Le secret de la réussite du cycliste Damiano Cunego, vainqueur en mai 2004 du Tour d’Italie ? La poudre de fruit de baobab, qualifiée de "pozione magica" par le quotidien italien Corriere Del Veneto. Des joueurs de foot du Milan A C ainsi qu’un pilote de Formule 1 italien vantent eux aussi les mérites de ce complément alimentaire vendu sous la marque Baobab déposée par la société italienne Baobab Fruit Company (BFC).

Le baobab (Adansonia digitata), dont presque toutes les parties sont utiles et en particulier les fruits appelés pains de singe, procure depuis toujours aux populations d’Afrique tropicale et de Madagascar toutes sortes d’aliments et de remèdes traditionnels. Les feuilles et la pulpe du fruit contiennent du calcium, du phosphore, des vitamines B1 et C aux propriétés anti-oxydantes bien connues. Ces dernières années, les universités africaines et occidentales se sont intéressées aux divers produits de cet arbre spectaculaire. A Dakar, plusieurs thèses de doctorat en pharmacie lui ont été consacrées.

Les produits naturels à la mode

C’est dans cette même capitale sénégalaise qu’il y a deux ans, Mamadou Dia, le jeune directeur d’Intercontinentale de négoce, féru de produits naturels africains, rencontre les responsables de la société italienne BFC. "Depuis, nous avons développé notre partenariat pour exploiter le baobab et d’autres plantes naturelles dans la pharmacopée, la cosmétique et l’alimentation", révèle Mamadou Dia, rencontré en septembre à Dakar lors de la 4ème conférencce internationale sur les produits naturels africains issus des plantes.

En marge de cette conférence, le stand de Baobab Fruit Company (BFC) déclinait toute une gamme de produits à base de baobab : crèmes de beauté, déodorants, tisanes et bien sûr compléments alimentaires présentés dans de magnifiques emballages haut de gamme. "Nos produits sont officiellement reconnus en Italie. Ils sont aussi vendus en pharmacie en Suisse, en Espagne et en Allemagne", précise Mme Laudana Zorziella, gérante de la branche sénégalaise de BFC qui rêve de conquérir le Japon et le reste de l’Europe dès l’année prochaine. La société italienne fournit déjà en produits bruts ou semi-finis des firmes internationales comme Unilever. Le vieux baobab va donc profiter de la mode des produits naturels et des médicaments à base de plantes dont le marché aux Etats-Unis et en Europe a augmenté de 10 % par an ces dix dernières années.

La branche sénégalaise de BFC se charge de collecter et d’acheter les produits du baobab aux producteurs. Son unité de traitement, installée à Thiès (70 km de Dakar), emploie 140 personnes, en majorité des saisonniers. "Depuis le début de notre partenariat nous avons vendu plus de 140 t de fruits de baobab", déclare Mamadou Dia.

Le jeune homme d’affaires traite avec des associations comme Wula Nafaa (l’utilité de la forêt en bambara) dans la région de Tambacounda (470 km au sud de Dakar). Soutenue par l’USAID, la coopération américaine, Wula Nafaa encadre des groupements de femmes pour une exploitation rationnelle du baobab. Les fruits, par exemple, ne peuvent plus être récoltés en dehors d’une période fixée en concertation avec les villageois. Les producteurs qui ont vu leurs prix doubler en cinq ans (entre 60 et 80 Fcfa le kilo de fruit), se réjouissent d’autant que la demande devrait elle aussi doubler en 2005.

Wula Nafaa, Mamadou Dia et Baobab Fruit Company vont élaborer un programme de développement durable qui prévoit de replanter des arbres. Son but : approvisionner le marché européen en fruits sans nuire à l’espèce.

Madieng Seck
(Syfia Sénégal)