasion de ce Tour de France. Soutenue par l’Ambassade de France et pilotée par ASO (Amaurey sport organisation), l’initiative "1000 vélos pour le Faso" a été concretisé grâce aux apports et à l’implication du journaliste de France 2, Gérard Holtz, de AGS, Delmas, Norbert Dentressangle, Mavic, le Crédit Lyonnais et JSA, tous de partenaires français. Une opération réussie et Jean-Claude Herault, Directeur général adjoint du Tour de France a tenu à remercier toutes les bonnes volontés. Après ce geste fraternel, le 18e Tour du Faso peut reprendre du service.

Alexandre LE Grand ROUAMBA


Statistiques à mi-parcours

Voici un récapitulatif des 6 premières étapes de ce 18e Tour du Faso.

1re étape : Kokologo-Boromo

Sur cette étape, les 89 coureurs au départ ont parcouru 136 km pour une vitesse horaire moyenne de 40,708 km/h. La victoire était franco-japonaise.

1er : Pierre Chevalier (France/Japon)
2e : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)
3e : Jérémie Ouédraogo (Burkina Faso)
4e : Fabrice Debrabant (La Porte du Hainaut, France)
5e : Tidiane Ouédraogo (Burkina Faso)

Maillot jaune : Pierre Chevalier (France/Japon)
Maillot vert : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)
Meilleur Africain : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)

2e étape : Boromo -Houndé

C’est l’étape des chutes, mais sans gros dommage. Le Burkina se signale toujours tout au long des 52 km pour une vitesse moyenne de 39,966 km/h. La victoire aurait pu être burkinabè.

1er : Thierry David (France/Japon)
2e : Denis Flahaut (La Porte du Hainaut, France)
France)
3e : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)
4e : Seydou Sanfo (Burkina Faso)
5e : Jorry Walgien (Right To play, Hollande)

Maillot jaune : Pierre Chevalier (France/Japon)
Maillot vert : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)
Meilleur Africain : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)

3e étape : Orodara -Sikasso

Une incursion en territoire malien pour le bonheur des Maliens qui sont du reste sortis très nombreux pour la circonstance. Un circuit de 8 kmX3 à l’intérieur de Sikasso pour une ambiance de fête . Sur ces 121 km, les 86 coureurs (3 ont lâché) sont allés à 39, 378 km/h . La victoire est toujours française, à travers l’équipe de la Porte du Hainaut, mais le Burkina arrache le maillot jaune ; le vert est français.

1er : Denis Flahaut (La Porte du Hainaut, France)
France)
2e : Seydou Sanfo (Burkina Faso)
3e : Marcio Mucanza(Angola)
4e : Laurent Zongo (Burkina Faso)
5e : Tidiane Ouédraogo (Burkina Faso)

Maillot jaune : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)
Maillot vert : Denis Flahaut (La porte du Hainaut, France)
France)
Meilleur Africain : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)

4e étape : Sikasso -Orodara

Retour au Burkina Faso. Les Etalons y perdent le maillot jaune pour seulement une seconde de retard. Pour la 3e fois, le maillot tant convoité change d’épaule. Il est désormais porté par le Belge Karel Pattyn. Un Burkinabè est encore 2e.

1er : Gunter Cuylits (VAM, Belgique)
2e : Mahamadi Sawadogo (Burkina Faso)
3e : Thierry David (France/Japon)
4e : Saïdou Tall (Burkina Faso)
5e : Joris Van Mechelen (VAM, Belgique)

Maillot jaune : Karel Pattyn (VAM, Belgique)
Maillot vert : Thierry David (France/Japon)
Meilleur Africain : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)

5e étape : Bobo Dioulasso - Bobo Dioulasso

Ce circuit fermé de 121 km a été "avalé" par les 86 coureurs restants en 3h01 mn 48 s, soit une vitesse moyenne de 39,934 km/h. Le Burkina se "fâche" et récupère son maillot de leader, mais la victoire d’étape est hollandaise.

1er : Jorry Walgien (Right To play, Hollande)
2e : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)
3e : Michel Lelièvre (La Porte du Hainaut) France)
4e : Jérémie Ouédraogo (Burkina Faso)
5e : Olivier Keïta ( Sénégal)

Maillot jaune : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)
Maillot vert : Thierry David (France/Japon)
Meilleur Africain : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)

6e étape : Pa (Sabou) - Koudougou

Première épreuve sur piste. Calvaire sur 26,5 km (sur les 115 km) entre Sabou et Koudougou. La Belgique se signale à l’arrivée, mais le Burkina est toujours en jaune. La forte vitesse moyenne depuis le debut du Tour : 41, 696 km/h.

1er : Joris Van Mechelen (VAM, Belgique)
2e : Denis Flahaut ( La porte du Hainaut, France)
3e : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)
4e : Michel Lelièvre (La Porte du Hainaut, France)
5e : Thierry David (France/Japon)

Maillot jaune : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)
Maillot vert : Thierry David (France/Japon)
Meilleur Africain : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)

Récapitulatif :

En 6 jours de course, une distance totale de 641,5 km a été parcourue. Abdul Wahab Sawadogo, le maillot jaune, a bouclé cette distance en 15 h 54 mn 49 s, soit une bonne vitesse horaire moyenne générale de 40, 299 km/h.
L’on retiendra que sur les 89 coureurs du départ , il n’en reste plus que 86 . Trois coureurs suivent donc le Tour depuis leur car pour cause d’abandon ou de blessures. Aucun des 18 coureurs burkinabè n’a raccroché. Notons que lors de la 6e étape à Koudougou, le dernier, le Japonais Takamitsu, a franchi la ligne d’arrivé 20 mn 40 s après le premier. Des 16 équipes invitées, seul le Cameroun, pour des raisons de vol, n’a pu être présent.

A. L. G


DANS LES COULISSES DU TOUR

Le chauffeur du ministre matraqué par un policier

Le chauffeur du ministre des Sports et des Loisirs aura passé une sale journée de mardi. Hier, 2 novembre 2004, alors qu’il se rendait au stade municipal pour chercher son patron (il y était pour la remise des vélos à l’occasion de l’opération "1000 vélos pour le Faso"), la sécurité ne lui a pas permis d’avancer. Il présente son badge qui atteste qu’il est de l’organisation, mais le refus du policier est toujours catégorique, selon les témoignages. Que s’est-il passé par la suite pour que l’agent de la police municipale le matraque ? Question. En attendant, le pauvre chauffeur aura passé la journée à l’hôpital, sous perfusion. Il se plaint toujours de douleurs au ventre et à la tête. Il attend une échographie pour être situé. Cette situation a amené le chef de l’agent qui a relevé le policier de son poste, à aller présenter ses excuses au ministre Toundoun Sessouma qui a été marqué par ce qui est arrivé à son chauffeur.

Bagarre entre Sénégalais

A l’étape de Orodara, deux coureurs sénégalais en sont venus aux poings après l’arrivée. Une véritable bagarre qui a pris fin grâce à l’intervention d’un confrère de CFI, lui-même Sénégalais. En Wolof, il leur a fait comprendre que leur acte était loin d’être beau. Cette bagarre est intervenue à la suite d’un problème tactique à l’occasion de cette 4e étape.

Les brigands aussi étaient là

Après l’animation de nuit à Orodara, certains sponsors regagnaient très tardivement Bobo-Dioulasso pour y passer la nuit. Les coupeurs de route s’en sont mêlés. Ils ont même tenté d’ouvrir le feu sur le véhicule d’un des sponsors. Fort heureusement, ils n’ont pas atteint leur cible.

Séduits par les coureurs burkinabè

Au regard de leur courage, deux coureurs burkinabè se sont vus féliciter financièrement par le Président de la Fédération ivoirienne de cyclisme (Eugène Kacou) et l’encadreur de l’équipe Vasco-Avia-Modemakers de Belgique (Hermann). Respectivement, ils ont remis chacun 10 000 FCFA à Abdul Wahab Sawadogo et à Mahamadi Sawadogo. De beaux gestes de fraternité !

Le souvenir de Sikasso

Logement et restauration coûtent cher au Mali. Des confrères ont dû chercher un restaurant abordable au détriment d’un autre où ils s’étaient rendus premièrement. L’un d’eux, plus courageux y reste, mais regrettera sa décision. C’est ainsi que pendant le règlement de la facture, il n’hésite pas de lancer au gérant : "Vraiment, je paie mais je ne suis pas content", avant d’ajouter : "je vais au moins garder la facture pour souvenir". Eclats de rire du gérant !

Les vélos qui sauvent

Décidément, ce tour ne cessera de surprendre avec ses faits divers. A Houndé, un coureur angolais se voit lâché par son vélo à un kilomètre de l’arrivée. Un paysan lui permet de terminer sa course avec son vélo de fortune. A Koudougou, ce sont deux coureurs belges qui sont sauvés par deux femmes qui leur ont offert leurs vélos. Des gestes de fraternité fort salués par les visiteurs.

Rassemblés par A.L.G


Coureurs, dirigeants ...

A mi-parcours de ce 18e Tour du Faso, voici le bilan dressé par des acteurs de cette fête du cyclisme

Michel Lelièvre (coureur français) : Je trouve cette 6e étape (ndlr, Koudougou) impressionnante, surtout sur les 3 derniers kilomètres. Ce fut difficile. Je ne m’attendais pas à une telle route. A un moment donné, je me demandais si on allait finir ce parcours un jour. Je le voyais très long parce qu’éprouvant. Entre temps, j’ai vu la ligne d’arrivée. Je n’ai pas crevé comme les autres. Je retiens dans mon esprit de superbes images. Ce fut une aventure. Il fallait la vivre.
Sur l’ensemble de cette première manche, je tire mon chapeau aux coureurs burkinabè. Ce sont de très bons coureurs. Je ne m’attendais pas à les voir à un tel niveau. Franchement, ils prennent la course en main, ils la contrôlent. J’espère qu’ils pourront conserver le maillot jaune.

Abdul Wahab Savadogo (maillot jaune, Burkina Faso) : Cette 6e étape a été très difficile. Malgré tout, nous conservons le maillot jaune. S’il plaît à Dieu, nous ne perdrons plus ce maillot. L’étape la plus difficile était celle d’aujourd’hui (ndlr, celle de Koudougou). Je pense donc que le Burkina peut espérer garder ce maillot jusqu’ à la fin de ce Tour.

Jean Stablinski (Champion du monde en 1962 et encadreur de l’équipe La Porte du Hainaut, France) : L’étape de Koudougou me rappelle celle de Paris-Roubaix, Tour des Flandres. Ce n’est pas le même style. La preuve, c’est que c’est un Belge qui a gagné l’étape. Ils ont l’habitude de rouler sur ces portions. Il y a eu beaucoup de crevaisons. C’était la loi de la jungle.

Adama Diallo (Co-directeur du Tour de Faso) : Tout se passe bien dans l’ensemble. La course est très bien animée. Jusqu’à présent) aucun maillot n’est sûr. Tous les jours, il y a une remise en cause du maillot jaune, par exemple. Je peux donc dire que c’est une très belle course.
Cette année, contrairement à l’année passée, les Burkinabè se comportent très bien. Cela est dû au fait qu’il y a six d’entre eux qui ont été sérieusement préparés.

Joris Van Mechelen (Belgique, vainqueur de la 6e étape) : C’est ma première victoire de l’année. Je suis très content. C’était très dur, spectaculaire. La fin de la course a été dur pour tous les coureurs. Je suis très fier. Il y a de belles choses que je vois ici depuis le début de ce Tour. C’est impressionnant.

Jean Luc Lavoisier (Président du jury) : Je suis agréablement surpris par le comportement des coureurs africains. C’est dommage qu’ils n’aient pas encore gagné d’étape. Par contre, j’ai l’impression qu’ils ont un peu peur de gagner une étape,à l’image des Burkinabè. Ils ont un complexe face aux autres coureurs. A mon avis, il y a un problème de direction d’équipe. Par exemple, lors du circuit de Bobo-Dioulasso (ndlr, 5e étape), c’est un Burkinabè qui aurait pu gagner l’étape. Il va falloir que les Africains se frottent un peu plus aux Européens pour gagner encore en grade.
Quant à la discipline dans le peloton, il y a quelque chose qui se passe : un peu de poussettes, de tirage,etc. On va y remédier dès la 7e étape. Après 6 étapes, on enregistre une très bonne moyenne. C’est très bien. C’est une organisation générale qui me plaît beaucoup. C’est la première fois que je viens au Burkina.

Jean-Claude Hérault (Co-directeur du Tour) : Je voudrais tout d’abord dire que la 6e étape (Boromo-Koudougou) a apporté tous les enseignements au plan sportif. On s’est retrouvé sur les grandes courses internationales comme Paris-Roubaix sur Milan-San Remo. On a découvert aujourd’hui un élément très essentiel qui est la piste par rapport aux spécificités de l’Afrique et du Burkina Faso. On a ainsi un élément qui va distinguer cette épreuve des autres épreuves.
Le Tour est très animé. Il a plusieurs fois changé de leader. Pour un organisateur, il n’ y a pas de choses plus fortes que d’avoir ce genre de mise en scène. Cette édition du Tour du Faso est la plus animée depuis 2001, date du partenariat entre le Tour du Faso et le Tour de France. Pour nous, c’est vraiment fantastique.

Propos recueillis par Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le Pays

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