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AFFAIRE BICTOGO EN COTE D’IVOIRE : Pour des acteurs politiques plus propres en Afrique

Publié le jeudi 24 mai 2012 à 02h11min

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L’Afrique change-t-elle dans la bonne direction ? Des indices en tout cas de bonne gouvernance sont visibles au sein de la nouvelle classe politique. Particulièrement au Sénégal et en Côte d’Ivoire d’où émane une certaine fraîcheur, suite à l’installation de nouvelles autorités. En Côte d’Ivoire, existe désormais un code d’éthique gouvernemental, avec pour souci une tendance à la transparence. Dans le sens du respect des engagements pris devant les électeurs, il s’agit d’un point important sur le chemin de la démocratie. Il est peut-être salutaire d’en disposer. Encore faut-il en respecter les clauses.

Au Sénégal, le président Macky Sall a fait publier la liste de ses biens, et entrepris des actions pour rendre moins pénible la vie des populations. ADO, lui, est en retard sur la publication de son patrimoine. Sans doute, prépare-t-il sa liste avant soumission. Il sait qu’elle est vivement attendue, et qu’elle sera bien scrutée. Aux électeurs, les nouveaux gouvernants avaient promis d’adopter des comportements modèles. En Côte d’Ivoire, Adama Bictogo, cité dans les dossiers de la police économique d’Abidjan, a fini par démissionner. On lui reproche des choses en rapport avec la gestion nébuleuse des fonds destinés à indemniser les victimes des déchets toxiques. Il aurait, à travers son cabinet-conseil, indûment touché la somme de 600 millions de CFA.

L’homme politique, susceptible d’être accusé de détournement de deniers publics, tient à se faire entendre du juge saisi du dossier. En démissionnant, Adama Bictogo a voulu se montrer honnête envers lui-même, les siens et la justice. Cette démission, consécutive ou pas à des pressions, est conforme aux engagements pris, donc à l’éthique. Cela est remarquable. Ce cas montre qu’il n’est pas aussi facile de trouver des acteurs politiques propres, du moins parmi ceux qui font figure de gens expérimentés, ou même de fidèles partisans. D’où l’importance de s’ouvrir aux candidatures indépendantes.

Dans l’affaire des déchets toxiques, l’information a circulé, l’opinion publique, les médias, la société civile, étant aux aguets. Résolus à défendre leurs droits, les citoyens exigent d’être bien informés. Assurément, il y a en chacun un moment de révolte intérieure. D’où ces exigences de probité vis-à-vis de soi et de la classe dirigeante. En alertant l’opinion, les médias ont contraint les pouvoirs publics et l’intéressé à passer à l’action. Sans leur rigueur et leur vigilance, le dossier qui date de quelques années, aurait-il réapparu ? A la justice de jouer sa partition.

Maintes fois, ADO s’est dit déterminé à faire respecter le code d’éthique signé de chaque membre du gouvernement. Il a tenu parole. Qu’il poursuive dans cette voie ! En attendant l’issue d’un éventuel procès, on peut saluer son action. Ce continent a soif d’une classe politique propre, patriote, ouverte et déterminée à bâtir un présent viable et un futur beaucoup plus prospère. Une politique volontariste d’ouverture, de transparence et de probité, à l’exemple de ce que tentent d’imposer ADO et Macky Sall, pourrait favoriser l’émergence d’une classe de dirigeants de type nouveau. L’Afrique a trop souffert du manque de transparence, de l’irresponsabilité de sa classe dirigeante et de l’impunité. Une stratégie de nettoyage de la classe politique s’impose.

Il faut éviter que la mauvaise graine ne s’installe et prolifère partout dans l’appareil d’Etat. En plus des organes de contrôle, on pourrait doter les pays africains de structures de filtrage avant les nominations. Il faut enquêter, en amont, pour s’assurer de la probité des candidats à différents postes publics (au sein du gouvernement, postes électifs, etc). Des exemples existent, qui peuvent inspirer. L’Afrique peut s’inspirer du modèle américain, à ce jour l’un des meilleurs, en matière de procédure de nomination politique.

Nul n’ignore le parcours du combattant qui attend le candidat potentiel à un poste public aux Etats-Unis. Rares sont ceux qui parviennent à échapper aux fourches caudines des élus américains chargés de scruter les candidatures. Le président doit parfois malgré lui, se débarrasser d’un proche pour ne pas subir le courroux des électeurs. Chacun respectant les règles du jeu, la gestion des affaires de l’Etat ne peut que s’en porter mieux. Certes, le contexte africain est complexe. Certains se croiront toujours au-dessus des lois. Sur ce continent, en effet, les chefs d’Etat ont toujours été très puissants. Sans aucun égard pour la Constitution, encore moins les principes et les valeurs chers à ceux qui les ont élus, ils se sont toujours arrogé tous les droits. Plus pour longtemps, il faut le souhaiter.

Au seuil de leur premier mandat respectif, deux chefs d’Etat nouvellement installés, sont en train d’écrire une belle page d’histoire politique : Alassane Dramane Ouattara, en Côte d’Ivoire, et Macky Sall au Sénégal. Prenant la classe politique africaine de court, ils ont emprunté le chemin périlleux de la transparence et de la lutte contre l’impunité. Les actes posés par les deux hommes sont trop rarissimes en Afrique pour ne pas être célébrés. Ils contraignent les autres par l’exemple. Une autre classe dirigeante africaine est donc en émergence. Sachant les projecteurs désormais braqués sur elle, elle pourrait obliger les élites à respecter leurs propres engagements, à faire preuve de probité vis-à-vis de la chose publique. Cet élan doit être encouragé. Mais il a aussi besoin d’être encadré.

Car, la question de l’immunité reste toujours posée dans plusieurs pays du continent. Le mandat politique ne doit plus servir de couverture. Paradoxalement, « l’affaire Bictogo » qui défraie présentement la chronique en Côte d’Ivoire, montre aussi que l’Afrique avance. Péniblement peut-être. Mais elle avance sur le dur chemin de la démocratie. Les exemples venus des bords de la Lagune Ebrié et de la presqu’île de Dakar, donnent des raisons d’espérer. L’élite politique doit s’assumer. Irrémédiablement. Pour reconquérir l’électorat désabusé.

« Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 24 mai 2012 à 18:57 En réponse à : AFFAIRE BICTOGO EN COTE D’IVOIRE : Pour des acteurs politiques plus propres en Afrique

    Adama BIGTOGO, c’est vraiment dommage ! Si vous aviez remboursé les 600 000 000 millions immédiatement à l’huissier de justice qui vous a tendu un relevé d’identité bancaire, cette démission aurait pu être évitée. Et le Président OUATTRA aurait pu vous aider à rembourser cette somme indûment perçue...
    Maintenant il faut quand même rembourser tout ce qui a été détourné pour éviter la prison et je vous invite à le faire immédiatement car certaines victimes sont déjà morts. Les survivants n’ont même pas les moyens de se soigner et souffrent énormément. N’en parlons pas de leurs enfants dont ils n’arrivent plus à assurer la scolarité.

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