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MOUSSA DABO (ONACOM-B) : « Il y a beaucoup de faux commerçants au Burkina »

Publié le mardi 29 mai 2012 à 01h25min

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Moussa Dabo, secrétaire général de l’ONACOM-B (Organisation nationale des commerçants du Burkina) n’a pas sa langue dans la poche. Il est aussi très actif dans le militantisme syndical. C’est donc tout naturellement qu’il était présent à la marche contre la vie chère, le 26 mai dernier, où il s’est prêté à nos questions.

« Le Pays » : Pourquoi avez-vous pris part à la marche contre la vie chère le 26 mai dernier ?

Moussa Dabo : Nous sommes sortis parce que les prix de l’essence, des vivres et autres denrées sont chers. Nous voulons que nos autorités pensent à cette population qui souffre. Tout est cher et il faut que l’Etat fasse quelque chose. Si nous restons sans bouger, le chef de l’Etat ne saura pas que son peuple a faim. Nous sommes donc sortis pour dire au président que nous avons faim et soif.

En tant que responsable syndical de commerçants, comment réagissez-vous aux critiques selon lesquelles la vie chère est entretenue par les commerçants ?

Notre participation à cette marche témoigne de ce que les commerçants ne sont pas à l’origine de la vie chère. La hausse des prix du carburant ne vient pas des commerçants. Or, cette hausse se répercute sur tous les autres produits. Sans oublier que nous payons des impôts, des taxes, etc. On ne peut acheter quelque chose cher et le revendre moins cher. Il faut que l’Etat remédie à cela. Sinon, tous les commerçants sont prêts à baisser les prix s’il y a des mesures d’accompagnement. Vous avez vu que lorsque l’Etat a subventionné les commerçants l’an passé, les prix des produits ont baissé. Nous sommes prêts à refaire la même chose.

Quels sont les problèmes que rencontrent vos membres dans le cadre de leurs activités ?

D’abord, nous souhaitons la réorganisation du commerce au Burkina. Les activités commerciales sont très désorganisées. Dans un pays où il n’y a pas de différence entre détaillants, demi-grossistes et grossistes, on ne peut rien contrôler. L’industriel vend en gros et au détail. En ce moment, ça ne va pas. Bien sûr qu’il y a une libéralisation du commerce, mais cela ne doit pas donner lieu à la pagaille. Il faut qu’on laisse les commerçants pratiquer leur commerce. A l’heure actuelle, il y a beaucoup de faux commerçants. Ils sont venus avec leurs milliards pour nous embrouiller. Cela fait que sur le terrain, les vrais commerçants ont de sérieux problèmes. Il y a des monopoles qui ne disent pas leur nom. Si l’Etat arrive à réorganiser le commerce, vous verrez que les prix baisseront.

Que pensez-vous des contrôles de prix et de qualité effectués par le ministère du Commerce ?

Nous ne sommes pas contre les contrôles. Mais nous disons que l’organisation du secteur doit précéder ces contrôles. Un fabricant et un petit commerçant qui vendent tous au détail ne peuvent pas appliquer le même prix. Dans les autres pays, le commerce est réglementé. Ici, le secteur d’activités est pris en otage par des gens venus avec leurs milliards. Ils se moquent des commerçants et du peuple. C’est pourquoi les produits sont chers et il y a toujours des problèmes. C’est vraiment très difficile. Tous les petits commerçants sont presque tombés en faillite. Plein de commerçants détaillants sont dans l’incapacité de rembourser les prêts contractés auprès des institutions financières et bancaires.

L’accès au crédit s’est-il amélioré ces dernières années pour les commerçants ?

Si le commerce n’est pas organisé, les commerçants ne peuvent pas travailler. Et celui qui prend un prêt dans ces conditions ne peut pas le rembourser. Plus de 90% des commerçants financés par le FASI et autres FAPE sont tombés. Les gens n’arrivent pas à pratiquer leur commerce car le fabricant est sur le marché pour vendre les mêmes produits que les détaillants. Il faut que l’Etat lutte aussi contre la fraude qui contribue à tuer notre économie. La plupart des grands importateurs ne dédouanent pas leurs marchandises. C’est de la concurrence déloyale.

Avez-vous des preuves de ce que vous dites ?

Cela peut se vérifier au niveau de la Douane. Elle peut vous donner la liste des grands opérateurs économiques qui dédouanent effectivement leurs marchandises. Nous ne pouvons pas dénoncer des gens. Nous voulons que l’Etat veille à cela car la survie même de notre pays en dépend. Vous savez que le secteur informel est un très grand pourvoyeur d’emplois. Mais s’il n’est pas organisé, le chômage ne peut qu’augmenter.

Propos recueillis par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 29 mai 2012 à 10:22, par Tiraogo En réponse à : MOUSSA DABO (ONACOM-B) : « Il y a beaucoup de faux commerçants au Burkina »

    La corruption est devenue une culture nationale. Même ceux qui défendaient farouchement l’honneur et la dignité sont allés s’asseoir à la table des rapaces. Les plus à gauche de la gauche d’hier, certains anciens CDR, naïfs mais honnêtes, qui se sont battus pour l’intégrité des hommes et leur culture, se retrouvent aujourd’hui déboussolés. Ils ont encore envie de croire à quelque chose comme ce pauvre Dabo ; mais leurs anciens camarades préfèrent les achever aux yeux de l’opinion, en les qualifiant de "aigris ou jaloux".
    Poser la question à monsieur Dabo, qui ne paie pas la douane fait sourire le commun des mortels.
    - Croyez-vous que les ministres-commerçants pays la douane ?
    - Croyez-vous que les commerçants libanais, syriens et autres qui détiennent en partie le pouvoir paient la douane ?
    - Croyez-vous qu’Alizète Gando et ses grands amis paient la douane ?
    - Croyez-vous enfin qu’il y a un douanier chérif au Burkina pour réclamer des comptes à tout ce monde ?
    Le REN-LAC aboie et la corruption passe. Nous ne sommes pas loin de décrocher la palme d’or du pays le plus corrompu au monde.

  • Le 29 mai 2012 à 13:20, par ursula En réponse à : MOUSSA DABO (ONACOM-B) : « Il y a beaucoup de faux commerçants au Burkina »

    Bien dit, Tiraogo.

  • Le 29 mai 2012 à 13:40 En réponse à : MOUSSA DABO (ONACOM-B) : « Il y a beaucoup de faux commerçants au Burkina »

    Lorsque l’état a subventionné les produits de première nécessité l’an passé, les commerçants en ont profité et on maintenu ces produits aux mêmes prix voire plus chers. Ne nous saoulez pas, M. DABO !

  • Le 29 mai 2012 à 13:47, par tonnerre En réponse à : MOUSSA DABO (ONACOM-B) : « Il y a beaucoup de faux commerçants au Burkina »

    Le commerce et la politique riment au Faso. Oui, ça répond à la géopolitique. Avant, c’était les yadsés (les gens de Ouahigouya) qui passaient les maîtres dans le commerce. Mais aujourd’hui, à la faveur de la pourriture du régime compaoré tout le monde est devenu commerçant. Pire, on a fait et fabriqué de nouveaux types de commerçant sans foi, ni loi : ils s’en foutent des impôts et autres taxes. On escorte leur marchandises depuis la frontière pour les faire rentrer. Ces genres de commerçants à leur tour, finances la campagne, parrainent les cérémonies, pardon, les coupes et que sais-je encore. Qui avait le monopole du riz avant ? Et qui a le monopole du riz aujourd’hui ? c’est l’Oubritenga, le bayiri de l’autre. Une autre question. Qui est actionnaire à la PETROFA ? DIAMOND CEMENT, WILL TELECOM ? Ce sont les hautes autorités administratives de ce pays.Donc, l’augmentation des produits de grande consommation arrange toutours les mêmes qui décident de leur hausse, comprenez,les autorités du pays. En clair, il faut sécouer le cocotier pour séparer l’ivraie du bon grain, le vrai commerçant du commerçant de situation.

    • Le 29 mai 2012 à 14:45 En réponse à : MOUSSA DABO (ONACOM-B) : « Il y a beaucoup de faux commerçants au Burkina »

      Tonnerre, tu es sûr de ce que tu dis à propos du riz ? Parce qu’il n’y a pas de monopole sur l’importation du riz ; alors évite de stigmatiser les ressortissants de l’Oubritenga ; j’aime pas cette façon de penser

      • Le 29 mai 2012 à 17:07, par Wendkouni En réponse à : MOUSSA DABO (ONACOM-B) : « Il y a beaucoup de faux commerçants au Burkina »

        Quitte labas toi tu ne sais pas qu’il y’a un monopole sur le riz. Le monopole n’est pas seulement d’être seul importateur c’est aussi être celui qui fait entrer une quantité importante de produits sans passer à la caisse des douaniers alors que les autres font entrer des quantités moins importantes mais passe à la caisse de la douane sans pitié.

        Bon arrêtons de parler beaucoup il faut que l’état se réveil et prenne des mesures fortes et concrètes sinon on aura un printemps Burkinabé. C’est trop la souffrance du peuple.

        Il est urgent de casser tout les monopoles d’exiger la douane à tout les importateurs et encourager les exportateurs car c’est ça le vrai problème : Un pays ne peut pas vivre uniquement d’importation.
        Il faut encourager "le made in burkina" et "le made by burkina" qui feront naître des entreprises et des produits "made for Burkina and the world"

        J’espère que le gouvernement prend la mesure de la dangerosité de cette situation de vie chère.

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