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Santé de la reproduction : Les journalistes africains s’engagent

Publié le mercredi 14 mars 2012 à 00h35min

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Environ 350 000 femmes meurent chaque année de complications liées à la grossesse en Afrique. 10 à 15 millions souffrent de maladie ou deviennent invalides. Plus d’un million d’enfants sont privés de leurs mères et donc rendus vulnérables. Certes, des engagements ont été pris par les Etats pour revoir ces chiffres à la baisse d’ici à 2015, mais connaissent des problèmes d’application. Pour permettre aux médias de jouer pleinement leur rôle dans l’interpellation des dirigeants politiques mais aussi dans la sensibilisation des populations, l’IPPF a organisé une réunion consultative avec les médias africains du 08 au 10 mars 2012 à Abidjan en Côte d’Ivoire.

Venus du Burkina Faso, du Sénégal, du Niger, du Lesotho, de l’Afrique du Sud, du Kenya, du Rwanda, de la Côte d’Ivoire, ils étaient une vingtaine de journalistes spécialistes des questions de santé sexuelle et de la reproduction mais aussi des généralistes et patrons de presse à prendre part à la réunion consultative d’Abidjan dans les locaux de l’association ivoirienne pour le bien-être familial (AIBEF). Les participants sont issus de la presse écrite, radio, télévision et presse en ligne en provenance de toutes les sous-régions d’Afrique sub-saharienne (ouest, centre, est, australe). Le Burkina Faso était représenté par Lefaso.net et Syfia International.

Pendant 72h, ils se sont familiarisés avec les questions de santé de la reproduction et les engagements pris par les Etats. Constat : beaucoup de rencontres tenues, beaucoup d’engagements pris aussi bien au niveau africain qu’au niveau international, mais l’atteinte des objectifs fixés est loin d’être gagnée. Les défis sont surtout énormes en ce qui concerne les points 4, 5 et 6 des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés à l’horizon 2015.

L’échéance approche à grands pas. Mais, c’est sûr, les objectifs ne seront pas atteints pour la plupart des Etats africains. « A moins d’un retournement de situation extraordinaire, les pays situés au sud du Sahara ne seront pas au rendez-vous à l’échéance butoir ». C’est ce qu’indique la revue des OMD de septembre 2010, et celle de la mise en œuvre du plan d’action pour l’opérationnalisation du cadre continental de santé de la reproduction. Le Plan d’Action de Maputo, fruit d’un partenariat entre l’IPPF-Région Afrique, l’Union Africaine et UNFPA, conçu comme un accélérateur de l’atteinte des OMD 4, 5, et 6, a donné des résultats décevants. Les chefs d’Etat qui l’avaient adopté en janvier 2007 à Addis Abeba, en Ethiopie, ont donc repoussé le terme de sa mise en œuvre de 2010 à 2015 pour coïncider avec celui des OMD. Les pays ont été encouragés à donner toute son importance à la mise en œuvre du Plan de Maputo et les autres partenaires à amplifier leurs actions dans le même sens.

Les médias, partenaires clés

L’IPPF – Région Afrique a donc intensifié ses actions de plaidoyer en direction d’acteurs clefs comme les Communautés économiques régionales, le Parlement panafricain, les gouvernements et parlements nationaux, les agences de financement du développement (UE, G8, G20, etc.) afin d’accroitre la mobilisation autour de la promotion des objectifs du plan de Maputo.

Le monde des médias et la communauté des journalistes font également partie des acteurs clés sur lesquels l’IPPF s’appuie pour se faire entendre. En tant que moyen d’information, de sensibilisation de partage et de médiation entre différents acteurs autour de la santé et des droits en matière de sexualité et de reproduction, les médias doivent jouer un rôle social crucial. Ce qui ne semble pas être le cas actuellement. La photographie de la situation des productions journalistiques n’est pas reluisante. « Les productions des journalistes ont peu d’impact aussi bien sur la population à la base que sur les dirigeants », ont reconnu les participants. Il est reproché aux médias de ne pas s’investir pleinement, le sujet n’est pas vendeur.

Afin de relever les défis de la couverture médiatique des thématiques sur les droits liés à la santé et aux droits en matière de sexualité et de reproduction, les participants ont formulé un certain nombre de recommandations à savoir : Choisir le bon angle, en privilégiant les témoignages et en donnant un visage humain aux articles et reportages ; familiariser les journalistes au vocabulaire qui sied ; leur faciliter l’accès à l’information et aux personnes ressources ; nouer des cadres de partenariat entre organes de presse et ONG, mais aussi sensibiliser les patrons de presse afin qu’ils facilitent la collecte, la production et surtout la diffusion d’articles sur la santé de la reproduction dans leurs différents médias.

Une déclaration d’Abidjan

Pendant trois jours, la rencontre d’Abidjan a permis de débattre des formes de partenariats entre médias, entre médias et ONG travaillant dans la santé sexuelle et de la reproduction. Ainsi donc au bout de trois jours, la rencontre d’Abidjan a accouché d’une déclaration dite d’Abidjan. Les journalistes participants se sont engagés à s’impliquer dans le plaidoyer en faveur des activités de l’IPPF, ainsi qu’à un changement de comportement des acteurs du développement (communautés et décideurs), en vue de l’atteinte des OMD 2015, tout comme la mise en œuvre des agendas pré et post 2015 en rapport avec la santé de la sexualité et de la reproduction aussi bien qu’avec les droits afférents. « Ils décident en outre à diversifier leurs productions médiatiques et élargir leurs impacts sur les acteurs du développement, en encourageant l’échange des productions ainsi que leur conversion d’un format à un autre, afin de garantir la prise en compte de la dimension multimédia de la contribution des médias ».

Par ailleurs, ils ont souhaité voir « se concrétiser le besoin évident de création d’un réseau des médias et journalistes spécialisés dans la production d’informations liées aux points 4, 5 et 6 des OMD dans le but de formaliser la contribution des médias et journalistes aux agendas pré et post 2015 en matière de santé de reproduction ». Pour donner suite aux travaux entamés à Abidjan, un comité de trois personnes a été mis en place pour proposer un plan d’action de la plateforme qui devra voir le jour à l’issue de cette rencontre. Il est présidé par Biava Seyena SESHIE de l’agence panafricaine PANAPRESS.

L’objectif à terme est d’intéresser les journalistes aux thématiques de la santé sexuelle et de la reproduction dans le développement du continent africain. Le meilleur moyen d’y arriver, c’est d’améliorer leur connaissance dans le domaine et la réunion d’Abidjan est un grand pas.

L’équipe des journalistes a aussi visité la clinique de l’AIBEF (Association ivoirienne pour le bien-être familial) de Yopougon. Question de comprendre le fonctionnement de ce centre de santé, sa fréquentation et les types de patients reçus. Une visite bien appréciée des journalistes tout comme les agents de ce centre, et à la grande satisfaction du coordonateur du séminaire, notre compatriote Césaire Pooda, chargé de la communication de l’IPPF, région Afrique, basé au Kenya.

Moussa Diallo, Envoyé spécial à Abidjan
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 mars 2012 à 13:31 En réponse à : Santé de la reproduction : Les journalistes africains s’engagent

    Félicitation à l’IPPF pour l’organisation de cette rencontre et pour son rôle de leadership dans le domaine de la SSR.
    Bon vent aux journalistes qui y étaient et vivement que cette rencontre puisse susciter chez eux plus de productions dans le domaine de la SSR avant le soutien des patrons de presse.

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