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Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

Publié le jeudi 26 avril 2012 à 00h51min

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Le décor est toujours le même, celui du tarmac de la base aérienne 511, presque aussi austère, en ces temps de canicule, que le désert malien. Fait également partie du paysage le général Gilbert Diendéré, chef d’état-major particulier du président du Faso, qui domine l’assistance du haut de ses 2 mètres. Seuls les acteurs (actrices) principaux changent. Il y a deux semaines, le 17 avril précisément, c’est l’Italienne Mariani Mariasandra qui avait été libérée, par les bons soins du négociateur Blaise Compaoré, des serres du groupe Abu Zaid dont elle était captive depuis le 2 février 2011.

Mardi dernier en fin de journée, c’est la Suissesse Béatrice Stockly, enlevée par Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) une dizaine de jours auparavant, qui était brandie comme le nouveau trophée du locataire de Kosyam, ramenée depuis le Nord-Mali, où "Golf" s’est rendu de nouveau en mission commandée. A ce rythme d’un élargissement toutes les décades, il ne devrait plus rester de captifs dans ce no man’s land sahélo-saharien d’ici quelques mois.

Sauf à être "jaloux" (le premier ministre dixit) des succès du chef de l’Etat burkinabè, comment ne pas se réjouir de ces faits glorieux qui viennent s’ajouter aux nombreux lauriers sous lesquels il croulait déjà. On savait qu’il était passé maître dans l’art de la médiation, et sur ce terrain, quoi que puissent penser ses contempteurs, il a quand même engrangé des réussites réelles, de la rébellion nigérienne dans les années 90 à la récente crise ivoirienne en passant par la Guinée Conakry, le Togo et, peut-être demain, le Mali ; voilà qu’on le découvre grand libérateur d’otages devant Allah, aussi à l’aise dans les sables mouvants maliens que dans le parc animalier de Ziniaré. On a connu la diplomatie du développement il y a quelques années de cela, voilà à présent celle des libérations d’otages.

Comment, dans ces conditions, ne pas s’incliner devant cet investissement personnel fort utile de l’enfant terrible de Ziniaré, qui permet aux ressortissants occidentaux de recouvrer la liberté tout en améliorant l’image du Burkina ? Il faut reconnaître que c’est quand même plus gratifiant que les « guerres de rapines » dont, à tort ou à raison, on a en son temps accusé les dirigeants burkinabè au Liberia, en Sierra Leone et même en Angola ou en Côte d’Ivoire au point que notre pays était considéré par certains comme un Etat voyou. Que depuis on cherche à se refaire une virginité est tout ce qu’il y a de louable, et, à n’en pas douter, des opérations comme celle d’avant-hier y contribuent grandement.

Qu’à cela ne tienne, et quitte à passer pour des « jaloux », on commence à se poser des questions sur cette multinationale de la libération, dans la mesure où une trop grande proximité (complicité ?) avec les ravisseurs n’est pas toujours sans risque. Comment, en effet, pactiser avec le diable AQMI ou Ansar Dine sans, quelque part telle dans la légende de Faust, lui vendre son âme ? Difficile, car il y a toujours quelque risque à faire ami-ami avec des hors-la-loi. De plus, l’Histoire a quelquefois de ces retournements tragiques, et il faut espérer que ces liaisons, somme toute dangereuses, ne se retourneront pas un jour contre nous.

A cela s’ajoute le fait que, quand bien même les différents protagonistes se défendraient de verser des rançons, entre les donneurs d’ordres, les destinataires finaux et les transitaires (ou porteurs de djembés si vous préférez) d’importantes sommes d’argent circulent sous le manteau dans ces deals forcément opaques, portes ouvertes à tous les barbotages.

Certes, ici, c’est la « Patrie des hommes intègres », mais est-ce nécessaire, pour les parangons de vertu que nous sommes censés être, de jouer aux vertueux outragés quand on parle de ces choses ? Est-ce être jaloux de l’étoile de Blaise que de « faire ces supputations de salon » (redixit le PM) ?

Si on ne peut plus émettre ces réserves sous peine d’être qualifié, au choix, d’aigri ou de jaloux...

Ousséni Ilboudo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 26 avril 2012 à 02:35 En réponse à : Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

    lobservateur tu files un mauvais coton...

  • Le 26 avril 2012 à 08:21, par Burkinbiga En réponse à : Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

    Ne censurez pas SVP Mr le webmaster
    Ce n’est pas une question de jalousie, mais c’est tout simplement un raisonnement logique. Flirter avec des rebelles, c’est tout simplement dangereux. Nous avons peur et je suis sur que le PM Luc Tia lui même qui parle de jalousie a peur, mais c’est normal que dans sa posture qu’il ne puisse pas exprimer ses inquiétudes auprès de Blaise.
    Croisons les doigts et prions seulement qu’un jour ces bandits ne se retournent pas contre nous, si non ca sera la misère.
    Notons aussi que Blaise cherche à charmer l’occident à travers ces libérations d’otages, s’il n’est plus président en 2015 et que les anciens dossiers (Thom Sank, Norbert Zongo...) resurgissent, il faut bien qu’il se réfugient à quelque part.

  • Le 26 avril 2012 à 11:32 En réponse à : Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

    S’ils pouvaient investir autant d’énergie et de zèle à trouver des solutions aux problèmes réels des Burkina : éducation, santé, emploi,alimentation, prix des denrées et du carburant, ...nous serions sans doute très développés en ce moment.malheureusement ce régime n’a d’yeux que pour le prix nobel de la paix que son chef lorgne après avoir été l’un des plus grands mercenaires Africains de ce dernier quart de siècle.qu’il demissionne donc pour aller prendre un poste permanent de médiateur à l’union africaine au lieu d’utiliser les pauvres ressources du Burkina pour ces interêts personnels !

  • Le 26 avril 2012 à 11:36, par Raa kekma En réponse à : Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

    En effet çà donne à réfléchir pourquoi pas supputer ?
    Comment coopérer avec des “gens s’en fout la mort ”sans vendre son âme à quelque part !
    C’est bon de réussir des missions délicates là où les puissances mondiales n’osent s’aventurer et même si elles le font sortent perdantes ( on se rapelle de la tentative de libération des otages français au Niger qui s’est soldée par la mort de ces otages ), mais tout de même reconnaissons que les plus hautes autorités du Faso doivent avoir leurs entrées dans l’antre de AQMI.
    Partant de ce constat , les choses ne peuvent rouler sans qu’il y ait comme un réseau dont les membres ne sont que ces touareg du Mali , Niger, de la Mauritanie , de l’algérie qui, bien des années en arrière vivent bien à OUAGADOUGOU.

  • Le 26 avril 2012 à 14:31, par LEGRAND-YR En réponse à : Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

    Quelle plume de professionnel !Bel article aux analyses pertinentes qui ne fait pas de vous un jaloux,un aigri versé dans les supputations de salon. Seulement il y a lieu de faire confiance à Blaise COMPAORE qui n’est ni ange ni démon mais un homme qui veut servir son pays et l’Afrique,un homme avec ses forces et ses faiblesses. A mon humble avis,comment Blaise COMPAORE,stratège militaire et fin négociateur,rompu à la gestion de la chose publique,pourrait n’avoir pas mesuré les éventuels risques et pris les précautions qui s’imposent quand il s’engage dans les médiations de conflits, négociations et libérations d’otages ? Par sa grande expérience de l’exercice du pouvoir,il sait qu’on ne gère pas un Etat comme on gère une boulangerie. Alors que les Burkinabe se rassurent, l’apocalypse ne viendra pas des négociations du Chef de l’Etat.Je ne suis ni jaloux ni aigri mais simplement un sans grade,sans titre ni fonction qui veut apporter sa modeste contribution.

  • Le 26 avril 2012 à 15:46 En réponse à : Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

    Eh bien ! Espérons que ce ne serait pas contre nous un jour. Je crains que ces gens ne pactisent avec ces rebellions pr se pérenniser au pouvoir. Qui dit qu’il ne feront pas recours à eux pr déstabiliser le pays quand ils ne voudront pas partir ds qq années ? Réveillons-nous, Dieu nous garde.

  • Le 26 avril 2012 à 16:29, par mackiavel En réponse à : Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

    Le caïd que vous allez voir au Théâtre populaire pour retrouver votre engin volé, on l’appelle comment ?

    • Le 27 avril 2012 à 22:04, par point2vue En réponse à : Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

      On l’appelle "complice" ou "receleur". Et dans le cas des libérations d’otages par le PF je dirai que Blaise joue le parfait rôle d’un "receleur d’otages".
      Je l’ai dejà dit sur ce forum. Il ne faut pas trop jouer avec le feu. L’article du journaliste est très limpide et rempli de bon sens. Ce n’est pas parce que c’est blaise qui ne plait pas à nous autres "ces jaloux" que nous parlons ainsi. Et puis entre nous, les retombées positives de ce nouveau deal avec comme garçon de course Golf, ne sont que pour lui. Il faut être naïf pour croire un seul instant que c’est le BF qui sort gagnant. Je dis : ces guerriers d’un autre temps ne sont pas des enfants de coeur. Leur logique nous échappe le plus souvent. Contrairement à ce qu’un autre intenaute dit des qualités de fin stratège militaire de Blaise, il demeure un "caffre" pour les islamistes jusqu’à ce qu’ils decident un jour de se passer de ses services. Il peut jongler de manière "indéfini" avec son peuple pour se maintenir au pouvoir mais pas avec les AQMI et Ansar Dine qui eux ont l’antidote des traites.
      Prions seulement le ciel que le BF ne connnaisse un jour des heures de terrorisme.

  • Le 26 avril 2012 à 17:01, par Pierros En réponse à : Libération d’otages par le Burkina : Les liaisons dangereuses

    « Même si on n’aime pas le lièvre reconnaissons qu’il court vite » dit un dicton.
    Apprenons cependant à nous respecter. Il faut absolument qu’on se respecte.
    D’autres ont tué Sadam, Ben La Den et certains Kadaffi mais ne se sont pas accaparés du pouvoir. Ils sont partis à la fin de leur mandat sans heurt.
    Exploit oui,
    Monarchisation et personnalisation du pouvoir non !

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