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AWUDU, un bronzier qui croit en l’art

Publié le mercredi 3 novembre 2004 à 07h37min

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Parmi ceux qui se sont révélés comme praticiens de la fonte et de la ciselure des bronzes se positionne Awudu Kofi Ouédraogo. A l’inspiration fluide, ce bronzier s’attaque depuis 8 ans à la cire pour faire sortir du brasier des objets d’une grande valeur artistique. Nonobstant les difficultés qu’il rencontre sur les sentiers de l’art, Awudu croit en celui-ci et se montre très persévérant.

L’art du bronzier Awudu comporte une inspiration poétique tournée vers l’ imitation des formes naturelles et une rigueur rationaliste qui se manifeste par la finesse de ses œuvres. "Joueur de flûte, lectrice, extase, maternité, communion", voici des termes bien évocateurs de l’art de ce jeune artiste qui arrive à mettre en symbiose l’art artisanal et l’art contemporain. Il est à ce prix à la fois traditionnaliste et réformateur ; c’est un style d’élégance et de confort, de charme et de modernisme que laissent voir les pièces de Awadu.

Aux âmes bien nées,...

Pourtant, tout a véritablement commencé pour lui, il y a à peine une décennie. C’est en 1997 qu’il s’était mis à l’école de son oncle Bob Bonkoungou, bronzier émérite. << C’est à la source cognitive de cet aîné que je me suis abreuvé tout jeune. L’amour et l’application avec lesquels il faisait son travail d’artiste ne m’ont jamais laissé indifférent.

Au contraire, j’ai même été séduit par l’accalmie de ce bronzier d’exception. C’est ainsi qu’après avoir quitté les bancs en 1997, je me suis orienté, de façon spontanée vers l’art, sûr de ma vocation d’artiste. Deux ans plus tard, je faisais mon entrée au Centre National d’Artisanat et d’Art (CNAA) par le biais d’un stage de formation>> a confié Awudu. Depuis ce temps, il n’a cessé de proclamer sa foi en l’art.

Pour lui, l’art est un moyen d’expression et constitue l’un des bastions qui libérera l’homme de la hantise et des détresses de la vie. L’art, en outre lui vide de tout poids et joue un rôle régulateur dans sa vie. A la limite, celui-là a le pouvoir de rassassier tous ses désirs et passions. Le jeune artiste par la force des efforts qu’il a consentis au profit de l’art est arrivé à avoir la confiance de ses supérieurs du CNAA. Avec l’appui du centre, il a déjà exposé certaines de ses œuvres dans la sous-région. Les œuvres de Awudu trônent dans des galéries de la ville de Ouagadougou.

Son art devrait beaucoup plus s’affirmer à l’extérieur

De même que Awudu ne regrette pas son état de bronzier, de même, il reconnaît que l’art pour l’heure n’arrive pas à nourrir son homme. C’est surtout à l’intérieur du pays qu’il vend ses produits. Or beaucoup sont ceux qui méconnaissent la valeur de l’œuvre d’art. <> s’interroge l’artiste.

C’est pourquoi l’art au Faso se vend assez mal. C’est très souvent à des prix dérisoires que ses œuvres sont vendues. De plus, il est obligé à l’instar de bon nombre de bronziers, de travailler avec un outillage encore rudimentaire. Il suffit de le voir à l’œuvre pour comprendre que les conditions dans lesquelles il travaille ne favorisent toujours l’éclosion du génie créateur et même le bon déroulement des opérations.

Modeleur et fondeur, il n’arrive pas à faire plus de 3 pièces par jour, faute du matériel performant. Enfin, Awudu trouve que son art devrait beaucoup plus s’affirmer à l’extérieur du pays. Le ministère chargé de la culture pourrait, en collaboration avec des galéristes internationaux, faire exposer plus de produits burkinabè à l’extérieur du pays. L’art burkinabè a besoin de s’imposer au niveau mondial, a-t-il conclu. En dépit de ces difficultés, Awudu ne désespère pas.

Confiant que son avenir se trouve entre les mains de l’art, il a choisi de forcer le respect des uns et des autres par la qualité de son œuvre. Pour l’heure, c’est avec le plus grand soin que l’artiste qui rêve de réussite plus fulgurante s’attaque à la cire et au feu. Bientôt sortira du brasier un de ces objets d’une grande valeur artistique.

Raogo Hermann Ouédraogo
Sidwaya

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