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MALI : Quand l’histoire s’emballe

Publié le mercredi 23 mai 2012 à 03h08min

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Des pro-putschistes et autres « conventionnistes » persistent et signent en tenant, comme si de rien n’était, leurs assises pour sortir de leur chapeau un président, leur président, en vue de conduire la transition. C’est un acte de défiance d’une rare violence, lancé non seulement à la CEDEAO, mais aussi à toute la communauté internationale. Assurément, l’histoire s’emballe au Mali et il faut craindre des lendemains de braise et de pleurs pour ce pays jadis paisible et paré de gloire. On croyait le Mali divisé en deux. Désormais, avec les « Conventionnistes », le pays de Soundiata Keita est divisé en trois. Si on n’y prend garde, ce sera un pandémonium sinon une pétaudière dont nul ne peut prédire ou entrevoir l’ampleur des effets maléfiques. On est en droit de se demander si ces « Conventionnistes », ces pro-putschistes aiment le Mali.

Publié le mardi 22 mai 2012
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Ils continuent d’enfoncer le pays comme si celui-ci ne souffrait pas suffisamment déjà du syndrome islamisme au Nord. L’on en vient à se demander s’il faut abandonner ce pays à son sort ou s’il faut le prendre totalement en main, avec le bordel que l’on vient de vivre au palais de Koulouba. C’est la première fois, de mémoire d’Africain, que des manifestants, en civil, passent tous les barrages militaires, investissent un palais présidentiel et molestent un président de la République, fût-il président de la transition. C’est un véritable affront à l’image du pays, une insulte aux institutions de la République que la CEDEAO peine à rétablir définitivement. A titre personnel, pour Dioncounda Traoré, c’est une humiliation. Les manifestants qui le récusent n’ont pas eu peur de l’agresser malgré son titre de président de la République. C’est la preuve du peu de considération qu’ils lui portent mais, au-delà, à sa fonction. L’heure est grave car les auteurs de cette agression inédite d’un chef d’Etat viennent de montrer jusqu’où ils sont prêts à aller. Cette défiance de l’autorité ne saurait rester impunie. Ce serait accorder une prime à tous les fauteurs de troubles et à tous les apprentis-sorciers qui veulent se nourrir de cet intermède dans la vie politique du pays pour assouvir leurs noirs desseins. Les institutions républicaines ont l’occasion cette fois d’affirmer leur existence en arrêtant et en poursuivant devant les juridictions compétentes, les auteurs de l’agression du président. Il faut rapidement siffler la fin de la récréation qui n’a que trop duré. Dioncouda avait déclaré que si sa personne était un obstacle, il démissionnerait après ses quarante jours au pouvoir. Cet incident est un appel du pied de ses adversaires. Mais démissionner dans les circonstances actuelles rendrait-il service au Mali ? Dioncounda doit assumer sa fonction pour laquelle il a été officiellement mandaté. Et mieux, il tient là une belle opportunité de demander assistance aux forces de la CEDEAO. Le capitaine Sanogo, avec son statut d’ancien chef d’Etat, n’a plus rien à dire en théorie, puisque lui et ses hommes n’ont pas pu protéger le président. Autant la République du Mali est en danger avec l’occupation de son septentrion par les rebelles du MNLA et de AQMI, autant il est en danger à Bamako où l’ordre républicain est en train de foutre le camp. Les proputschistes, avec la bénédiction du capitaine Sanogo qui a ouvert le bal le 22 mars dernier, ont désormais pignon sur rue. Ils dictent leurs conditions à la CEDEAO et à ce qui reste des démocrates maliens. Ils l’ont fait une première fois en accédant aux revendications de la junte : amnistie pour les membres de la junte, statut de chef d’Etat pour le capitaine Sanogo. Cette fois, ils vont certainement demander la tête de Dioncounda. La CEDEAO va-t-elle encore succomber aux sirènes des putschistes, de cette minorité bruyante et violente ? L’intensité dramatique a atteint son paroxysme, l’heure n’est plus aux tergiversations. L’autre camp, celui des insensés, a déjà déclaré la guerre.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 mai 2012 à 14:05 En réponse à : MALI : Quand l’histoire s’emballe

    c’est quand même honteux pour des hommes qui se disent patriotes d’attenter à l’intégrité physique de leur chef d’état en activité. Pauvre Mali. Pendant que le pays est divisé les courageux ne veulent pas aller au front mais plutôt préfèrent le pugilat avec leur président de la république.

  • Le 25 mai 2012 à 15:20, par Elecktra En réponse à : MALI : Quand l’histoire s’emballe

    Moi je voudrai dire tout simplement que si aujourd’hui le mali est dans cette violence c’est la faute du capitaine qui à fait le coup d’état à un mois de l’élection présidentielle, c’est une honte pour l’Afrique qui tente de se reconstruire, les militaires sont là pour la sécurité des populations et non pour des coups d’état pour rentrer dans l’histoire, le mali de paix est entrain d’etre détruite par des vautours assoiffés de pouvoirs. C’est pourquoi aujourd’hui nos colonisateurs continuent à croire que l’Afrique ne peut avancer seule, Je souhaite que ce qui s’est passé en cote d’ivoire ne se répète pas au mali, il est temps pour nos dirigeants de la CEDEAO de prendre leur responsabilité vis à vis de ceux qui les ont élus...!

  • Le 25 mai 2012 à 21:03, par Je suis Malien En réponse à : MALI : Quand l’histoire s’emballe

    Tu comprend rien, Traoré = ATT si on choisisait Check Modibo DIARRA ?

  • Le 29 mai 2012 à 19:41, par Paixpournospeuples En réponse à : MALI : Quand l’histoire s’emballe

    Mr Tao, je comprend votre position mais je trouve que vous avez écrit l’article avec beaucoup trop de passion. êtes-vous sûr qu’il y a vraiment de la franchise dans l’affaire du Mali même du côté de l’institution sur laquelle vous comptez ? La CEDEAO n’a pas d’hommes ni d’armes (surtout lourdes)propres à elle comme l’ONU, ce sont je pense une coalition d’armées nationales de quelques pays de l’Institution dont les équipements ont été acquis grâce aux contributions des CONTRIBUABLES de ces nations. Au cas où elle devrait intervenir qui devra payer l’addition ? Malheureusement c’est la population malien qui prend le coup. Je pleure pour l’Afrique.

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