Burkina Faso : Quand Ouagadougou se transforme en jungle urbaine, les limites d’une politique sécuritaire
Que diantre ! Nous assistons de plus en plus à une insécurité grandissante dans notre pays notamment dans les grands centres urbains comme Ouagadougou. En effet, il ne se passe pas une semaine sans qu’un individu soit retrouvé mort ou attaqué par des malfrats.
C’est dommage que notre société arrive à être considérée comme une jungle où c’est la loi du plus fort qui prévaut. Les victimes, elles ne savent plus à quel saint se vouer .
C’est comme si nous nous acheminons directement vers l’état de nature où la barbarie et la criminalité auront pignon sur rue. Pour sûr, l’état des lieux est peu reluisant et laisse planer une inquiétude dans les âmes des citoyens. Quelques exemples parmi tant d’autres que nous avons recensés ici attestent si besoin en était que la criminalité est bien développée à Ouagadougou.
Nous passons sous silence les assassinats de veilleurs de nuit et les attaques a mains armées sur les principales routes à l’intérieur du pays. Nous nous contentons
seulement de décrire la situation telle qu’elle se présente à Ouagadougou.
Exemple 1 : un agent de liaison de la Présidence retrouvé mort à Toudbwéogo
Le 21 mars 2012, Boukary Ouangrawa, agent de liaison à la Présidence du Faso et imam d’une mosquée à Zogona non loin de la station petrofa a été retrouvé mort jeté dans des ordures dans le quartier Toudbwéogo, à environ trois kilomètres de la voie.
Selon sa famille, il aurait reçu des coups de machette, et peut-être même de hache.
Le rapport de police, selon une source digne de fois, indique que le meurtre n’a pas été commis au lieu où le corps a été retrouvé. Les bourreaux ont pris le soin de dépouiller leur victime, en emportant notamment sa moto et son téléphone portable. Les circonstances de ce meurtre restent toujours inconnues.
Selon la famille de la victime, le mardi 20 mars 2012, Boukari Ouangrawa, a quitté tôt le matin son domicile, sis à la trame d’accueil pour se rendre à son lieu de service, à la Présidence du Faso où il est planton. A midi, il est revenu à domicile manger et se reposer un peu avant de repartir avant 15 heures. Toute la nuit du mardi, il n’est pas revenu jusqu’au matin.
Inquiète de son absence prolongée, sa femme se rendit dans la grande famille à Zogona pour informer ses parents.
La famille a lancé les recherches et a fini par trouver le corps à la morgue. L’enquête ouverte par la police n’a toujours pas permis de retrouver les bourreaux de Boukari Ouangrawa, âgée de 37 ans.
Exemple 2 : une gendarme reçoit plusieurs coups de couteau devant sa porte à Pissy
Fin mars, une gendarme, qui habite Pissy, non loin de Jeunesse pour Christ, a été attaqué devant sa porte par deux individus.
Pendant qu’elle rentrait chez elle aux environs de 23 heures, elle se rendit compte qu’elle était suivie par deux individus qui s’étaient remorqués sur une moto. Arrivée à son domicile, elle voulut forcer le portail de la cour, qui était malheureusement bien fermé. Elle se retrouva ainsi par terre.
Ses bourreaux n’en demandaient pas autant, Ils se jetèrent sur elle et lui assenèrent plusieurs coups de couteau.
Heureusement, les coups ne lui ont pas été mortels. Elle fut évacuée d’urgence dans un centre de soins. Les multiples descentes de la gendarmerie dans le quartier ponctuées de contrôle de pièces d’identité et autres, pour tenter de dégager des pistes qui pourraient la conduire à d’éventuels suspects n’ont rien donné de probant.
Exemple 3 et Le cas le plus récent : un assistant de police retrouvé mort au quartier Samandin
Le 4 avril dernier aux alentours de 7h, la stupeur et l’incompréhension se lisaient sur les visages de curieux badauds attroupés, derrière un cordon de sécurité déployé par la police. Le corps d’un individu ensanglanté, sans vie et criblé d’impact de projectiles d’une arme, jetée sur le sol, laisse les uns et les autres déconcertés. Renseignements pris, nous apprenons d’une source digne de foi, que le corps découvert serait celui d’un assistant de police ayant la quarantaine et qui serait en poste à l’aéroport international de Ouagadougou.
Selon les témoignages, le crime a été commis dans la nuit du mardi 3 avril au mercredi 4 avril 2012 aux environs de 3-4 heures du matin, car des coups de feux ont été entendus par les voisins à cette heure-là. Vraisemblablement, l’assistant de police, après son service et regagnant son domicile, aurait donc été agressé par des individus armés et s’en est suivi un bref échange de tirs à l’arme automatique.
C’est au cours de ces échanges de tirs que l’assistant a été fauché par plusieurs projectiles.
La police scientifique déployée sur les lieux a procédé aux constats d’usage avant que le corps ne soit enlevé. Sur les lieux, les supputations allaient bon train. Pendant que les uns attribuaient cet homicide à un règlement de comptes, les autres pensaient que l’infortuné policier aurait été victime d’un guet-apens tendu par des délinquants.
A l’analyse, la seconde hypothèse paraît la plus plausible, car avec le démarrage des travaux de réhabilitation du pont situé au niveau du terrain de sports René Monory, la déviation aménagée à cet effet, mène dans une zone à forte insécurité accentuée par l’absence d’éclairage.
Que l’Etat mène des actions fortes pour faire face à l’insécurité grandissante
Ces cas parmi tant d’autres, comme nous le disions plus haut, sont révélateurs d’un état d’insécurité grandissante à laquelle nous sommes de plus en plus exposés. Les citoyens sont d’autant plus inquiets et apeurés quand on sait que les bourreaux agissent sans que les forces de l’ordre et de sécurité ne puissent mettre la main sur eux.
Pourtant cette peur ne saurait être éternelle. Dès lors que les citoyens se sentiront en insécurité et que l’Etat ne fait rien pour leur quiétude, évidemment, ils prendront leur responsabilité. Ce sera donc l’avènement de la justice populaire où chacun individu ou groupe d’individu assurera sa propre sécurité et sa propre justice avec tous les risques de dérives et autres règlements de compte que cela pourrait comporter.
Avant qu’il ne soit donc trop tard, puisqu’il est déjà tard, il faut que l’Etat prenne des mesures vigoureuses pour décourager les candidats aux actes indignes et criminels.
Issouf Sidibé
San Finna