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Soudan du Sud : Or noir, couleur sang

Publié le mardi 24 avril 2012 à 03h04min

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Le divorce n’avait déjà pas été conclu à l’amiable, maintenant, c’est la guerre ouverte. Plus d’un an après le référendum d’autodétermination et près de neuf mois après la proclamation de l’indépendance du Soudan du Sud, un conflit a éclaté avec son puissant voisin et frère "ennemi" de l’autre Soudan depuis fin mars.

A l’origine, l’accord de dépeçage du Soudan, qui prévoyait de faire de la région frontalière autour de la zone pétrolière de Heglig, entre les deux Etats, une sorte de condominium.

Faisant fi de cet accord, Khartoum décrète la région partie prenante de son Etat fédéral, sous l’appellation de Kordofan-Sud avec Heglig comme capitale ; d’où le début des affrontements.

La situation s’est envenimée le 10 avril quand l’armée du Soudan du Sud a pris cette zone stratégique aux troupes soudanaises, affirmant défendre à tout prix ce champ pétrolifère frontalier.

Vendredi dernier, Khartoum a annoncé la reprise de Heglig à l’armée sud-soudanaise, qui a pour sa part affirmé avoir mené, sous la pression internationale, un retrait volontaire et progressif. Des avions bombardiers soudanais ont lancé lundi un nouveau raid contre Bentiu, capitale du pétrolifère Etat frontalier sud-soudanais d’Unité.

Cette situation montre, si besoin était encore, que c’est la mort dans l’âme qu’Omar El Béchir a consenti à la partition, qui lui est restée en travers de la gorge. Il semble, en effet, vouloir profiter de la situation actuelle pour faire rendre gorge au président sud-soudanais, Salva Kiir. Le gouvernement sud-soudanais, qui a hérité des trois quarts des réserves de brut des deux pays, est désormais qualifié d’"ennemi" par Khartoum.

Comme souvent dans ce genre de conflits, la guerre des chiffres également s’installe : pendant que Khartoum parle de 1 200 morts chez les Sud-Soudanais, oubliant de préciser ceux de ses propres troupes, Juba, elle, évoque 19 morts dans ses rangs et 240 dans ceux adverses. La vérité est certainement entre les deux.

En attendant, qu’il s’agisse d’un ou de mille morts, ce sont les populations qui souffrent le martyr avec de nombreux déplacés qui semblent condamnés à errer avec leur baluchon telles des âmes en peine.

Il faut donc très vite arrêter le massacre, car, plus que jamais, la nécessité pour ces deux Etats de trouver un modus vivendi s’impose. Souhaitons, à cet effet, que les appels de la communauté internationale, notamment l’ONU et Washington, ne soient pas comme tombés pas dans l’oreille d’un sourd.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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