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AUDITION DE KARIM WADE : Les déboires d’un enfant prodige

Publié le mercredi 4 juillet 2012 à 23h22min

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Les enquêtes sur les biens mal acquis engagées par la Justice sénégalaise depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau président Macky Sall ont permis d’auditionner, le 3 juillet dernier, l’un des plus grands suspects dans cette affaire. Karim Wade, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ancien ministre de la Coopération internationale, des transports aériens, des infrastructures et de l’énergie, est sans conteste le plus gros poisson que la Justice sénégalaise prendrait dans son filet si ce dernier venait à être reconnu coupable des malversations qui lui sont reprochées. Il est en effet critiqué pour sa gestion des deniers publics quand il était à la tête des départements ministériels qui faisaient partie des ministères sénégalais les mieux dotés en termes de budgets.

Le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade a effectivement acquis une certaine notoriété politique et construit l’essentiel de sa fortune durant son passage dans les gouvernements de son père. Il était alors devenu si puissant et avait été rendu incontournable par son président de géniteur que ses compatriotes avaient fini par le surnommer le « ministre du ciel et de la terre ». A l’heure donc de rendre compte de la gestion du pouvoir par l’ancien régime, il était inévitable qu’il soit entendu et qu’il fasse la preuve de la régularité de son patrimoine.

En plus donc du délit d’apparence constitué par son extravagant train de vie, son implication dans des dossiers comme ceux sur la privatisation du port, la troisième licence de téléphonie mobile, la réalisation de certaines infrastructures, font de lui un suspect important. Son concepteur biologique et politique a essayé de prendre les devants en convoquant la presse pour tenter de justifier ses biens à lui dont il a dit avoir acquis l’essentiel avant son élection comme chef d’Etat. N’empêche, la roue de la procédure judiciaire enclenchée et qui a conduit à l’audition de Wade fils par la gendarmerie, pourrait bien embarquer aussi son père dans les prochains jours.

Et c’est de bonne guerre si par le biais de l’alternance opérée au Sénégal, la dynamique de bonne gouvernance impulsée par les prédécesseurs de Me Wade se poursuit par la volonté du successeur de celui-ci. Certes, les partisans de la famille Wade qui ont déjà dénoncé ce qu’ils prennent pour du harcèlement, ont vite fait d’assimiler les démêlés judiciaires de Karim à un acharnement, voire une vengeance portant la griffe du régime en place. Les systèmes de gouvernance africains sont en effet caractérisés par des systèmes judiciaires aux ordres, à telle enseigne que toute initiative du pouvoir judiciaire est vite considérée comme ayant été dictée par l’exécutif.

L’usage de l’argument de la chasse aux sorcières est en outre très tentant au regard de la célérité avec laquelle les comptes sont demandés aux ex-dirigeants sénégalais. Dans tous les cas, c’est tout de même louable si cette diligence qui, quoique rarissime sous les tropiques africains, est la règle dans les grandes démocraties, permet au pays de la Téranga de renouer avec ses anciens réflexes démocratiques déjà cités en exemple. Au final, c’est tout le Sénégal qui en sortira gagnant. Car, s’il parvenait à faire aboutir ce processus, le pouvoir en place à Dakar réussirait alors à prouver que nul n’est au-dessus de la loi au pays de Senghor et que tout gouvernant responsable de la gestion du bien public devra rendre compte de sa gestion au moment venu.

Et aucune protection, fût-elle d’un père président de la République, ne saurait conférer indéfiniment à aucun fils un parapluie solide au point de lui garantir une impunité permanente.

La famille Wade est en train de payer pour son arrogance et sa propension à confondre le pouvoir électif, momentané donc, et celui d’origine divine, religieuse ou traditionnelle. Wade père qui a introduit son enfant prodige dans la politique en lui promettant une carrière extraordinaire - et il aura tout tenté pour tenir sa promesse - l’aura finalement mis dans de beaux draps. Wade fils est donc sur le point d’être victime d’un infanticide politique, ses déboires judiciaires n’étant qu’une résultante de toutes les combines dans lesquelles il a trempé avec son maître à gouverner, en vue de parvenir à une dévolution dynastique du pouvoir républicain. Le projet ayant échoué grâce à la détermination du peuple sénégalais, le retour de manivelle devient irréversible.

Et cette affaire judiciaire s’annonce pour les Wade comme une troisième défaite pour l’ancien régime après celles de la présidentielle et des législatives. A moins que, en acceptant d’affronter la procédure judiciaire au lieu de s’offrir un exil doré loin d’une éventuelle poursuite, ils ne soient sûrs de prouver leur innocence. Cette éventualité a pourtant visiblement peu de chance de se concrétiser étant donné le passé maculé des mis en cause. Toutefois, s’ils arrivaient à convaincre le tribunal et que celui-ci les blanchissait, le respect par les nouvelles autorités d’un tel verdict serait également la preuve de leur maturité politique. Et tout le mérite en somme reviendrait au Sénégal tout entier qui commence à réussir à redorer son blason terni par une décennie d’errements du clan Wade.

« Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 7 juillet 2012 à 17:21 En réponse à : AUDITION DE KARIM WADE : Les déboires d’un enfant prodige

    Cette famille de piranhas fut la calamite senegalaise !!! Mes freres senegalais peuvent meme s’ estimer heureux d’ avoir eviter le pire. La situation au mali juste apres les elections les abcp aide car les dires disaient que Wade s’ appreteait a bisser le scenario Gbagbo mais quand Haya est entre dans la danse au Mali voisin, Gorgi a yoyii.

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