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Côte d’Ivoire : Qui veut renverser ADO ?

Publié le jeudi 14 juin 2012 à 03h54min

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L’audience de confirmation des charges pesant contre Laurent Gbagbo n’aura plus lieu le 18 juin, comme initialement programmée, mais le 13 août 2012 à la Cour pénale internationale (CPI). N’empêche, les suites de la crise postélectorale ivoirienne restent sous les rampes de l’actualité ces derniers temps avec les attaques perpétrées par des bandes armées dans la zone frontalière avec le Liberia. Celles-ci ont fait en fin de semaine dernière 18 morts, dont 7 Casques bleus nigériens. Alors qu’on en était toujours à épiloguer sur les auteurs de cette expédition meurtrière ainsi que sur leurs motivations, voilà que Moïse Lida Kouassi, ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, a été arrêté à Lomé puis extradé illico presto à Abidjan.

Et on apprend également que les autorités ivoiriennes ont déjoué une tentative de déstabilisation du pays que préparaient certains anciens dignitaires du pouvoir Gbagbo aujourd’hui réfugiés au Ghana et dans d’autres pays de la sous-région. Sur les antennes de la RTI (Radio télévision ivoirienne), le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, a soutenu la thèse du complot, et Lida Kouassi est passé aux aveux en faisant par ailleurs publiquement acte de contrition.

Alors, y avait-il vraiment une tentative de déstabilisation de la Côte d’Ivoire ? Les autorités d’Abidjan l’avouent, la main sur le cœur. Ce qui est sûr, les images foisonnent sur le net, images supposées provenir des services secrets ivoiriens. Et c’est là qu’on ne peut manquer de s’interroger sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. En effet, quelle est cette fâcheuse manie d’enregistrer les préparatifs d’un coup de force et même de préenregistrer la première déclaration qui sera diffusée sur les antennes une fois le forfait perpétré ?

Le pays d’Houphouët est pourtant coutumier du fait. On se souvient du général Mathias Doué qui donnait rendez-vous pour un putsch sur les ondes de RFI (Radio France internationale). On a aussi en mémoire le film « Manipulations sous haute surveillance » où l’on montre les IB (Ibrahim Coulibaly) en train d’échafauder un coup de force. Ces deux épisodes ont vite fait long feu puisque n’ayant pas eu de suite. Alors on pouvait s’attendre à ce que désormais d’éventuels putschistes fassent preuve de plus de discrétion.

Des tentatives de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, on en parle depuis que le camp d’Alassane Ouattara a pris le dessus sur celui de Gbagbo, tant il est vrai que les camarades de l’enfant de Mama n’ont jamais fait le deuil de leur défaite. Toutefois, le mode opératoire choisi par les apprentis-putschistes tel qu’étalé sur les antennes de la RTI laisse perplexe plus d’un. Ne serait-ce pas des dilettantes en mal de publicité ou des comparses de service ?

Une chose est en tout cas sûre, pour ceux qui aiment leur pays, un putsch aujourd’hui en Côte d’Ivoire serait des plus inopportuns. Ce n’est pas en plongeant à nouveau le pays dans l’aventure qu’ils changeront quelque chose au sort de leur champion Gbagbo devant la CPI. Militairement également, il est difficile que des velléités de déstabilisation puissent prospérer tant que l’ONUCI sera toujours là pour veiller au grain. Tout au plus assisterons-nous à des opérations de harcèlement pour empêcher ADO de gouverner le pays dans la sérénité.

Au total, tentative avérée ou montage de toute sorte, cette affaire a le mérite d’attirer l’attention du président ivoirien sur la situation de ces compatriotes réfugiés dans la sous-région. Plus que jamais, il doit leur tendre la main pour les faire revenir dans la république, car mieux vaut les avoir dedans, crachant dehors, que dehors crachant dedans.

En effet, tant que ces hommes seront hors des frontières ivoiriennes, il est évident qu’ils constitueront toujours une menace, si minime soit-elle, pour la stabilité du pays.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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