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AFFAIRE HISSENE HABRE : Macky Sall sur les traces de Wade ?

Publié le mardi 26 juin 2012 à 22h34min

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Quelques mois après son élection à la tête du Sénégal, Macky Sall semble tracer les grandes lignes de sa politique quinquennale. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’homme n’en finit pas de surprendre par ses décisions audacieuses qui finissent par lui coller l’étiquette d’un nouveau président qui commence bien son mandat. En effet, ses poursuites judiciaires contre ceux du rang de son prédécesseur qu’il soupçonne d’avoir commis des malversations financières continuent de faire des vagues. Sall affirme par ailleurs que Hissène Habré sera jugé sur le sol sénégalais. La nouvelle est bonne, l’idée qui la sous-tend plus que merveilleuse. A l’heure où des Africains vilipendent et diabolisent les institutions judiciaires internationales qu’ils taxent de racistes, la décision de Macky Sall de juger Habré au Sénégal tombe bien à propos. Dont acte.

Ce serait d’ailleurs à son honneur, à celui de son pays, voire de tout le continent noir, si le successeur de Wade venait à faire juger l’ex-président tchadien au pays de la Téranga. Car le respect dû au continent africain, loin de se décréter, passe par sa capacité à s’assumer. Au fait, tous ceux d’Afrique ou d’ailleurs qui jettent l’opprobre sur les juridictions internationales leur font, de toute évidence, une fausse querelle. A la vérité, le dossier Habré, à lui seul, montre toute la raison d’être de ces instances judiciaires internationales spécialisées dans le jugement des dictateurs sanguinaires. Que le nouveau président sénégalais jure de relever ce défi africain, l’on ne peut que lui savoir gré.

Du moins a priori car toute la question est de savoir si cette déclaration de Sall n’est pas un opium pour retarder, voire faire oublier le dossier de ce dictateur de la pire espèce qui se la coule douce à Dakar depuis plus de deux décennies. Son prédécesseur Wade a brillé par cette roublardise qui avait fini par lasser plus d’un. On veut bien donner le bon Dieu à Sall mais la prudence recommande qu’il se confesse d’abord. Pour avoir été Premier ministre et président de l’Assemblée nationale sous l’ère « Gorgui », on dira que Sall, aujourd’hui président, connaît bien le dossier de son hôte.

Dès lors, les déclarations de bonnes intentions d’une telle nature sont à prendre avec des pincettes. En effet, à défaut d’accepter l’extradition de Habré vers d’autres juridictions qui le réclament, Sall aurait dû donner le timing du jugement d’un dossier déjà connu de lui. Mais visiblement, Sall nous amène encore à nous perdre en conjectures. Si bien qu’on en vient à se demander combien de temps les rescapés de la dictature Habré vont devoir encore attendre pour que justice leur soit rendue. Seul le nouvel homme fort de Dakar a la réponse à cette interrogation.

Boulkindi COULDIATI

Le Pays

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