CRASH D’AVION AU NIGERIA : Il ne manquait plus que ça !
Le ciel semble tomber sur la tête de Goodluck Jonathan. Son pays réunit deux faits lugubres dont la presque concomitance devait donner à lui et à son staff plus de matière à réfléchir. En effet, au drame de l’attentat à la voiture piégée qui s’est soldée par une dizaine de morts au Nord-Est du pays, s’est ajouté un crash d’avion faisant une centaine de morts. Il ne manquait plus que ce dernier épisode pour que ce qui ressemble fort à une série noire atteigne son noeud. Les attaques intercommunautaires, perpétrées généralement sous la bannière de la tristement célèbre secte Boko Haram, sont monnaie courante au point que très peu s’étonnerait d’en entendre parler. Tout comme le crash d’avion de dimanche dernier avec son hécatombe, serait classé dans l’ordre habituel des accidents d’avions, si un fait similaire ne parlait pas contre un système aéronautique nigérian visiblement défaillant.
En effet, pas plus tard que le samedi, la veille du drame de Lagos, un autre avion-cargo d’origine nigériane, manquant sa piste d’atterrissage, a percuté un minibus à Accra, faisant ainsi une dizaine de morts. Le constat qui s’impose est que jusqu’ici, ce ne sont que des compagnies aériennes privées qui endeuillent les familles. Comment s’empêchera-t-on alors de croire que la corruption que l’on sait endémique au Nigeria a finalement gangrené un secteur aussi sensible que celui de l’aéronautique au point d’y favoriser le laxisme et le laisser-aller ? Ces derniers épisodes dramatiques posent la lancinante question : le géant d’Afrique au pied d’argile est-il condamné à patauger dans des eaux glauques malgré ses immenses richesses ou viendra-t-il un jour où il dénouera, une fois pour toute, l’intrigue d’un si long tragique récit ?
En tout cas, il y a de quoi craindre pour ce pays quand on sait surtout qu’au problème de la mal gouvernance qu’il peine à résoudre depuis belle lurette, s’ajoute la menace islamiste qui met son unité à rude épreuve. D’ailleurs, l’une se sert de l’autre comme terreau fertile car il est difficilement pensable que des salafistes infiltrent une société gouvernée selon les règles de l’art démocratique. En tout état de cause, ces séries d’incidents, aussi meurtriers les uns que les autres, montrent à l’envi que la restauration d’une paix durable dans ce pays doit passer nécessairement par le rétablissement de l’ordre social, le combat contre la mal gouvernance politique et économique. Gageons que dans l’immédiat, des mesures énergiques seront prises par les autorités nigérianes pour mettre hors d’état de nuire, ces compagnies aériennes de la mort.
Boulkindi COULDIATI
Le Pays