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Sommet de l’UA : Béchir, le président de la discorde

Publié le jeudi 14 juin 2012 à 03h54min

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Initialement prévu pour se tenir du 9 au 16 juillet 2012 au Malawi, le 19e sommet de l’Union africaine (UA) aura finalement lieu à domicile, c’est-à-dire à Addis Abeba, siège de l’institution ; cela, en raison du désistement des autorités de Lilongwe, qui ne veulent pas avoir à inviter dans leur pays Omar el-Béchir, le président Soudanais, sous le coup depuis 2009 d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour « génocide », « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre au Darfour ».

Le Malawi a ratifié le statut de Rome, fondateur de la CPI, ce qui le contraint en théorie à arrêter Béchir au cas où il viendrait à fouler son sol. Tel n’est pas le souci de l’Ethiopie.
L’inculpation de Béchir continue de diviser les chefs d’Etat africains : véritable président de la discorde, il oppose ceux qui sont pour cette mesure à ceux qui sont catégoriquement contre. Ces derniers trouvent que la CPI, dans sa démarche, en fait un peu trop, car depuis sa création, cette Cour ne fait qu’inquiéter des Africains, accusés de tous les péchés d’Israël.

On compte en effet à ce jour quatorze mandats d’arrêt émis par la Cour contre des ressortissants africains. Comme le pensent bien certains, « on a l’impression que la Cour pénale internationale ne vise que les Africains », et ils se demandent : « Cela signifie-t-il que rien ne se passe par exemple au Pakistan, en Afghanistan, à Gaza, en Tchétchénie ? ». Leur conclusion : « Ce n’est pas seulement en Afrique qu’il y a des problèmes. Alors pourquoi n’ y a-t-il que des Africains qui sont jugés par cette Cour ? ».

C’est bien connu, il existe une guerre latente entre la CPI et l’UA. Ainsi, l’organisation panafricaine, en 2008, s’était déjà élevée contre le mandat d’arrêt délivré par Luis-Moreno Ocampo à l’encontre du président Soudanais et avait même refusé de coopérer avec elle.
La CPI, de toute évidence, n’est pas à l’abri de toute critique. Loin s’en faut. L’avocat sénégalais Sidiki Kaba, qui a dirigé la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), n’y est pas allé du dos de la cuillère pour le signifier ; dans son livre intitulé « La justice universelle en question : Justice des Blancs contre les autres ? » (L’Harmattan 2010), il en relève les équivoques et les relents politiques.

Toutefois, cet argument, même s’il n’est pas dépourvu de logique, cache une attitude de bon sens : en optant de ne pas jeter la première pierre à el-Béchir, nombre de chefs d’Etat du continent veulent seulement éviter de créer un précédent qui pourrait leur être préjudiciable plus tard. Plusieurs d’entre eux traînent des casseroles et pourraient, à la fin de leur règne, être interpellés par la même CPI. La Cour ne demandant pas des comptes à l’aveuglette, et un criminel restant un criminel, plutôt que de chercher à protéger les autocrates de tout acabit, le gotha des dirigeants africains devrait les laisser aller tout simplement devant la Cour.

Par D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2012 à 14:08 En réponse à : Sommet de l’UA : Béchir, le président de la discorde

    Au dela de cette gueguere, reconnaissons tout de meme une verite. Meme si la CPI se met en retrait et laisse 20 ans a l’union africaine et toute sa kyrielle de chefs d’etats,la question Soudanaise ne sera jamais regle en bonne et due forme , pas plus que Bechir ne sera juge. Le gros probleme c’est que chaque chef d’etat agit en se disant que demain il pourrait etre vise. Dans ce sens, mieux vaut ne pas cautionner cette CPI. Prenons le cas Habre. Peut-on me dire qu’il y a une reelle volonte de juger ce criminel ? C’est beau de vouloir garder un peu de dignite et d’honneur en evitant que la justice des blancs ne vienne mettre son nez dans nos affaires bien a nous. Dans ce cas, que les Africains prouvent qu’ils sont bien en mesure de trainer des fouteurs de merde comme Bechir et Habre devant la justice. Malheureusement, on en est loin. La preuve, certains poussent l’outrecuidance jusqu’a voter des lois d’amnistie pour que certains chefs ne soient pas inquietes... La democratie ne nous a pas ete imposee. Si on choisit de l’appliquer, qu’on aille jusqu’au bout dans son exercice. Autrement, inventons un autre modele qui nous sied...
    PS : desole pour les accents, mais j’utilise un clavier qwerty.

  • Le 14 juin 2012 à 22:34 En réponse à : Sommet de l’UA : Béchir, le président de la discorde

    les européens et américains ne sont justes. ils traitent les africains avec mépris. ils ont menti pour bombarder l’Irak et y semer le chaos. le cas de la Lybie a été traité pour placer des hommes à leur solde et semer le chaos dans la région. de ce qui précède je pense qu’au delà d’une prétendue protection de sa personne, les chefs d’Etats africains ont raison de refuser que ce soit encore un ancien président africain que l’on traine à boue de la fameuse TPI.
    Qu’ils arrêtent d’abord Busch, Sarkozy

    • Le 14 juin 2012 à 23:06 En réponse à : Sommet de l’UA : Béchir, le président de la discorde

      Le jour qu’un chef d’Etat criminel bombardera toute ta famille,tu changeras bien d’avis.
      Tchurrrrrrrr

      • Le 15 juin 2012 à 22:43 En réponse à : Sommet de l’UA : Béchir, le président de la discorde

        DECLARATION DE LA FETAF SUR LE MAINTIENT DU SOMMET DE L’UNION AFRICAINE DU 09 AU 19 JUILLET2012.

        DECLARATION DE LA FETAF SUR LE MAINTIENT DU SOMMET DE L’UNION AFRICAINE DU 09 AU 19 JUILLET2012.

        FETAF

        FETAF

        Agence spécialisée de l’OUSA[1]

        Membre observateur à l’Union Africaine

        LE SOMMET DE L’UNION AFRICAINE EST MAINTENU : DU 09 AU 19 JUILLET A ADDIS-ABABA (ETHIOPIE) !

        Nous félicitons la décision de l’Union Africaine de maintenir le prochain sommet à la date prévue et de le délocaliser à son siège, à Addis-Ababa et ce, malgré les multiples manœuvres internationales d’intimidations et les pressions de la Cour Pénale Internationale. Nous saluons l’indépendance de l’instance panafricaine à travers son refus d’accéder aux diktats de la CPI et de ses alliés pour procéder à l’arrestation arbitraire et abusive du Président de la République du Sudan, Omar al-Bashir. Nous restons convaincus que cette mesure doit être suspendue et nous réitérons notre confiance à nos dirigeants pour exiger l’arrêt des poursuites. L’Union Africaine force ainsi le respect et démontre sa Solidarité envers un de ses membres, Président en exercice d’un état souverain. Ainsi, notre plus haute représentation pourra user d’un plus large champ d’action pour se pencher sur les problèmes réels qui gangrènent notre continent, afin de trouver les solutions adéquates pour que nos peuples vivent dans la paix et la prospérité auxquels chaque pays a droit...

        Pour la FETAF,

        Le Président Sidi Tidiane Gueye

        Paris, le 12 May 2012

        fetaf91@yahoo.fr

        59 bis rue Louis Joyeux

        91100 Corbeil Essonnes

        Tél : 00 33 1 75 66 47 39 - cel : 00 33 6 99 18 07 19

        [1] OUSA : Organisation de l’Unité Syndicale Africaine

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