LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Nord-Mali : Force de l’argument ou argument de la force ?

Publié le lundi 11 juin 2012 à 01h41min

PARTAGER :                          

A la suite de l’injonction que l’ex-junte "soit immédiatement dissoute et se retire complètement de la gestion de la transition", faite par le Groupe de soutien et de suivi de la situation du Mali (CEDEAO, Union africaine et ONU) le 7 juin à Abidjan, le gouvernement malien de transition, lui, a annoncé, tout aussi immédiatement deux jours après, ce qui suit : la création d’une nouvelle structure, pas encore dénommée, qui comprendra des membres de l’ex-junte, des éléments de la société civile et des représentants des partis politiques, dans laquelle le CNRDRE est censé se saborder ; cela, parce que, face à la capacité d’empêcher de tourner rond ou de nuisance de l’ex-junte, Cheick Modibo Diarra et ses ministres préfèrent jouer la carte de la prudence, en considérant toujours les militaires comme des acteurs de la transition, mais désormais à titre uniquement consultatif, puisque la nouvelle structure devrait avoir un tel statut.

En somme, on espère ainsi ménager à la fois la chèvre Sanogo et le chou Dioncounda, déjà quelque peu brouté malgré les soutiens seulement officiels de la CEDEAO, de l’UA et de l’ONU.

En chat échaudé par la bastonnade du président de la transition qiu craint l’eau froide, Hamadoun Touré, porte-parole du gouvernement malien, n’a pas tort de refuser même de prononcer le mot "dissolution" du CNRDRE, préférant s’en remettre à sa dilution dans la nouvelle structure. En effet, en l’absence de la force d’attente de la CEDEAO pour sécuriser les institutions de la transition, qui serait téméraire pour caresser l’ex-junte à rebrousse-poil ?

La nouvelle structure envisagée par le gouvernement malien semble être la solution du juste milieu, d’autant que, si au sein du CNRDRE, dit-on, on rejette toute idée de dissolution, on serait, en revanche, prêt à se soumettre à la volonté gouvernementale pour peu que soient prises en compte les préoccupations de l’ex-junte : la préparation de la reconquête du nord du pays et la refonte de l’armée.

L’Union africaine s’apprête à saisir l’ONU pour obtenir son appui à une intervention militaire dans le nord du Mali, ont également annoncé jeudi à Abidjan les représentants des Nations unies, de l’UA et de la CEDEAO. Alors que la première rencontre entre le médiateur dans la crise malienne, Blaise Compaoré, et le MNLA a eu lieu samedi pour "préparer les conditions et les modalités du dialogue" selon le chef de la diplomatie burkinabè, c’est à se demander si c’est par la force ou par la négociation que la communauté internationale entend résoudre le problème nord-malien. A moins que, pour forcer à une solution négociée, elle brandisse l’utilisation de la force comme solution au problème !

Sans doute faut-il comprendre ainsi l’appel de chefs d’Etat de la CEDEAO, réunis mercredi à Lomé, à poursuivre les négociations avec les mouvements armés "à l’exclusion des groupes terroristes" et leur décision de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU en vue d’une éventuelle intervention militaire.

Ahl-Assane Rouamba

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique