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Naaba Saaga 1er de Issouka (Koudougou) : La chefferie traditionnelle au service de la citoyenneté

Publié le jeudi 10 mai 2012 à 01h55min

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Contrat rempli pour Naaba Saaga 1er de Issouka. Comme le veut la tradition Moaga, il a organisé son Nabasga (fête traditionnelle annuelle du chef) le 05 mai 2012 à Koudougou. Pour la 7e fois, le palais Maasmè a accueilli population de Koudougou et plusieurs autres personnalités de divers horizon du Burkina venues saluer le Naaba. A l’issue du cérémonial, Modeste Yaméogo (son nom à l’état civil) a exhorté ses « sujets » à promouvoir la citoyenneté et la paix.

Le cérémonial du Nabasga est composé de trois étapes. Trois sorties du chef avec un habillement toujours différent pour chacune. Le chef doit savoir faire la guerre, dit-on. Pour sa première sortie, il enfile une tauge rouge, symbole de guerre et de courage pour défendre sa population. Après savoir reçu les hommages de ses ministres et les salutations de son public, il se retire. Une trentaine de minute plus tard, Naaba Saaga revient, cette fois-ci en tenue blanche, symbole de pureté. Le chef devant être sincère et un homme de paix.

Même scénario : hommages de ses ministres et du public. Et il repart. Après quelques minutes, la dernière sortie du chef est annoncée par le maître de cérémonie. Moins solennelle que les deux premières sorties, cette fois-ci, il est habillé en tenue multicolores. Hommage de ses ministres, salutations du public, puis, il reçoit des cadeaux de sa population. Des cadeaux constitués de poulets et de céréales. Ensuite, quelques photos pour immortaliser l’évènement. Comme quoi, tradition ne signifie pas refus de la modernité.

La modernité, Naaba Saaga y est de plein-pieds. Téléphone collée à l’oreille, maniant avec dextérité la langue de Molière et celle de Shakepeare, il fait imprimer son discours en Français et en Mooré. Mieux à chaque Nabasga, il aborde un thème important avec un message bien précis à l’endroit de sa population. Cette année, à l’occasion de sa 7e année de règne, Naaba Saaga 1er de Issouka a axé son discours sur « citoyenneté et paix ».

Pour la réussite de ses manifestations, les étudiants de l’université sont très impliqués dans toutes ses activités. Ils étaient en nombre très important ce 05 mai. D’ailleurs, auparavant, ils sont venus plusieurs fois donner un coup de balai au palais royal, échanger avec le chef sur les valeurs traditionnelles et même aider à la construction de certains mûrs du palais Maasmè.

Naaba Saaga 1er s’attèle à l’érection d’un impressionnant palais, avec toutes les commodités d’un palais traditionnel « 3G », alliant tradition et modernité et surtout retraçant l’histoire Mossi mais aussi l’histoire des grands hommes qui ont marqué la vie du continent. Une part belle sera accordée à l’histoire de l’Eglise. Naaba Saaga 1er collectionne de ce fait les documents historiques, quelques fois rappatriés de l’Europe.
Pour un palais plus majestueux, déjà le monument Naaba Boulgo, du nom de son grand père est dressé à l’entrée principale du palais. La volonté est bien là, mais la construction de ce palais avance à pas de caméléon du fait que Modeste Yaméogo effectue la construction sur fonds propres. Les éventuels soutiens de tous ordres seraient les bienvenues pour la finition de ce haut lieu de la culture burkinabè.

Moussa Diallo

Lefaso.net


Message du Chef d’Issouka au Nabaasga de 2012

Livré en sa7ème année de règne sous le thème, Citoyenneté et Paix !
Je vous salue toutes et tous cordialement : au nom de Naaba Sanem Chef de la Province de Lallé, au nom du MooghoNaabaBaongho Empereur des Mossé, de ses Ministres et enfin au nom du Collège des chefs traditionnels de Koudougou et de toute la famille YAMEOGO d’Issouka. Je désire aussi adresser mes salutations respectueuses aux éminentes personnalités, à Monsieur le Gouverneur de la Région du Centre Ouest, aux Autorités régionales, provinciales et Communales. Un salut tout traditionnel et particulier à nos amis diplomates et aux délégations des diverses localités du pays et toutes les vaillantes populations du Centre Ouest venues vivre avec nous ces moments forts de notre tradition : Le Nabaasga. Je salue enfin de façon particulière les jeunes, assoiffés de savoir, venus s’abreuver à la source de la culture aujourd’hui sur les rives du Boulkiemde.

La marche de notre monde et les événements qui nous arrivent de partout orientent forcement notre message sur cette quête éternelle de l’homme depuis que le monde est monde : la Paix. Notre message aujourd’hui, qui puise dans le substrat de nos croyances traditionnelles et révélées, de nos grandes Institutions Internationales comme l’ONU, veut promouvoir la paix pour l’homme, par ces armes que sont : le dialogue et la concertation. Chaque fois que le fil du dialogue et de la concertation s’est rompu, les conflits sont nés avec des conséquences tragiques pour les peuples.

Pourtant, malgré les blessures et les meurtrissures, malgré les drames profonds, malgré les divisions et les fossés creusés, malgré les haines enfouies dans les cœurs, les différents protagonistes que sont les hommes sont toujours obligés de s’assoir autour d’une table pour négocier. Malheureusement et souvent, ce qui devrait être le premier geste fini par être le dernier, mais trop tard parfois car les orphelins ne pourront jamais acheter un papa ou une maman. Les papas et mamans endeuillés ne pourront non plus hélas acheter un enfant mort dans toute son innocence. Les séquelles et stigmates au plan psychologiques sont difficiles à cicatriser, les cœurs brisés et meurtris le reste généralement à vie.

Pour éviter de telles situations, désastreuses pour tous, j’en appelle au sens de la responsabilité citoyenne de toutes et de tous. Il revient à tous de garder permanemment à l’esprit que, lorsque la responsabilité citoyenne s’effrite, c’est la paix sociale qui prend un coup sérieux. il faut que le citoyen ait la pleine conscience des responsabilités qui lui incombent.

C’est pourquoi, la première contribution que la Chefferie traditionnelle veut et peut offrir est d’œuvrer au développement de l’homme et des peuples qui ne se concrétise pas en moyens matériels ou en solutions techniques, mais en transmission de valeurs qui éduquent les consciences et enseignent l’authentique dignité de la personne et du travail, par la promotion d’une culture qui réponde vraiment à toutes les interrogations de l’homme.

Nous constatons aujourd’hui que la première pauvreté des jeunes, des femmes et des hommes est la méconnaissance de leur culture. C’est notre devoir de travailler à leur faire découvrir notre culture si riche, si forte depuis des millénaires. Nous devons contribuer aux côtés de l’Etat et des autres parties prenantes à un développement intégral de tout l’homme et de tous les hommes à travers ces cérémonies que nous ont léguées nos ancêtres. Moments de remerciements pour les bienfaits reçus et d’enseignements pour une conduite exemplaire dans la vie.
Le Chef traditionnel que je suis a le sacré devoir historique de vous rappeler à temps et à contretemps nos devoirs communs dans le vivre ensemble. Nous assistons à une crise de la civilisation humaine. Les uns n’écoutent pas assez, les autres demandent trop et tout de suite. Nous devons travailler à devenir toutes et tous des modèles de femmes et d’hommes de paix, capables d’impacter positivement notre environnement pour éviter à notre peuple les drames que les autres ont connus et qui ont constitué un frein à leur développement.
Nos ancêtres nous ont appris à dialoguer à nous concerter et à négocier quand cela ce devait. Ils étaient tous des intrépides combattants de la liberté.

Sachons mériter cet héritage en devenant à notre tour, ce que nos enfants et nos ainés attendent de nous, à savoir que nous nous comportions en ardents défenseurs de la paix. Personne ne peut, personne ne doit se soustraire à cet appel.
Chaque enfant de cette belle région est membre à part entière de la grande famille burkinabè et tout ce que vous faites, engage le pays dans son ensemble. Nous descendons de femmes et d’hommes qui ont toujours considéré que Dieu a posé le travail pour sentinelle de la vertu. Je crois en vos immenses ressources qui vont nous aider à gagner efficacement cette noble et pacifique croisade pour le développement. Mais pour vaincre cette pauvreté, il faut que, dès aujourd’hui, chaque fille et fils livre la bataille intérieure pour pacifier son esprit. Notre histoire commune nous enseigne que la Culture de la paix est un des grands traits de notre héritage global. L’entente, le dialogue, la concertation et la tolérance étant les filles naturelles. Les fautes sont grandes quand l’amour est petit. Car là où l’on aime et où on est juste, il ne fait jamais nuit.

Je m’adresse à vous aujourd’hui de manière solennelle en portant la voix de nos ancêtres. On dit que chaque parole qu’on prononce est un chemin qu’on trace. Elle devient un phare lorsqu’elle rend meilleurs les hommes qu’on sera demain. Mon adresse ici est soutenue et portée par nos ancêtres qui reposent sur les rives du Boulkiemdé, au bord desquelles cette belle ville a pris naissance il y a tant d’années. Car comme dit l’adage ‘Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de donner le beau rôle au chasseur’.

A vous tous, gestionnaires du bien commun, la famille fait une authentique expérience de paix quand chacun de ses membres est assuré d’avoir le nécessaire et quand le patrimoine familial, fruit du travail de certains, de l’épargne d’autres et de l’active collaboration de tous est bien géré, dans la solidarité, sans excès ni gaspillage, dans le développement d’une culture juridique qui défende les droits de chacun, en particulier des plus faibles, dans la famille humaine.
Prenons ici l’engagement de faire désormais la guerre à la guerre en observant ces principes de bases, réchauffons nous à la douce lumière de l’amour afin qu’un soleil nouveau nous arrose de rayons de l’espérance car nous avons un destin commun. Ensemble, nous avons aussi un défi commun : marquer notre passage sur la terre positivement et de manière indélébile.

Pour cela, négocions toujours ! N’ayons jamais peur de négocier mais ne négocions jamais avec peur. Si nos idées sont bonnes, elles sont éternelles. Défendons-les.
Population du Centre –Ouest, et particulièrement celle du Boulkiemdé, le Burkina Faso nous regarde en cette année 2012. Il viendra célébrer le souvenir de son indépendance ici à Koudougou chez nous, Indépendance proclamée par un de nos vaillants fils, Maurice YAMEOGO il y a cinquante-deux ans de cela. Saluons sa mémoire par une minute de silence. Son nom restera dans l’histoire pour l’éternité. Toujours en sa mémoire, montrons à toutes et à tous que nous sommes de vrais ‘Bourkinbi’, un peuple intègre, sérieux, travailleur, accueillant, discipliné et respectueux.

Je vous invite toujours au dialogue, à la prudence, à la responsabilité. N’ayez pas peur, ne vous sous-estimez pas. Nous pouvons être sûrs que nos ancêtres qui se tiennent aux côtés de Dieu le Créateur et à nos côtés nous bénissent maintenant. Ils nous donneront toutes les forces nécessaires. Oui, puissiez-vous, notre ancêtre le vénéré Bassanga YAMEOGO, fondateur de Koudougou, avec les mânes, nous offrir des pluies généreuses, nous protéger, et nous accompagner en tout temps et en tout lieu dans la paix recherchée et une citoyenneté renforcée. Merci à toutes et à tous,

NaabaSaaga 1er d’Issouka

Maasmè le samedi 5 mai 2012

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Vos commentaires

  • Le 10 mai 2012 à 11:01 En réponse à : Naaba Saaga 1er de Issouka (Koudougou) : La chefferie traditionnelle au service de la citoyenneté

    Toutes les felicitations et encouragements Je vois que tu es resté fidele a tes ideaux
    tu donnes un exemple heureux du chef traditionnel et particulierement dans le contexte passé et a venir du burkina Esperons que tes comperes chefs traditionnels finiront par entendre tes incessants appels :
    "montrons à toutes et à tous que nous sommes de vrais ‘Bourkinbi’, un peuple intègre, sérieux, travailleur, accueillant, discipliné et respectueux"
    célestin Somé

  • Le 10 mai 2012 à 12:07, par Subtance Grise En réponse à : Naaba Saaga 1er de Issouka (Koudougou) : La chefferie traditionnelle au service de la citoyenneté

    Un bon discours de la part d’un chef coutumier ou tout est dit. En effet la responsabilite de tout un chacun a ete demmande. Surtout celle de nos dirigeants politiques.
    Aussi que les chefs coutumiers se respectent en ne permettant pas aux politiques de les utiliser et les discrediter.

  • Le 10 mai 2012 à 13:02, par confus En réponse à : Naaba Saaga 1er de Issouka (Koudougou) : La chefferie traditionnelle au service de la citoyenneté

    le mossiya a la peau dure, quoi ! et puis si on est traditionnel au point d’être naaba, c’est qu’on est animiste (réligion d’Afrique) et un "roi" est forcement conservateur ! les monarques européens sont tous foncièrement catholiques ; c’est la réligion de l’Europe ! e ça continue de génération en génération. Au Burkina on trouve des naaba chrétiens, des naaba El hadj, etc. allez-y comprendre !

  • Le 10 mai 2012 à 13:46, par Toure En réponse à : Naaba Saaga 1er de Issouka (Koudougou) : La chefferie traditionnelle au service de la citoyenneté

    Chef, j.espere que vous avez fait depuis votre intronisation un choix consequent et definitif de choix de religion ! On ne peut pas etre la ou vous etes et continuer le dimanche d.aller a la messe et (sic !) communier. C.est pareil pour la Mosquee. Ce serait se mentir a soi-meme, et non a DIEU qui sait tout, voit tout et peut tout !

  • Le 23 mai 2012 à 14:56, par GILDAS En réponse à : Naaba Saaga 1er de Issouka (Koudougou) : La chefferie traditionnelle au service de la citoyenneté

    BJ et merci à NAABA SAAGA 1er D’ISSOUKA DE KOUDOUGOU de donner un exemple de citoyenneté car Koudougou en a besoin . Je le felicite pour son comportement et sa conduite impartial dans son règne et vis à vis des citoyens de koudougou.c4 EST EN CELA QUE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE participe de la bonne manière a l’expression de la democratie.BON VENT àLUI ;
    un fils de koudougou qui connait bien ce chef.

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