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Mali : La France assise « entre deux chaises »

Publié le vendredi 6 avril 2012 à 01h50min

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On l’avait connue plus engagée, surtout ces dernières années ! L’Afghanistan, la Libye, la Côte d’Ivoire… Récemment, la France n’avait reculé devant rien –si ce n’est le cas de la Syrie, sans jamais prêter attention à l’ingérence dont elle se rendait alors coupable. Sans jamais non plus envisager quelconques conséquences de ses actes et interventions. Mais, alors que, depuis plus de deux mois, la situation nord-malienne ramène le pays aux sombres heures de son histoire, la France affirme inlassablement qu’elle ne « s’engagera pas militairement » dans la résolution de la crise. Tout au plus multiplie-t-elle les déclarations, et tente-t-elle d’user de son pouvoir diplomatique. Quelle « étrangeté » de voir aujourd’hui celle qui s’affichait l’an dernier en sauveuse, rester aujourd’hui « dans ses petits souliers ? ».

Quelle surprise, de l’entendre déclarer que seule la CEDEAO peut-être habilitée à s’impliquer dans la résolution du conflit ?
Après le désastre libyen, la France aurait-elle enfin appris de ses erreurs ? Serait-elle finalement disposée à reconnaître le potentiel pouvoir décisionnel des institutions sous-régionales ? Le visage de la France serait-il en train de changer ? Sans doute s’emploie-t-elle plutôt, dans l’état actuel des choses, à faire le dos rond.

Timidité, diplomatie, et renouveau d’enjeux

Le coût d’une intervention militaire française, même sous un mandat de l’OTAN, ne saurait en effet être assumé par une France en crise, cherchant à freiner ses dépenses. On voit d’ailleurs mal comment Nicolas Sarkozy, président candidat à sa propre succession, pourrait justifier une telle intervention auprès de l’opinion française. Tant au niveau budgétaire qu’éthique. Mieux vaut sans doute s’abstenir pour le moment, plutôt que de risquer, à moins de trois semaines du premier tour de l’échéance, de lancer une nouvelle polémique.
Néanmoins, les choses s’accélèrent peu à peu. Des insipides déclarations, aux « yeux doux » faits au président du Faso par l’intermédiaire d’Alain Juppé, il y a plus d’un mois, la France entend aujourd’hui mobiliser la communauté internationale pour une rapide résolution de la crise. C’est que cette dernière a pris une autre tournure.

Le danger islamiste guette. Tombouctou, tombée aux mains d’Ansar Dine, d’AQMI et du MNLA, vivrait depuis l’heure sous l’application de la « loi de la charia ». La lutte armée se transforme, et les revendications ne sont plus les mêmes. Il ne s’agit plus uniquement de rebelles Touaregs combattant pour l’indépendance du Nord du pays. Le chef du mouvement Ansar Dine, lui, se bat pour l’application de la charia dans tout le Mali. Nul ne doute que ce dernier ne s’arrêtera pas à Tombouctou. C’est Bamako qui est visé.

C’est ainsi que, assise entre deux chaises, la France avance « sur la pointe des pieds ». Sa volonté d’agir contre les mouvements islamistes ne fait aucun doute. C’est pourquoi elle somme aujourd’hui le Conseil de sécurité de l’ONU, et également la CEDEAO, de se mobiliser contre les risques en présence au Mali. Mais, redoutant sans doute le sort des 6 otages français encore détenus par AQMI, elle exclue inlassablement toute possibilité d’engagement militaire.
Non, la France n’a pas changé. Ses intérêts toujours « en ligne de mire », elle va simplement tenter, cette fois-ci, d’user davantage de diplomatie.

Cerise ASSADI-ROCHET/stagiaire

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 6 avril 2012 à 11:29, par Meister En réponse à : Mali : La France assise « entre deux chaises »

    Je viens de lire votre article mais je suis resté sur ma faim. Je pense que pour écrire un article en matière de géopolitique et de géostratégie, il faut faire montre davantage de maîtrise du sujet et d’une analyse critique plus poussée.
    Le titre de votre article ne semble pas en phase avec la réalité. Y a-t-il déjà eu une crise dans un pays de l’Afrique francophone dont la France est étrangère ? Comment pouvez-vous comprendre qu’on exige le rétablissement de l’ordre constitutionnel avec le Président de l’assemblée nationale alors que le Président démocratiquement élu en exercice est toujours là ?
    L’Afrique francophone doit se réveiller. Pendant qu’au fil du temps, la France travaille à faire évoluer sa stratégie d’approche pour mieux asseoir sa domination et maintenir sa mainmise sur les colonies soient disantes indépendantes, nous, de notre côté on continue de faire preuve de naïveté sans borne. En témoigne cette attitude de la CEDEAO.

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