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CONSTITUTIONNALISATION DE LA CHEFFERIE COUTUMIERE : La fin du règne des gourdins ?

Publié le vendredi 20 avril 2012 à 01h54min

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J’ai constaté que dans les multiples médiations que mène notre président, les chefs coutumiers occupent une place de choix. Dans les multiples transitions qui naissent des coups d’Etat militaires, les mêmes autorités coutumières sont appelées à jouer les sauveteurs parce qu’impartiales et dignes de confiance. Et au Burkina, les chefs, les rois étaient des juges de paix. C’est à eux qu’on recourait en dernier ressort pour résoudre un conflit très délicat. Ils étaient des dépositaires de savoir et incarnaient la sagesse. Mais aujourd’hui, de plus en plus, je me rends compte que certains de ces chefs sont des fauteurs de troubles. C’est à cause d’eux que des communautés, jadis paisibles, se rentrent dedans. Il y eut récemment un cas où des hommes se sont transformés en bêtes assoiffées de sang pour ôter la vie à d’innocentes personnes.

Gardez-vous de réveiller des gourdins et des machettes. Evitez d’ensanglanter des frères et des sœurs. Cherchez à toujours éviter le pire. Certains chefs coutumiers sont devenus des causes d’instabilité et de désordre au contraire d’autres bonnets rouges qui se drapent toujours des vertus de l’honneur, de la dignité et du pacifisme. Heureusement, ils sont les plus nombreux. Et cela, avec des autorités publiques qui regardent, impassibles, mais parfois à leur corps défendant, les débuts de troubles et accourant après, en pompiers pour éteindre inutilement d’incandescents foyers.

C’est vrai, la chefferie coutumière est un domaine très sensible, très particulier et les insuffisances ou vides juridiques recommandent la prudence de la part de l’Administration. En tout cas, face à cette récurrence, j’en suis à demander à Dieu d’accorder l’immortalité à tous les chefs coutumiers du Burkina afin de nous éviter d’assister à des successions dans le sang. Mais comme je sais que Dieu n’est pas aussi fou que moi, je revois mes souhaits à la baisse et espère que la constitutionnalisation annoncée de cette chefferie coutumière mettra fin au règne de plus en plus envahissant des gourdins et des machettes. Cependant, j’aimerais bien savoir ce que cette notion de constitutionnalisation renferme. Va-t-on donner un statut aux chefs et en faire des salariés avec retraite et tout et tout ? Dans ce cas-là, je crains qu’on attise l’infernal feu de la convoitise dans le cœur cupide des hommes. Ou va-t-on simplement se borner à dire que la chefferie coutumière est dans la Constitution et donc, qu’elle existe ? Sans plus ? Dans ce cas, on n’est pas encore sorti de la case nauséabonde des querelles de chefferie. Eh oui, parce que si la loi fondamentale n’arrive pas à mettre en place un mécanisme qui permette d’éviter que les gens deviennent des chacals dès qu’un chef meurt, à quoi bon ? S’il n’y a aucune méthode palliative pour régler à l’amiable les successions, laissant le soin aux règles de chaque communauté, cette constitutionnalisation risque d’être une coquille vide. En effet, une loi est faite pour faire face à un problème que rencontre une société.

Or, le véritable intérêt de demander l’avis des députés sur la chefferie coutumière aujourd’hui est de chercher comment éviter qu’elle ne trouble l’ordre public. Il ne sert à rien de donner un corps de baobab à un pied de papayer si ce dernier n’en a pas les racines. Moi en ce qui me concerne, je crois que le problème de notre chefferie coutumière réside dans le fait qu’elle intervient dans la politique et dans le fait aussi que la politique fouille sous les bonnets des chefs coutumiers. Des fouilles mutuelles qui ne peuvent qu’accoucher de la désolation. La constitutionnalisation de la chefferie coutumière mettra-t-elle fin au règne des gourdins et des machettes ?

C’est la question que je pose, et dont j’attends une réponse urgente. On a déjà trop à faire avec la vie chère pour se permettre de nous massacrer à tout vent. Au fait, pourquoi ne pas légalement nommer 45 chefs coutumiers intérimaires permanents dans les 45 provinces du Burkina qui joueront aux chefs chaque fois que des Burkinabè se disputeront un trône ? Une idée folle, direz-vous ? Mais de qui est cette chronique ?

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