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Indépendance algérienne : 50 ans après, le malaise persiste

Publié le mercredi 4 juillet 2012 à 23h22min

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5 juillet 1962 - 5 juillet 2012, l’Algérie indépendante a 50 ans. Ces noces d’or seront fêtées avec faste : 2 milliards d’euros ont été débloqués pour les activités, qui courent sur une année.
Comédie musicale dans la nuit d’hier 4 juillet 2012 avec 800 artistes qui visiteront l’histoire algérienne, cérémonie à laquelle prendra part le président Bouteflika ; le 7 juillet, le stade du 5-Juillet d’Alger accueillera 10 000 enfants et des fanfares militaires pour un défilé haut en couleur, suivi du "Carnaval Rio de Janeiro" à ORAN.

"Une commémoration officielle" que contestent d’ailleurs les syndicalistes, qui dénoncent le gaspillage des deniers publics qu’ils y voient. Il y a aussi que le collectif pour la liberté de l’action culturelle veut commémorer cet anniversaire dans la rue, décriant la façon aseptisée du gouvernement de le faire.

Mais tous ces micmacs cachent au fond un problème fondamental : 50 ans après, il y a toujours un malaise au pays d’Ahmed Ben Bella au sujet de son passé avec la France ; en somme son passé ne passe pas.

Tout se ramène prosaïquement à une seule exigence : l’Algérie veut que l’Hexagone assume son passé colonial et reconnaisse certains crimes, un devoir de mémoire que l’ex-métropole refuse toujours d’assumer. On se rappelle que le terme même de "guerre d’Algérie", entendu pour la première fois dans la bouche d’un président français, en l’occurrence Jacques Chirac en juin 1999, avait provoqué des vagues.

En vérité, depuis les Accords d’Evian, intervenus le 18 mars 1962, paraphés entre Louis Joxe, le ministre d’Etat en charge des Affaires algériennes, et Krim Belkacem du Front de Libération nationale (FLN), l’Algérie est convaincue qu’elle a été flouée politiquement et économiquement et la France estime qu’elle a tant donné à ce pays et qu’elle ne lui est plus redevable de rien ; on a donc parlé d’Accords déviants, une déviation que les Algériens mettent sur le compte des Français. Il y a également la douloureuse question des pieds-noirs, massacrés, par exemple, à Oran, qui hante toujours l’esprit des Français. Et que dire de ces Harkis, traîtres pour les uns, héros pour les autres, qui ont payé de leur vie leur service comme supplétifs des combattants français ?

Un demi-siècle après cette indépendance, les plaies ne sont pas totalement cautérisées des deux côtés de la Méditerranée. Il faudra, sans doute, encore du temps et surtout des dirigeants décidés de part et d’autre pour sceller enfin l’entente parfaite en chassant les fantômes du passé pour toujours ; une œuvre qui doit être accomplie pour que, si un Français et un Algérien se rencontrent, ils puissent se regarder franchement les yeux dans les yeux, sans faux-fuyant.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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