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Corridors ouest-africains : La pratique des pots-de-vin persiste

Publié le lundi 7 mai 2012 à 01h20min

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Le Centre ouest africain pour le commerce a publié son deuxième rapport concernant les obstacles rencontrés sur les corridors de la sous région. Alors que le premier rapport portait sur le corridor Téma –Ouagadougou, le présent rapport est relatif au corridor Lomé-Ouagadougou, long de 1 020 kilomètres. Ce deuxième rapport dont le contenu vient de faire l’objet d’échanges à Ouagadougou, décrit en détail les processus et les acteurs impliqués dans l’importation et l’exportation à destination et en provenance du Burkina Faso via le port de Lomé ainsi que les coûts formels et informels pratiqués sur ledit corridor.

Réalisée entre octobre 2009 et septembre 2010, l’étude vient confirmer un certain nombre de constats sur les corridors de l’Afrique de l’Ouest. Les lenteurs dans le transport des marchandises avec des délais plus ou moins longs. Les coûts de transport des produits importés ou exportés reviennent chers. En outre, des pratiques anormales comme les pots-de-vin ou la corruption persistent sur les axes routiers. « Ce ne sont pas des faits spécifiques au corridor Lomé-Ouagadougou. C’est un problème régional », soutient Niels Rasmussen, directeur de l’étude. Autant de facteurs qui ne permettent pas à la région d’être compétitive sur le plan des échanges entre Etats.

Car, comme l’a relevé l’étude précédente (celle-ci a été publiée en 2010) ayant porté sur le corridor Téma-Ouagadougou, le gros problème, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas les retards et les pots de vins aux barrages routiers-encore que…. Ceux-ci ne sont que la face visible de l’iceberg, qu’une infime partie des pots de vin et des retards occasionnés chez les commerçants et transporteurs routiers. En réalité, la plupart des obstacles au commerce et au transport sont légaux. Les lourdes procédures de dédouanement aux ports, aux passages frontaliers et aux terminaux intérieurs favorisent la corruption. Pour se faciliter les procédures, certains n’hésitent pas souvent à s’adonner à des pratiques anormales qui finissent par s’imposer comme la règle.

Des résultats encourageants

Pour que les choses changent, les auteurs de l’étude sur le corridor Lomé-Ouagadougou ont assorti leur rapport par un certain nombre de recommandations qui, s’elles sont mises en œuvre, pourraient donner lieu à des dizaines de milliards de francs CFA d’économies par an, que ce soit à l’importation ou à l’exportation. L’étude préconise par exemple la libéralisation du marché ouest-africain du transport par camion. Ainsi un marché libre des services de camionnage remplacerait les règles de partage des cargaisons entre les transporteurs du port du pays au pays enclavé, ainsi que la règle du ‘’premier arrivé, premier servi’’ dans le système d’attribution du fret aux camions existants au port de Lomé. Et cela se traduirait par une plus grande concurrence sur les prix et sur la qualité du service, et conduirait à une industrie du transport par camion plus professionnelle avec des camions en bon état et mieux entretenus, rendant alors le corridor de Lomé-Ouagadougou plus rapide et moins coûteux.

En outre, la présente étude encourage non seulement les Etats membres de la CEDEAO à envisager la déréglementation du trafic de transit, mais aussi la création d’un marché unique de services de transport et de logistique dans la région. Aussi, il a été recommandé la réduction des frais de manutention des conteneurs aux Terminaux routiers à conteneurs du Burkina (TRCB).

Mais, tous les constats à l’heure actuelle sur nos corridors ne sont pas négatifs. Car, l’un des objectifs des études sur les corridors, c’est justement de permettre aux utilisateurs de comparer la performance des différents corridors ainsi que leurs composants de façon à les aider à choisir la meilleure option. Dans la présente étude, les auteurs ont pu comparer la performance de Ouagarinter en 2009 et 2010 ainsi que celle du port de Lomé en 2009 avec le port de Téma en 2008 et 2010. Leurs résultats sont encourageants. Ils ont en effet observé que les choses changeaient et souvent pour le meilleur. Par exemple, le délai nécessaire au dédouanement à Ouagarinter est passé de 6 jours en 2008 à 2,4 jours sur la période 2009-2010 alors que les opérations au port de Téma ont été réduites de 10,7 jours en 2008 à 6,9 jours en 2010.

Par ailleurs, l’on a enregistré ces derniers mois une baisse sensible des contrôles sur les axes routiers dans des pays comme la Côte d’Ivoire ou le Togo. Pourvu que tout cela perdure, car aucune intégration viable n’est possible en Afrique de l’ouest sans une réelle circulation des biens et des personnes !

Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 mai 2012 à 19:18, par françois En réponse à : Corridors ouest-africains : La pratique des pots-de-vin persiste

    Où peut on se procurer ce rapport, il intéresse bons nombres d’associations qui envoient des conteneurs à Ouagadougou via Lomé et dont les coùts de transport sont plus chers de Lomé à Ouaga que d’ANVERS ( Belgique) à Lomé.
    Explications ?
    en plus les transitaires nous facturent des frais de dépots à Lomé ( le dernier de nos conteneurs est resté plus de 20 jours à Lomé sans explications...)

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