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KHADIJA DOUKALI, CANDIDATE UMP AUX LEGISLATIVES FRANÇAISES : « Il faut voter pour celui qui a le cœur en Afrique »

Publié le lundi 14 mai 2012 à 01h50min

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Après la ferveur de l’élection présidentielle, le corps électoral français est à nouveau appelé les 3 et 17 juin 2012 pour les élections législatives. Pour la première fois, les Français de l’étranger auront droit au chapitre pour élire des députés qui les représenteront à l’Assemblée nationale. En tournée dans la neuvième circonscription où elle est candidate pour le compte de l’UMP, Khadija Doukali s’est prononcée sur les enjeux de ces consultations électorales et ses projets pour les Français résidant dans cette circonscription. Suivez.

Le Pays : En quoi ces élections sont-elles capitales pour la France ?

Khadija Doukali : Ces élections sont importantes parce que les Français de l’étranger sont les vecteurs du rayonnement de la France hors de l’Hexagone et que l’on devra avoir plus de personnes qui s’expatrient et qui vont voir sous d’autres cieux ce qui s’y passe. Les Français de l’étranger sont une richesse pour la nation française. Ils ne sont jusqu’à présent pas représentés à l’Assemblée nationale et de ce fait, leurs droits ne sont pas garantis. Il faudrait, équitablement, qu’ils aient une représentation à l’Assemblée nationale et c’est pour cela qu’il est extrêmement important que tous les Français, même ceux qui vivent hors de la France, aillent voter. Ces derniers ont toujours un lien avec la France et si ce n’est pas eux, ce sont leurs enfants.

Les Français de l’étranger ont donc longtemps été oubliés ?

Complètement. Si vous parlez aux Français de l’Hexagone des Français de l’étranger, ils vous diront que ce sont des gens qui ne payent pas d’impôts, des gens « qui ne travaillent pas pour la France ». Or, cela est faux. Ce sont les meilleurs ambassadeurs de la France à l’étranger, ils prennent des risques, la vie n’est pas toujours facile pour eux, ils travaillent dur, apportent de la richesse dans leurs pays d’accueil. Ils sont dans l’investissement, dans les ONG, dans les organisations internationales. Vous avez également des compatriotes qui sont dans l’enseignement. Il y a aussi des binationaux, qui sont à la fois citoyens de France et citoyens de leur pays de résidence. C’est dire que tous les Français ne sont pas des expatriés. Je suis moi-même une binationale. Tout ce monde a longtemps été oublié.

La France dispose de nombreux lycées français à l’étranger, comment faire pour prendre ce monde en compte ? Y a-t-il des choses à y revoir ?

Ah oui ! Je suis pour la gratuité de l’enseignement parce qu’il n’y a aucune raison que les lycées et les écoles françaises publics ne soient pas payants et qu’à l’étranger, l’on ait à les payer à un prix très fort. Les frais d’inscription sont en train d’exploser et nos compatriotes n’y arrivent plus ; il faut trouver des solutions. Moi, je suis partisane de la gratuité des écoles françaises. Malheureusement, avec l’avènement des socialistes, cette gratuité va être supprimée, ce qui est quand même drôle pour des socialistes. Ils veulent remplacer la gratuité par des bourses ; or, ces bourses existent déjà. Je ne vois pas l’innovation dans leur proposition.

Militante des droits de la femme, avez-vous un message à l’endroit des Françaises de l’étranger ?

Je voudrais dire aux femmes françaises que nous sommes sous-représentées à l’Assemblée nationale, simplement 20%. Je leur demanderai d’être solidaires parce que nous devons absolument combattre pour l’équité. L’objectif serait que nous ayons une représentation de 50% à l’Assemblée nationale. Les femmes ont cette sensibilité d’être des mères de familles. Aussi, je les encourage à s’engager en politique parce que la vision des femmes en tant que mères de familles, adoucit les choses et donne une autre vision que les hommes n’ont pas.

Dans le secteur de l’investissement, vous parlez d’une discrimination vis-à-vis des Français de l’étranger ; quelle proposition faites-vous sur le plan fiscal ?

Il nous faut un nouveau statut fiscal puisqu’il y a une grande discrimination notamment en ce qui concerne le taux d’imposition. Si vous êtes Français habitant en France et que vous vendez votre maison qui se trouve en France, vous ne payerez pas d’impôts sur la plus-value ; mais si vous habitez à l’étranger, l’on vous dira que vous avez votre maison à l’étranger, et donc une résidence secondaire ; ce qui est totalement discriminatoire puisque si vous n’en avez qu’une, elle devrait être considérée comme votre résidence principale. Il y a une grande discrimination en matière fiscale et il faudra refondre équitablement la fiscalité pour les Français de l’étranger pour qu’au moins, il n’y ait pas de discrimination entre Français de l’étranger et Français habitant de l’Hexagone.

Un dernier message à l’endroit des Français de la circonscription dans laquelle vous êtes candidate ?

Je leur dirai qu’il faut qu’ils aillent voter le 3 juin et qu’ils votent pour un candidat qui soit issu de la circonscription, qui aime cette circonscription, qui la comprend et est en mesure de la décoder. Pour faire tout ce travail, il faut avoir son cœur dans cette circonscription. Quelqu’un qui n’est pas de cette circonscription ne la comprendra pas et ne l’aimera pas comme nous ; nous pouvons aimer notre circonscription et notre Afrique.


Les 16 pays de la neuvième circonscription :

Algérie, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sierra Leone, Sénégal et Tunisie.

Propos recueillis par Aimé NABALOUM

Le Pays

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