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Boubacar ZIDA "Sdnaaba" : "Mon film traite d’affaires en putréfaction"

Publié le vendredi 29 octobre 2004 à 07h25min

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Sidnaba

Homme de radio qu’on ne présente plus, Aboubacar ZIDA dit Sidnaaba, celui qui fait exploser l’audimat tous les matins avec sa revue de presse en mooré sur Savane FM, a aussi d’autres cordes à son arc.

A preuve, il vient de réaliser un film intitulé « La Cité pourrie II », une chronique des temps modernes qui mêle truculence, comédie, sérieux, voire tragédie. Nous l’avons rencontré pour parler de ce « miroir de notre société », des difficultés rencontrées dans sa conception, ainsi que bien d’autres sujets.

Vous venez de procéder à la projection de gala de votre film « La Cité pourrie II ». Pouvez-vous nous parler de son contenu ?

Boubacar ZIDA « Sidnaaba » (BZ) : Permettez-moi de remercier votre journal pour l’occasion qui m’est offerte de parler de mon œuvre.
Je voudrais d’abord m’excuser auprès de tous ceux qui d’une manière ou d’une autre se sentiraient visés après avoir visionné ce film. Ce n’est qu’une pure fiction dont l’idée m’est venue dans les années 1988. J’en ai d’abord fait un théâtre radiophonique en 104 épisodes en 1995. Les auditeurs de la défunte radio Energie puis de Savance FM s’en souviennent du reste. C’est l’adaptation de ce théâtre radiophonique qui a donné « La Cité pourrie » que nous avions intitulée au départ « La Cité des singes ». Nous avons changé le titre parce que de grandes productions hollywoodiennes s’appelaient déjà ainsi.

Aussi, nous nous sommes rendus compte que nous traitions d’affaires en putréfaction, d’où ce nouveau titre.
C’est une œuvre collective où nous dénonçons les maux tels-que la corruption, les trafics d’influence, les intrigues et coups bas, bref, la mal gouvernance économique et politique. Tout cela sur un ton badin et sérieux à la fois.

Combien vous a coûté ce film et quels sont les partenaires qui vous ont accompagnés, ainsi que les difficultés rencontrées ?

B.Z : Je ne peux pas en tant que tel vous parler de coût car la plupart de mes acteurs étaient des bénévoles qui n’ont signé aucun contrat. Voilà pourquoi je parlais tantôt d’œuvre collective. Bien sûr, certains appareils et accessoires étaient payants, mais, la plupart des décors dans lesquels nous avons tourné ainsi que le matériel roulant, le mobilier… nous ont été gracieusement offerts.
Néanmoins, nous avons fait une estimation de ce qui est déjà monté, à savoir les dix premiers épisodes, qui nous donnent à peu près 50 millions de francs CFA. La principale difficulté résidait dans le fait que je découvrais le monde du cinéma, ce qui a occasionné quelques couacs.

Pour en revenir au film proprement dit quelles en sont les principales têtes d’affiche ?

B.Z : Concernant le recrutement des acteurs on n’a pas fait de casting. Pour la plupart, ce sont les acteurs du théâtre radiophonique que j’ai repris. Il y a aussi des amis que j’ai recrutés, mais au finish, je tiens à souligner que leur travail m’a vraiment comblé.

Est-ce à dire donc que vous envisagez de compétir à certains festivals, particulièrement le FESPACO ?

B.Z : Dès le premier jour de tournage, j’ai tenu à préciser à mes compagnons que le film était essentiellement destiné au public. Je reste convaincu que le film plaira au public car chacun se retrouve dans une scène ou dans une autre. Mais, il y aura beaucoup de critiques de la part des professionnels, en raison des imperfections techniques.
Mon souci reste cependant la satisfaction du public, car, comme on dit, « vox populi, vox Dei ». Par ailleurs, nous avons contacté certaines chaînes de télévision pour une diffusion éventuelle du film.
Les échos que nous recevons sont très favorables.

Vous êtes aussi un homme de radio, et votre chaîne Savane FM vient de fêter ses cinq ans. Sous quel signe avez-vous placé cet anniversaire et quelles sont vos perspectives d’avenir ?

B.Z : Nous avons placé ce moment important sous le signe de l’affirmation de soi. Lors du lancement de la chaîne, nous avons opté de faire de la radio de proximité. Cela nous a amené au regard de la caractéristique linguistique de notre zone d’émission à privilégier la langue mooré. Il ne sert à rien de parler une langue qui échappe à la majorité des auditeurs. Cela m’offre l’occasion de dire à propos des perspectives que c’est la même tactique que nous allons adopter lors de notre implantation progressive à travers le territoire national. A Fada nous allons privilégier le gulmancéma, à Dori le fulfuldé, à Bobo le dioula, etc.

Cette politique nous a valu des critiques infondées, car, cinq ans après, on constate que le public est satisfait. Sans nous jeter des fleurs, nous sommes l’une des radios les mieux écoutées à Ouagadougou.
Nous restons à l’écoute de nos auditeurs pour améliorer nos programmes afin de ne pas dormir sur nos lauriers.

Homme de radio, cinéaste, conteur, etc., Sidnaba a plusieurs cordes à son arc. Quel est votre secret ?

B.Z : Dans la vie, le seul secret c’est le travail. C’est grâce au travail et à la persévérance que j’ai pu devenir le chroniqueur de radio que je suis, ainsi que le cinéaste, l’homme de théâtre, etc. Par essence, je n’étais pas destiné à cela, car comme tout fils d’agriculteur n’ayant pas fait de longues études, j’étais destiné à la terre. Du reste, j’ai toujours un pied dans l’agriculture, et, en raison de mes multiples activités je me lève tous les jours à quatre heures du matin. C’est le lieu pour moi de remercier tous ceux qui m’ont aidé à réaliser mon film, ainsi que tous ceux qui ont contribué à faire de moi ce que je suis.
Sans être exhaustif, je citerai Fernand Guetabamba OUEDRAOGO, ainsi que tous les acteurs du film. Je n’oublie pas des notabilités comme El Hadj Oumarou KANAZOE et bien d’autres. Une pensée particulière aussi à mes parents. Que Dieu les ait tous en sa sainte garde, en ce mois béni de Ramadan.o

Interview réalisée par Alpha YAYA
L’Opinion

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