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COTE D’IVOIRE : Le nouveau départ de Guillaume Soro

Publié le lundi 12 mars 2012 à 02h54min

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Guillaume Soro a finalement rendu sa démission de son poste de Premier ministre. Il permet ainsi au président Alassane Dramane Ouattara de mettre en œuvre son accord de gouvernement conclu avec le PDCI-RDA de Henri Konan Bédié. Une nouvelle page s’ouvre donc dans la trajectoire politique de l’ancien chef des Forces nouvelles (FN) qui, depuis 2002, est omniprésent dans le landerneau politique ivoirien, incontournable jusque-là dans le règlement de la crise ivoirienne. Si les informations se confirment, l’homme troquera aujourd’hui même son costume de Premier ministre contre celui de président de l’Assemblée nationale, devenant ainsi le dauphin constitutionnel du président.

Ce poste, s’il l’obtient, renforcera l’équilibre dans la gestion du pouvoir entre les trois forces qui ont remporté les élections de 2011 : le RDR, Le PDCI et les FN. Quoiqu’ayant été élu sous les couleurs du RDR, il sera difficile aujourd’hui de gommer dans l’esprit de l’opinion publique ivoirienne que Soro n’incarne plus l’image des Forces nouvelles, une force qui, progressivement, va s’installer comme un courant politique à l’intérieur du RDR. Cette mue a commencé juste après les élections et elle se renforcera au fur et à mesure que les institutions républicaines prendront leur vitesse de croisière. De ce nouveau piédestal, le député de Ferkessédougou pourrait aller chercher le fauteuil présidentiel le moment venu. On lui en prête l’intention.

A l’ombre d’ADO, cet élève déjà doué politiquement n’a plus grand chose à apprendre, sinon que la patience. Pour lui, il s’agira d’attendre son heure, d’éviter les coups bas aussi bien de ses adversaires que de ses partisans. C’est maintenant qu’il doit se forger une nouvelle image, celle d’un homme d’Etat et dire adieu à cette image de chef d’une rébellion armée. On ne peut s’empêcher d’avoir en mémoire cette image du chef politique de cette rébellion au moment même où la Cour pénale internationale (CPI ) a décidé d’élargir jusqu’à 2002 ses investigations sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire. Ses détracteurs le verraient bien en train de rejoindre Laurent Gbagbo à La Haye, en vue de répondre de ses responsabilités sur certains faits. On en est encore loin.

Car si ce poste de dauphin constitutionnel se confirmait, il servirait de fait comme un bouclier à Guillaume Soro, lui conférant une sorte d’immunité, si tant est que celle-ci soit valable en cas de convocation ou d’inculpation devant la CPI. Même si ce poste devait lui échapper, on imagine bien que le pouvoir en place lui trouverait une couverture et cela, tant que ce sera la lune de miel entre ADO et Soro. Ce qui est le cas actuellement. Il est donc difficile d’imaginer un lâchage à court terme de l’ancien Premier ministre, les chantiers urgents de la réconciliation et de la reconstruction étant toujours immenses. Et parce qu’il a besoin de tout le monde et surtout de sérénité pour mener à bien son premier mandat, on imagine mal le président ivoirien ouvrir la boîte de Pandore. Il s’affaiblirait lui-même par ailleurs. Que ce soit à l’Assemblée ou ailleurs, pour Guillaume Soro, une nouvelle carrière s’ouvre. Il est dans l’antichambre du pouvoir.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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