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CHRONIQUE DU GOUVERNEMENT : Problématique et enjeux des hydrocarbures

Publié le mercredi 25 avril 2012 à 00h46min

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A l’instar des autres pays importateurs nets d’hydrocarbures, le Burkina Faso est confronté à une dépendance énergétique qui limite la compétitivité de son économie, notamment le développement des secteurs productifs comme l’industrie et l’agriculture. La pauvreté énergétique de ce pays est caractérisée par l’accès limité aux services énergétiques modernes et l’insuffisance des infrastructures de base. Elle explique les raisons de la problématique récurrente de la disponibilité des produits pétroliers à des prix, difficilement, supportables par les entreprises privées et les ménages. Depuis décembre 2009, le Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures (CIDPH) est la structure chargée de la gestion des prix des produits pétroliers au Burkina Faso.

En rappel, la structure actuelle des prix des hydrocarbures est déterminée sur la base de l’arrêté n°033/MCPEA/SG/IGAE du 10 mai 2001 dont l’objectif principal est l’application de la vérité des prix. La hausse de plus de 240 % du cours du baril de pétrole de 1999 à 2008, s’est répercutée directement, sur les prix des produits pétroliers dans les pays importateurs nets de ce produit. Malheureusement, un pays enclavé comme le Burina Faso qui ne produit pas du pétrole subit fortement les péripéties du marché international. De 2001 à 2009, les prix des hydrocarbures à la pompe ont connu une très forte hausse passant du simple au double au Burkina. Les prix du pétrole et du gasoil ont crû de 8% chacun en moyenne par an, ceux du super 91 et du DDO, respectivement de 4% et de 7%.

Par exemple, le prix du super 91 est passé de 495 F CFA à 665 F CFA le litre, tandis que le litre de gasoil qui était vendu à 380 F CFA en 2001, se vendait à 655 F CFA en 2009. Face à ces hausses des prix, l’idéal serait d’avoir recours à la pratique de la vérité des prix. Cependant, au regard de l’impact du sous-secteur des hydrocarbures sur l’économie nationale, en l’occurrence sur les ménages, les entreprises industrielles, il n’est pas forcément, indiqué de laisser la seule loi du marché réguler les prix. C’est l’une des raisons qui justifient les subventions accordées par l’Etat pour soutenir la production d’électricité et la consommation du gaz butane. Egalement, à travers le mécanisme de détermination des prix des hydrocarbures, le gouvernement procède, si chaque fois que de besoin, au blocage des prix, en cas d’une hausse au-delà d’un seuil supportable par les agents économiques.

Impact sur les couts des facteurs et sur les revenus des ménages

Au Burkina Faso, les hydrocarbures constituent l’un des principaux facteurs de production et d’offre des services énergétiques modernes. Ainsi, une variation du prix des produits pétroliers influe directement, sur les coûts de transport et de l’électricité et indirectement, sur les autres sous-secteurs de l’économie comme l’industrie, l’agriculture, le commerce et les services. La hausse des prix des produits pétroliers est l’une des raisons du renchérissement du coût des intrants et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages. En effet, selon les résultats du rapport public 2007-2008 du Conseil économique et social (CES), la flambée des prix des produits pétroliers a entraîné au cours, de cette même période, une aggravation de l’inflation de 3,8% et partant, une cherté des denrées des produits de première nécessité. Aussi, la consommation d’hydrocarbures a représenté près de trois quarts (3/4) des dépenses des ménages.

Impact sur l’équilibre budgétaire

Pour atténuer les répercussions néfastes de la hausse des prix des produits pétroliers sur le développement de l’économie, le gouvernement consacre annuellement, une subvention de 15 milliards F CFA pour accompagner la production de l’électricité et une autre subvention de 7 milliards F CFA sur la consommation du gaz butane. Les dépenses de subventions et les risques d’aggravation du déséquilibre budgétaire augmentent, au fur et à mesure que les prix des hydrocarbures s’accroissent. En outre, la flambée des cours des produits pétroliers, enregistrée ces trois dernières années, explique en partie la chute des recettes d’exportation et l’augmentation des dépenses d’importation. Par ailleurs, dans un souci de réduire l’impact de l’augmentation des cours mondiaux de pétrole sur le bien-être des ménages et la productivité des ménages, l’Etat est parfois contraint de bloquer les prix à la pompe ou de ne pas répercuter l’intégralité des variations des prix.

Mais, ces mesures ne sont pas sans conséquences sur la gestion de la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) qui supporte la totalité des manques à gagner. En 2007-2008, le manque à gagner a atteint 26 milliards F CFA. Les difficultés à combler ces pertes ont été à l’origine de la détérioration de la trésorerie de la société, la perte de confiance des banques et des fournisseurs, la réduction des capacités d’approvisionnement et de maintien d’un stock requis de sécurité. Outre ces actions pour atténuer les effets de la flambée des prix des produits pétroliers classiques, le gouvernement s’est engagé dans la promotion du biocarburant dont la maîtrise de sa production contribuera à réduire de manière substantielle, la facture pétrolière du Burkina Faso.

Mais pour l’instant, l’impact sur l’environnement et les contraintes liées à la réalisation d’investissements durables et rentables nécessitent que toutes les précautions soient prises pour accompagner le processus de production et de commercialisation du biocarburant. En attendant que les bienfaits de la production de biocarburant burkinabè ne soient effectifs, le gouvernement est en train de mettre en place un mécanisme pérenne de réajustement automatique des prix des produits pétroliers à la pompe pour éviter les déséquilibres budgétaires de l’Etat et de la SONABHY, ainsi que l’érosion du pouvoir d’achat des ménages. Le nouveau mécanisme devra recevoir un large consensus et une appropriation par l’ensemble des acteurs, afin d’éviter les polémiques récurrentes autour de la variation des prix des hydrocarbures. Il permettra de réduire le volume des manques à gagner, dans la mesure où l’application de la vérité des prix se fera avec une certaine souplesse pour limiter les risques de prolongement des hausses des prix au-delà des seuils critiques.

Toutefois, la mise en œuvre d’un tel mécanisme nécessite des réformes institutionnelles, en vue d’une meilleure coordination et harmonisation des structures concernées. Egalement, le dispositif réglementaire mérite d’être révisé, pour le recadrer avec le contexte actuel. Dans le même sens, une amélioration du dispositif de gestion et de suivi du sous-secteur est importante pour assainir le circuit d’approvisionnement et de distribution des hydrocarbures.

Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 25 avril 2012 à 01:14, par Burkindi En réponse à : CHRONIQUE DU GOUVERNEMENT : Problématique et enjeux des hydrocarbures

    Simple suggestion bien que je ne sois pas economiste. Peut-etre que beaucoup sauront me demontrer que ma suggestion est mauvaise, mais c’est quand meme toujours bon a savoir. Pourquoi ne pas mettre en place une raffinerie nationale qui emploiera des cadres Burkinabes meme si dans un premier temps il nous faudra des expertises internationales. Nous pourrons ainsi commander du petrole brut qui sera raffine au Burkina Faso. Les derives et dechets comme les eaux acides sont exploitables, ainsi nous pourrons au moins fixer le prix a la pompe nous meme comme c’est le cas dans certains pays du Maghreb.

  • Le 25 avril 2012 à 12:49, par bab En réponse à : CHRONIQUE DU GOUVERNEMENT : Problématique et enjeux des hydrocarbures

    Sans commentaire, ce article vise à préparer les esprits à une futur augmentation des prix des produits pétroliers.
    La vigilance s’impose donc !

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