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18 e Tour du Faso : Le Burkina en jaune

Publié le mardi 2 novembre 2004 à 07h14min

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La caravane du 18e Tour cycliste internationale du Faso a déjà bouclé 6 étapes sur les 11 prévues. Elle s’offre une journée de repos aujourd’hui, 2 novembre à Ouagadougou. A mi-parcours de cette 18e édition, les Etalons cyclistes font honneur à la nation.

Depuis l’édition de 1997, les coureurs burkinabè, n’avaient plus jamais enfile un maillot jaune. Sept ans de labeur, sept d’attente et revoilà les braves cyclistes burkinabè enfiler ce prestigieux maillots sans avoir remporté la moindre étape.

Lors de la 6e étape courue hier, entre Boromo et Koudougou, les Etalons ont travaillé à conserver le maillot jaune malgré ces 26,5 km de piste entre Sabou et la ligne d’arrivée à Koudougou. Une piste qui s’est révélée des plus difficiles pour tous les 76 coureurs. Ils sont arrivés à Koudougou rougis par la poussière. Beaucoup de crevaison certaines ont même franchi la ligne d’arrivée sans leur vélos de course , mais avec des vélos ordinaires empruntés en cours de route.

Tout commence pour les Etalons cyclistes par une crevaison du vélo de leur capitaine, Saïdou Rouamba. Certains d’entre eux veulent lui porter secours. Quatre autres coureurs prennent la fuit . Des Etalons vont à leur chasse et les rattrapent à Sabou. Sur la piste, le Belge Karel Pattyn s’échappe à 20 km de l’arrivée. Il crève à10 km. Un autre Belge, Joris le rattrape et prend la fuite. Lui aussi crève à 5 km de la ligne d’arrivée, à plat, premier à la grande satisfaction de son équipe.

Mais que retenir de cette première partie de la course ? On a vu des Etalons combatifs. De toutes les 6 étapes, ils ont toujours été là, aux 2e et 3e places. Sur chaque étape, le Burkina a toujours aligné 3 à 5 coureurs dans les 10 premiers. L’exemple est donné dès le départ par le capitaine Saïdou Rouamba, très combatif à l’image de Tidiane Ouédraogo, de Laurent Zongo et autre Wahad Sawadogo. Ce dernier permet au Burkina d’enfiler le maillot jaune à Sikasso, en terre malienne. Le Mali ! Les Sikassois, ont accueilli cette fête avec ferveur. Le Gouverneur de la Région de Sikasso dira : Le Tour a rempli sa mission d’intégration entre le Burkina et le Mali". Les organisateurs ne regretteront pas d’avoir fait ce détour au bord du Djoliba.

Si Wahab a perdu son maillot à Orodara lors de la 4e étape, il le récupérera le lendemain à Bobo-Dioulasso pour finalement le conserver en attendant la reprise demain. Si on peut regretter certaines tactiques mal assimilées par les Etalons cyclistes, on doit cependant les encourager car ils abattent un beau travail grâce à leur simple volonté. Par trois fois le maillot jaune a changé d’épaule. Jamais un tour du Faso, n’a jamais été aussi indécis.

Une course animée de bout en bout. Sénégalais, Angolais essaient d’imprimer leur rythme à leur façon. Français, Belges et Hollandais se succèdent sur les lignes d’arrivée, mais le Burkina, constant, se débrouille sans embrouille et est pour l’instant le meilleur au classement général. Une performance loin de celle de l’année dernière. Continuera-t-il sur cette lancée ? L’étape de Yako qui sera courue demain 3 novembre situera beaucoup plus les uns et les autres. En attendant, Wahab est à 1mn 205 du Français Thierry David, classé 2e.

Par Alexandre Le Grand ROUAMBA
(Sur la route du tour)

Légendes

1 - Abdul Wahab Sawadogo domine pour l’instant la course (Ph. Sibiri Rouamba)

2 - Thierry David, maillot vert, est le coureur le plus surveillé par les Burkinabè (Ph. Sibiri Rouamba)

3 - Saïdou Rouamba, le capitaine qui fait honneur (Ph. Sibiri Rouamba)

4 - La course est très bien animée (Ph. Sibiri Rouamba)


Statistiques à mi-parcours

Voici un récapitulatif des 6 premières étapes de ce 18e Tour du Faso.

1re étape : Kokologo-Boromo

Sur cette étape, les 89 coureurs au départ ont parcouru 136 km pour une vitesse horaire moyenne de 40,708 km/h. La victoire était franco-japonaise.

1er : Pierre Chevalier (France/Japon)

2e : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)

3e : Jérémie Ouédraogo (Burkina Faso)

4e : Fabrice Debrabant (France)

5e : Tidiane Ouédraogo (Burkina Faso)

Maillot jaune : Pierre Chevalier (France/Japon)

Maillot vert : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)

Meilleur Africain : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)

2e étape : Boromo -Houndé

C’est l’étape des chutes, mais sans gros dommage. Le Burkina se signale toujours tout au long des 52 km pour une vitesse moyenne de 39,966 km/h. La victoire aurait pu être burkinabè.

 1er : Thierry David (France/Japon)
 2e : Denis Flahaut (France)
 3e : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)
 4e : Seydou Sanfo (Burkina Faso)
 5e : Jorry Walgien (Hollande)

 Maillot jaune : Pierre Chevalier (France/Japon)
 Maillot vert : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)
 Meilleur Africain : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)

3e étape : Orodara -Sikasso

Une incursion en territoire malien pour le bonheur des Maliens qui sont du reste sortis très nombreux pour la circonstance. Un circuit de 8 kmX3 à l’intérieur de Sikasso pour une ambiance de fête . Sur ces 121 km, les 86 coureurs (3 ont lâché) sont allés à 39, 378 km/h . La victoire est toujours française, à travers l’équipe de la Porte du Hainaut, mais le Burkina arrache le maillot jaune ; le vert est français.

 1er : Denis Flahaut (France)
 2e : Seydou Sanfo (Burkina Faso)
 3e : Marcio Mucanza(Angola)
 4e : Laurent Zongo (Burkina Faso)
 5e : Tidiane Ouédraogo (Burkina Faso)

 Maillot jaune : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)
 Maillot vert : Denis Flahaut (France)
 Meilleur Africain : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)

4e étape : Sikasso -Orodara

Retour au Burkina Faso. Les Etalons y perdent le maillot jaune pour seulement une seconde de retard. Pour la 3e fois, le maillot tant convoité change d’épaule. Il est désormais porté par le Belge Karel Pattyn. Un Burkinabè est encore 2e.

 1er : Gunter Cuylits (Belgique)
 2e : Mahamadi Sawadogo (Burkina Faso)
 3e : Thierry David (France/Japon)
 4e : Saïdou Tall (Burkina Faso)
 5e : Joris Van Mechelen (Belgique)

 Maillot jaune : Karel Pattyn (Belgique)
 Maillot vert : Thierry David (France/Japon)
 Meilleur Africain : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)

5e étape : Bobo Dioulasso - Bobo Dioulasso

Ce circuit fermé de 121 km a été "avalé" par les 86 coureurs restants en 3h01 mn 48 s, soit une vitesse moyenne de 39,934 km/h. Le Burkina se "fâche" et récupère son maillot de leader, mais la victoire d’étape est hollandaise.

 1er : Jorry Walgien (Hollande)
 2e : Saïdou Rouamba (Burkina Faso)
 3e : Michel Lelièvre (France)
 4e : Jérémie Ouédraogo (Burkina Faso)
 5e : Olivier Keïta ( Sénégal)

 Maillot jaune : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)
 Maillot vert : Thierry David (France/Japon)
 Meilleur Africain : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)

6e étape : Pa (Sabou) - Koudougou

Première épreuve sur piste. Calvaire sur 26,5 km (sur les 115 km) entre Sabou et Koudougou. La Belgique se signale à l’arrivée, mais le Burkina est toujours en jaune. Une forte vitesse moyenne de 41, 696 km/h.

 1er : Joris Van Mechelen (Belgique)
 2e : Denis Flahaut (France)
 3e : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)
 4e : Michel Lelièvre (France)
 5e : Thierry David (France/Japon)

 Maillot jaune : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)
 Maillot vert : Thierry David (France/Japon)
 Meilleur Africain : Abdul Wahab Sawadogo (Burkina Faso)

Récapitulatif :

En 6 jours de course, une distance totale de 641,5 km a été parcourue. Abdul Wahab Sawadogo, le maillot jaune, a bouclé cette distance en 5 h 54 mn 49 s, soit une bonne vitesse horaire moyenne générale de 40, 299 km/h.
L’on retiendra que sur les 89 coureurs du départ , il n’en reste plus que 76 . Treize coureurs suivent donc le Tour depuis leur car pour cause d’abandon ou de blessures. Aucun des 18 coureurs burkinabè n’a raccroché. Notons que lors de la 6e étape à Koudougou, le dernier, le Japonais Takamitsu, a franchi la ligne d’arrivé 20 mn 40 s après le premier. Des 16 équipes invitées, seul le Cameroun, pour des raisons de vol n’a pu être présent.

A. L. G


Dans les coulisses du Tour

Bagarre entre Sénégalais

A l’étape de Orodara, deux coureurs sénégalais en sont venus aux poings après l’arrivée. Une véritable bagarre qui a pris fin grâce à l’intervention d’un confrère de CFI, lui-même Sénégalais. En Wolof, il leur a fait comprendre que leur acte était loin d’être beau. Cette bagarre est intervenue à la suite d’un problème tactique à l’occasion de cette 4e étape.

Les brigands aussi étaient là

Après l’animation de nuit à Orodara, certains sponsors regagnaient très tardivement Bobo-Dioulasso pour y passer la nuit. Les coupeurs de route s’en sont mêlés. Ils ont même tenté d’ouvrir le feu sur le véhicule d’un des sponsors. Fort heureusement, ils n’ont pas atteint leur cible.

Séduits par les coureurs burkinabè

Au regard de leur courage, deux coureurs burkinabè se sont vus féliciter financièrement par le Président de la Fédération ivoirienne de cyclisme (Eugène Kacou) et l’encadreur de l’équipe Vasco-Avia-Modemakers de Belgique (Hermann). Respectivement, ils ont remis chacun 10 000 FCFA à Abdul Wahab Sawadogo et à Mahamadi Sawadogo. De beaux gestes de fraternité !

Le souvenir de Sikasso

Logement et restauration coûtent cher au Mali. Des confrères ont dû chercher un restaurant abordable au détriment d’un autre où ils s’étaient rendus premièrement. L’un d’eux, plus courageux y reste, mais regrettera sa décision. C’est ainsi que pendant le règlement de la facture, il n’hésite pas de lancer au gérant : "Vraiment, je paie mais je ne suis pas content", avant d’ajouter : "je vais au moins garder la facture pour souvenir". Eclats de rire du gérant !

Les vélos qui sauvent

Décidément, ce tour ne cessera de surprendre avec ses faits divers. A Houndé, un coureur angolais se voit lâché par son vélo à un kilomètre de l’arrivée. Un paysan lui permet de terminer sa course avec son vélo de fortune. A Koudougou, ce sont deux coureurs belges qui sont sauvés par deux femmes qui leur ont offert leurs vélos. Des gestes de fraternité fort salués par les visiteurs.

Rassemblés par A.L.G


Coureurs, dirigeants ...

A mi-parcours de ce 18e Tour du Faso, voici le bilan dressé par des acteurs de cette fête du cyclisme

Michel Lelièvre (coureur français) : Je trouve cette 6e étape (ndlr, Koudougou) impressionnante, surtout sur les 3 derniers kilomètres. Ce fut difficile. Je ne m’attendais pas à une telle route. A un moment donné, je me demandais si on allait finir ce parcours un jour. Je le voyais très long parce qu’éprouvant. Entre temps, j’ai vu la ligne d’arrivée. Je n’ai pas crevé comme les autres. Je retiens dans mon esprit de superbes images. Ce fut une aventure. Il fallait la vivre.
Sur l’ensemble de cette première manche, je tire mon chapeau aux coureurs burkinabè. Ce sont de très bons coureurs. Je ne m’attendais pas à les voir à un tel niveau. Franchement, ils prennent la course en main, ils la contrôlent. J’espère qu’ils pourront conserver le maillot jaune.

Abdul Wahab Savadogo (maillot jaune, Burkina Faso) : Cette 6e étape a été très difficile. Malgré tout, nous conservons le maillot jaune. S’il plaît à Dieu, nous ne perdrons plus ce maillot. L’étape la plus difficile était celle d’aujourd’hui (ndlr, celle de Koudougou). Je pense donc que le Burkina peut espérer garder ce maillot jusqu’ à la fin de ce Tour.

Jean Stablinski (Champion du monde en 1962 et encadreur de l’équipe La Porte du Hainaut, France) : L’étape de Koudougou me rappelle celle de Paris-Roubaix, Tour des Flandres. Ce n’est pas le même style. La preuve, c’est que c’est un Belge qui a gagné l’étape. Ils ont l’habitude de rouler sur ces portions. Il y a eu beaucoup de crevaisons. C’était la loi de la jungle.

Adama Diallo (Co-directeur du Tour de Faso) : Tout se passe bien dans l’ensemble. La course est très bien animée. Jusqu’à présent) aucun maillot n’est sûr. Tous les jours, il y a une remise en cause du maillot jaune, par exemple. Je peux donc dire que c’est une très belle course.
Cette année, contrairement à l’année passée, les Burkinabè se comportent très bien. Cela est dû au fait qu’il y a six d’entre eux qui ont été sérieusement préparés.

Joris Van Mechelen (Belgique, vainqueur de la 6e étape) : C’est ma première victoire de l’année. Je suis très content. C’était très dur, spectaculaire. La fin de la course a été dur pour tous les coureurs. Je suis très fier. Il y a de belles choses que je vois ici depuis le début de ce Tour. C’est impressionnant.

Jean Luc Lavoisier (Président du jury) : Je suis agréablement surpris par le comportement des coureurs africains. C’est dommage qu’ils n’aient pas encore gagné d’étape. Par contre, j’ai l’impression qu’ils ont un peu peur de gagner une étape,à l’image des Burkinabè. Ils ont un complexe face aux autres coureurs. A mon avis, il y a un problème de direction d’équipe. Par exemple, lors du circuit de Bobo-Dioulasso (ndlr, 5e étape), c’est un Burkinabè qui aurait pu gagner l’étape. Il va falloir que les Africains se frottent un peu plus aux Européens pour gagner encore en grade.

Quant à la discipline dans le peloton, il y a quelque chose qui se passe : un peu de poussettes, de tirage,etc. On va y remédier dès la 7e étape. Après 6 étapes, on enregistre une très bonne moyenne. C’est très bien. C’est une organisation générale qui me plaît beaucoup. C’est la première fois que je viens au Burkina.

Jean-Claude Hérault (Co-directeur du Tour) : Je voudrais tout d’abord dire que la 6e étape (Boromo-Koudougou) a apporté tous les enseignements au plan sportif. On s’est retrouvé sur les grandes courses internationales comme Paris-Roubaix sur Milan-San Remo. On a découvert aujourd’hui un élément très essentiel qui est la piste par rapport aux spécificités de l’Afrique et du Burkina Faso. On a ainsi un élément qui va distinguer cette épreuve des autres épreuves.
Le Tour est très animé. Il a plusieurs fois changé de leader. Pour un organisateur, il n’ y a pas de choses plus fortes que d’avoir ce genre de mise en scène. Cette édition du Tour du Faso est la plus animée depuis 2001, date du partenariat entre le Tour du Faso et le Tour de France. Pour nous, c’est vraiment fantastique.

Propos recueillis par Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le Pays

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