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ACTU VERT ! : La dette environnementale de l’or !

Publié le mercredi 9 mai 2012 à 01h50min

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Dans son discours à la nation le jeudi 12 avril 2012, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a indiqué que les six (6) mines d’or en activité au Burkina ont porté la production industrielle d’or à 32,60 tonnes en 2011, contre 23,08 tonnes en 2010, soit une augmentation de 41%. Il a fait savoir que la production attendue en 2012 pourrait atteindre 42 tonnes. « C’est environ, 127,43 milliards de francs CFA qui ont été reversés au budget de l’Etat au titre des recettes minières en 2011. 4 556 emplois permanents ont été dénombrés au sein des six (6) mines industrielles, dont 93% de ces emplois occupés par des nationaux », a-t-il relevé. Ces assertions montrent à quel point l’or occupe de plus en plus une place centrale dans l’économie burkinabè. Cela dit, il ne faut pas ignorer que l’exploitation du métal précieux n’est pas sans conséquences sur notre environnement.

Bien que les sociétés minières soient soumises à des cahiers des charges, ils ne sont malheureusement pas toujours respectés. L’on se rappelle encore ce camion qui transportait 40 tonnes de cyanure à destination de la mine d’or d’Inata et qui s’est renversé dans le barrage de Djibo, au Burkina en fin juillet. Opérant loin des regards, les grandes entreprises minières communiquent souvent très peu sur l’impact de leur activité sur l’environnement et sur les mesures qu’elles prennent pour réhabiliter la nature.

Pourtant, ce sont souvent des milliers d’hectares de forêts qui sont détruits pour implanter ces entreprises. Par ricochet, la région perd souvent de nombreuses surfaces agricoles du fait de la pollution des sols. Certains diront qu’ils dédommagent les populations locales et contribuent aux activités agricoles par la fourniture d’intrants agricoles. Mais, au regard des impacts environnementaux, il faut dire que cela paraît pratiquement insignifiant. Dans les mines industrielles, l’exploitation de l’or tend à augmenter fortement la turbidité des cours d’eau et à dégrader leur environnement immédiat (berges et rives, construction de barrages, etc.).

Dans les mines artisanales, les mineurs utilisent encore majoritairement le mercure. Les autorités en charge des mines ont beau, avec le concours de certaines sociétés, interpeller et sensibiliser, sur le terrain, des orpailleurs traditionnels continuent de les utiliser à ciel ouvert, faisant de nombreuses victimes silencieuses. Il faut donc renforcer l’application du code minier et des lois de protection de l’environnement. Une politique spécifique doit être prévue afin d’assurer la remise en état après exploitation. Cette tâche revient aux exploitants dans le secteur industriel mais l’Etat doit contrôler sa mise en œuvre régulière.

Dans le cas des mines artisanales, il est nécessaire de prévoir un mécanisme alternatif de financement alimenté par une contribution régulière des exploitants. Mais avant, il faudra sûrement faire le point exact sur les conséquences de l’exploitation minière à travers des études poussées dans le domaine. Peut-être que la profonde étude pour laquelle s’est engagé Luc Adolphe Tiao lors de son discours à la nation afin de cerner l’impact socio-économique et environnemental des mines aidera à réaliser des ajustements et des assainissements nécessaires pour garder un minimum de ressources naturelles pour les générations futures. Sinon, l’espoir suscité par le métal jaune se transformera en cauchemar dans les années à venir.

Raphaël KAFANDO

Sidwaya

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