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DISSOLUTION DU CNRDRE : Tour de passe-passe à Bamako

Publié le jeudi 14 juin 2012 à 03h55min

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La situation sociopolitique est plus que jamais confuse au Mali. Alors que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) chasse les ex-putschistes par la porte, le gouvernement malien les ramène par la fenêtre, s’il n’en fait pas un viatique indispensable pour une sortie de crise. En effet, il vient de mettre en place, le 12 juin dernier, une nouvelle instance dénommée : Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité (CMSRFDS) qui aura pour mission essentielle de redonner le moral aux troupes maliennes pour faire face aux différents groupes armés qui écument le Nord du pays.

Et, à ce qu’on dit, ce nouveau comité absorbera le CNRDRE (Conseil national pour le redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat) qui a renversé, le 22 mars dernier, le président Amadou Toumani Touré. Qu’est-ce qui se passe donc ? Car, on a tout lieu d’assister à un dialogue de sourds entre les autorités de Bamako et la CEDEAO qui avait clairement demandé, il y a peu seulement, la dissolution pure et simple du CNRDRE. Pourquoi donc le gouvernement de Modibo Diarra en a-t-il décidé autrement ?

Tout porte à croire, et il est peu de le dire, que la réalité du pouvoir est jusque-là détenue par le capitaine Sanogo qui, jour après jour, continue d’opérer sereinement des arrestations arbitraires au Mali. Si fait que Kati, si l’on en croit certains témoignages de défenseurs des droits de l’Homme, serait devenu un institut médicolégal à l’instar de la prison d’Abou Ghraib, du nom de ce tristement célèbre centre de détention où les prisonniers subissaient les pires formes d’exactions. Pour tout dire, Sanogo demeure le seul maître à bord à Bamako. Il y a créé un embrouillamini au point qu’on ne sait plus par quel bout prendre le dossier malien. Et les autorités de Bamako en sont conscientes.

C’est sans doute ce qui explique leur prudence. Elles ont coupé la poire en deux en dissolvant le CNRDRE comme l’a souhaité la communauté internationale, et en créant une nouvelle instance pour caser les ex-putschistes, histoire de tempérer leurs ardeurs. Un véritable tour de passe-passe qui, à dire vrai, dénote d’une realpolitik. Preuve qu’entre le discours et la réalité, il y a parfois un écart abyssal qui ne saurait être négligé.

Le gouvernement malien marche sur des œufs. Il ne veut exclure aucune force civile ou militaire dans le processus de sortie de crise actuel. Cela d’autant que les Maliens eux-mêmes, on se le rappelle, qui s’étaient offert en 1991 comme chair à canon pour débarquer le sanguinaire Moussa Traoré, du pouvoir, sont aujourd’hui divisés. Le sursaut patriotique qu’on était en droit d’attendre de ce peuple demeure encore une vue de l’esprit.

Boundi OUOBA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2012 à 13:44, par adama En réponse à : DISSOLUTION DU CNRDRE : Tour de passe-passe à Bamako

    je pense que la CEDEAO doit jouer la carte de la prudence vouloir purement simplement dissoudre le CNRDRE a mon avis na pas de sens,parce que la réalité du terrain est différent,cela peut paraitre anormale mais le capitaine sanogo détient le vrai pouvoir, et fait ce qu’il veut.
    je trouve trés normale la réaction du gouvernement de Modibo Diarra, car on veut pas vouloir aller a une paix reconquérir le nord en mettant a cote le CNRDRE et la société civil.

  • Le 14 juin 2012 à 14:51 En réponse à : DISSOLUTION DU CNRDRE : Tour de passe-passe à Bamako

    On comprend pourquoi le Médiateur a choisi pour les négociations de faire avec ces gens là. Ilsont les armes actuellement et ce n’est pas facile de zapper comme ça sur eux. Seule leur bonne foi permmetra de sortir le Mali de cet enfer qui dit pas son nom. La solution n’est donc pas de décréter par la force leur disparition de la scène mais de les amener à prendre conscience du mal qu’il causent à leur pays en restant dans l’optique de gérer le pouvoir. Blaise avait peut-être bien vu et compris cette réalité c’est pourquoi il semblait les ménager. Il flatter le fauve pour ôter ta main de sa gueule. On aurait tous aimé que par un ordre donné Sanogo et sa bande se mettent à l’écart ! Mais haya ! Vous voyez ! Même le gouvernement à Bamako fait semblant de respecter la décision de la CEDEAO, mais en réalité il s’est entendu avec les militaires pour qu’ils changent simplement de nom ! Courage à nous tous !

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