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M. Rafael PLA MICO, Président d’une grande confédération espagnole d’industriels du textile : « Nous voulons investir au Burkina… »

Publié le vendredi 30 mars 2012 à 18h17min

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Monsieur Rafael PLA MICO est le président de la confédération intersectorielle et territoriale du Cluster (groupe) Textile de la communauté de Valence (COEVAL). Il exerce dans la zone principale du cluster textile d’Espagne. La globalisation de l’économie fait que sa confédération est toujours à la recherche de nouvelles opportunités partout dans le monde. Objectif numéro un : réduire les coûts de production et conquérir de nouveaux marchés. Le Burkina lui, reste l’un des premiers producteurs du coton même si le pays n’a pas suffisamment d’industries de transformation de cette matière première en produit fini. La confédération de M. PLA veut s’approcher de sa matière première, le Burkina veut accélérer le développement socioéconomique et la création d’emploi. Il y’a suffisamment de raisons d’espérer un partenariat économique entre les deux parties.

Vous êtes le président d’une confédération intersectorielle du textile de la communauté de Valencia. Parlez-nous de votre confédération.

D’abord il faut savoir que notre cluster textile est l’un des plus importants d’Espagne ; même si dans la région de Catalogne il existe également un important cluster textile. C’est donc une multitude d’industries que renferme ce secteur dans ces deux régions. Précisément dans la région de Valencia qui relève de ma compétence, nous avons une tradition de l’industrie du textile fortement ancrée. C’est à dire que notre confédération du cluster textile compte avec plusieurs entreprises qui couvrent ce secteur allant de A à Z. C’est un processus complet de transformation depuis l’acquisition de la matière première (coton) jusqu’au produit fini en passant par la formation des travailleurs. Par ailleurs grâce à notre confédération, beaucoup d’entreprises de services, de robotiques et machineries se sont développées autour du textile et cela a permis la création de multiples emplois diversifiés dans notre région.

Vu l’importance de votre confédération, on peut imaginer que vous avez certainement des ambitions constantes d’expansion de votre marché. A ce niveau actuel, avez-vous considéré l’hypothèse d’élargir votre partenariat vers l’Afrique ?

Le secteur textile est tellement évolué dans notre région que les entreprises se sont toujours adaptées au fil du temps aux marchés qui s’offrent à eux. Il est vrai qu’en Espagne les entreprises du textile se sont regroupées dans la communauté valencienne mais notre confédération a toujours eu une vision internationale. Nous avons eu des relations professionnelles un peu partout dans le monde. En plus maintenant nous sommes à l’ère de l’économie globale où il y’a nécessité de procéder à des multi localisations afin d’étendre efficacement le marché. Tout pays qui est en phase de son développement socioéconomique peut devenir notre partenaire dans ce processus industriel ; cela est clair pour nous. Ce pays peut être fournisseur de matière première ou accueillir une phase de la production industrielle (délocalisation partielle). Ça dépend du partenariat que nous aurons signé. On pourrait même faire une expansion du marché dans toute la sous-région à partir du pays d’accueil.

Le gouvernement du Burkina Faso vient de lancer une stratégie (ndlr : SCADD) dans l’objectif d’accélérer le développement socioéconomique. Pour attirer les investisseurs, les autorités du Burkina offrent des garanties aux entreprises étrangères qui veulent développer leurs activités dans notre pays. Voyez-vous le Burkina Faso comme possible partenaire économique ?

Je vous l’ai dit, notre Confédération est vraiment ouverte et prête à investir dans tous les pays où il existe des opportunités économiques. M. Hilario TERUEL MONTANER (ndlr : consul du Burkina à Valencia) nous a montré son intention de promouvoir le Burkina dans le domaine du coton. Il nous a informés des opportunités que notre confédération, spécialisée dans l’industrie du textile, pourrait saisir au Burkina vu que le pays est l’un des premiers producteurs africains du coton. Et quand on parle textile, on cite forcement le coton qui est la matière première. Par ailleurs dans la zone ouest africaine, la position géographique du Burkina Faso est intéressante pour la fabrication et distribution du produit fini. Le pays compte aussi avec une stabilité politique qui peut motiver les investisseurs.

Ces détails sur votre pays nous ont séduits au niveau de notre confédération. C’est pourquoi nous avons adressé une lettre au Consul du Burkina à Valencia le mandatant de prendre les contacts nécessaires avec les autorités du pays afin de nous livrer des informations officielles sur le coton. Nous attendons la réaction de Ouagadougou.

Vous pouvez aussi accélérer le processus d’implantation de vos industries en effectuant le voyage au Burkina et rencontrer sur place les décideurs politiques. Non ?

Vous savez, le monde des entreprises est devenu tant global qu’il existe de mêmes opportunités dans plusieurs pays à la fois. L’opération de charme est maintenant à l’inverse ; c’est désormais aux États de faire les premiers pas pour attirer les investisseurs. Ce sont ces pas que nous à notre niveau nous attendons des autorités du Burkina Faso. En tant que président d’un groupe d’entreprises du textile, j’ai personnellement rédigé une lettre pour exprimer notre intérêt. Dans une confédération d’entreprises telle que la mienne, nous avons besoin de correspondances officielles pour intéresser les uns et les autres. Maintenant c’est aux autorités de votre pays de nous fournir des éléments qui pourront aider à accélérer notre démarche. Je pense que ça ne saurait tarder.

Quel projet avez-vous en tête pour le Burkina si toute fois l’état burkinabè vous accordait des garanties attrayantes ?

A priori, nous ne pouvons pas aller avec un projet d’implantation déjà ficelé sans mieux connaitre les règles du jeu. Et dans ce cas c’est l’État burkinabè qui établit les règles. Un partenariat économique peut se faire de différentes manières. Ça peut être par la création d’entreprise mixte, une joint-venture, une délocalisation partielle, etc. Cela dépend. Dans le cas du Burkina Faso, ma confédération n’écarte aucune des possibilités que je viens de citer. Mais nous devons d’abord les étudier ensemble avec les autorités burkinabè.

Ça veut dire alors qu’on pourrait s’attendre à voir jeans, tee-shirts, chemises et autres dérivés sortir des usines avec la mention MADE IN BURKINA ?

Tout dépendra de la formule qui serait retenue dans les accords. Si nous percevons qu’une délocalisation est plus avantageuse, nous n´hésiterons pas. Vous savez qu’un investisseur n’investit pas pour perdre. En échange de la création de multiples emplois dans le pays d’accueil, l’investisseur doit faire du profit sans non plus passer par l’exploitation des travailleurs. Autant un État nous accorde des garanties pour intégrer un marché autant les entreprises doivent s’assurer du bien-être des travailleurs. Ça c’est la philosophie de notre Confédération d’industriels du textile.

Merci monsieur Rafael PLA. Je souhaiterais vous retrouver au Burkina Faso pour un prochain entretien.

Moi aussi je le souhaite. Ici à Valence, le consul du Burkina nous dit beaucoup de biens de votre pays. Personnellement, j’ai hâte de le découvrir. C’est dire qu’en plus de vouloir y faire des affaires, moi comme beaucoup d’autres considérons à présent le Burkina comme une possible destination touristique.

Entretien réalisé par Roland Zongo Sanou
Correspondant en Espagne<br
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