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Grands prix nationaux : Faiblesses de l’Etat, responsabilités des artistes

Publié le vendredi 29 octobre 2004 à 07h24min

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L’initative des différents grands prix institués par le ministère de la Culture, des arts et du tourisme est salutaire pour les artistes. Tremplin de choix pour révéler des chanteurs, écrivains, comédiens, ou autres, le Grand prix national a mis nombre d’artistes sur orbite.

Bil Aka Kora, Kanzaï, Maï Lingani pour ne citer que ceux-là, ont bénéficié de cette fenêtre grandement ouverte par le ministère de la Culture pour échapper à l’anonymat dans lequel végètent encore certains artistes qui, bien que talentueux, n’ont pas encore eu le bonheur d’exploser sur la grande scène. Dans les autres disciplines, plusieurs hommes et femmes ont également saisi la perche tendue par les Grands prix, pour se faire un nom. Cependant, la réalité devrait imposer un redimensionnement de ces grands prix. Seront-ils éternellement de simples podiums sur lesquels s’exprimeront des artistes juste le temps d’un spectacle, d’une soirée culturelle ou d’une compétition médiatisée ?

En dehors des prix en espèce qui récompensent les plus méritants, quelles sont les opportunités de promotion qu’offrent les Grands prix nationaux ? Le ministère de la Culture arrose-t-il la graine semée et entretient-il la plante afin qu’elle s’épanouisse et porte des fruits ?
Il faut reconnaître que le ministère en charge de la Culture s’est constamment attelé à accompagner les artistes dans leur carrière en les soutenant d’une manière ou d’une autre.

Toutefois, l’on ne saurait occulter que des efforts restent à faire, même si la lutte contre la piraterie, la réalisation de clips, les ateliers et réflexions pour rendre concret le statut de l’artiste, les aides ponctuelles pour l’organisation de spectacles, etc., sont, entre autres, des appuis qu’apporte le ministère de la Culture à ses protégés. Du reste, les artistes ont toujours reconnu ces efforts constants déployés par leur département de tutelle. C’est dans cette logique qu’ils remercient ce ministère grâce à qui le Burkina Faso bénéficie depuis quelques années de l’appui de l’Union Européenne par le biais du Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées (PSIC).

S’il faut louer la présence effective du PSIC sur le terrain et sa rigueur dans la sélection des dossiers qui lui sont soumis, on ne saurait omettre le fait qu’un excès de rigueur peut parfois être préjudiciable à des artistes qui ne sont pas très au fait des conditionnalités de l’institution. D’autres goulots d’étranglement comme le chantage d’opérateurs culturels exerçant dans les localités éloignées de Ouagadougou, constituent des freins au processus d’aide aux artistes.

En sus donc des espèces sonnantes et trébuchantes, le ministère pourrait bien offrir comme prix, aux musiciens par exemple, la réalisation de leur première oeuvre avant d’essayer de les guider dans la promotion, à travers diverses actions. Tous les artistes ne pourront certainement pas être pris en charge par le ministère de la Culture ou ses démembrements. Cela est d’autant plus invraisemblable que les artistes sont nombreux et que les oeuvres qu’ils essaient de mettre sur le marché ne sont pas toujours de la première qualité. Or le public est très exigeant et ne saurait point acheter des livres, des cassettes ou des tableaux, par simple esprit patriotique ou par philanthropie.

La culture est devenue une véritable industrie qui devrait pouvoir nourrir son monde. De nos jours les mécènes ne courent plus les rues et ceux qui s’adonnent au mécénat ne le font que lorsqu’ils sont convaincus des dividendes qu’ils en tireront. La recherche du profit étant la chose la mieux partagée dans un environnement où l’argent prend le dessus sur les valeurs, la vie devient encore plus compliquée pour les artistes.

Le Pays

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