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Pascal Brou Aka, ex-DG de la Radiodiffusion télévision ivoirienne : « J’ai rejoint Alassane Ouattara au Golf hôtel pour ma sécurité… »

Publié le jeudi 1er mars 2012 à 03h26min

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Révélé au grand public ivoirien, voire africain par le débat télévisé ayant opposé, le 25 novembre 2010, les candidats Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo en direct sur les antennes de la radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), Pascal Brou Aka est un journaliste dont la carrière est allée crescendo jusqu’à atteindre son apogée avec sa nomination comme directeur général de la RTI. Mais il a perdu son poste, quelques mois seulement après sa nomination. « L’incident » semble désormais appartenir au passé parce que l’animateur du débat télévisé a été désigné, après, comme le représentant de la présidence de la république au sein du conseil d’administration de la RTI dont il est le président. Comment l’organisation du débat a été montée ? Comment a-t-il vécu avec les siens la crise postélectorale ? Ce sont entre autres questions auxquelles M. Aka a répondu au mois de janvier dernier.

Sidwaya (S.) : Pascal Brou Aka est bien connu dans le milieu des journalistes et du grand public ivoirien. Devons-nous encore vous demander de vous présenter ? Alors, juste un mot sur vous.

Pascal Brou Aka (P.B.A) : Je suis Pascal Brou Aka, journaliste à la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) depuis 1980. J’ai été formé à Abidjan, au studio Ecole de la RTI, aujourd’hui appelé ISTC (Institut des sciences et techniques de la communication) connu des Ivoiriens et des Africains. J’ai parachevé ma formation à l’école de journalisme de Bordeaux et à la Faculté des Lettres de Rennes en France. Je suis entré à la RTI le 1er juillet 1978. J’y ai passé deux ans au montage et une longue partie de ma carrière au service des sports où j’ai été pendant vingt-cinq ans journaliste sportif et chef de service des sports. C’est à cette époque que j’ai fait, avec beaucoup de souvenirs inoubliables, la connaissance des journalistes sportifs burkinabè comme Gabriel Barrois (NDLR : précédement à la Radio nationale du Burkina), Alexis Konkobo et surtout Abdoul Diallo avec lequel j’ai couvert de nombreuses Coupes d’Afrique des Nations (CAN).

J’ai couvert, si mes souvenirs sont exacts, six CAN en commençant par Alger en 1990, Johannesburg en 1996, Ouaga en 1998 jusqu’à Bamako en 2000, etc. Je suis marié et père de trois enfants dont le premier a 19 ans, étudiant à l’université ; le deuxième, 17 ans et le troisième enfant, une fille, 9 ans. Ma femme est professeur de philosophie. Et une confidence : pendant la crise postélectorale,,,,, mes enfants et ma femme étaient à Ouagadougou au Burkina d’où ils n’en sont revenus qu’à la fin des secousses politiques.

S. : Comment est née l’idée d’organiser un débat politico-médiatique de haute portée historique sur les antennes de la RTI à un moment où toute la Côte d’Ivoire retenait déjà son souffle ?

P.B.A : Notre monde étant devenu un village planétaire, nous n’inventons plus rien. Nous regardons ce qui se fait ailleurs et nous en tirons les meilleurs exemples pour les imprimer à la dynamique de la vie. A l’occasion de la campagne présidentielle de 2010, le Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA) avait décidé d’organiser plusieurs débats avec les candidats (ou leurs représentants) et surtout un face à face entre les deux candidats qui accéderont au second tour du scrutin présidentiel. Le CNCA avait donc créé une commission qu’elle a appelé « commission des débats » comprenant les représentants de candidats et une brochette de journalistes chevronnés sélectionnés pour conduire ces débats, et c’est ainsi que j’ai été désigné pour animer ce que nous avons appelé « la finale » entre les deux candidats, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Je précise que moi-même je n’étais pas membre de cette commission, donc je ne saurais vous dire le mode de désignation qui s’est porté sur ma modeste personne. Je sais seulement que les membres de la commission se sont accordés sur mon nom pour être le modérateur de la « finale » organisée, le 25 novembre 2010 sur les antennes de Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI).

S. : Quels effets cela a produit sur vous quand vous avez appris que c’est vous qui devez animer le débat télévisé entre les candidats, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ?

P.B.A : En me désignant comme le journaliste en charge d’arbitrer ce débat, j’ai perçu ce choix à la fois comme une grande responsabilité et un grand honneur parce que le débat télévisé a été non seulement retransmis en Côte d’Ivoire, mais aussi dans beaucoup de pays africains, américains et européens. Mais je dois vous avouer que je n’étais pas inquiet outre mesure parce que j’ai assez d’expérience et surtout j’étais aussi entouré de journalistes chevronnés avec lesquels j’ai préparé les questions. Ma tâche était donc facilitée, et ce d’autant que les règles du jeu nous étaient toutes connues et acceptées : le débat était chronométré sur deux heures avec une vingtaine de questions, je ne devais pas interpeller des candidats, je ne devais pas leur poser des questions individuelles (la même question s’adressait toujours aux deux).

S. : Aucun candidat n’a donc fait montre d’arrogance ? Pensez-vous avoir eu, de bout en bout, le contrôle du sujet ?

P.B.A : Je pense avoir eu le contrôle du débat parce que, moi aussi, je jouais ma carrière. J’avais en face de moi le président de la République sortant, Laurent Gbagbo et celui qui aspirait à devenir aussi président de la République. Je me devais de rester égal à moi-même, juste et respecter les consignes édictées par le comité de débat qui était présent dans une salle attenante au moment de l’entretien télévisé.

S. : Auriez-vous eu des menaces verbales ou physiques après l’animation du débat ?

PBA : Je n’ai pas eu de menaces après le débat. Au contraire. De nombreuses personnes ici comme ailleurs m’ont appelé pour me féliciter. Par contre, au temps fort de la crise postélectorale, nous avons eu des menaces quand nous étions surtout « réfugiés » à l’hôtel du Golf avec le président Alassane Ouattara, car beaucoup de gens pensaient que nous avions choisi un camp contre un autre, et moi, je les comprends.

S. : Quelle est la coloration politique de Pascal Brou Aka ?

P.B.A : J’ai décidé de ne pas faire de politique et je vote à chaque fois que de besoin, mais je ne milite dans aucun parti politique. Chaque citoyen a le droit de faire son choix et le mien est personnel. En Afrique, les journalistes souffrent de leurs choix politiques. J’ai commencé à faire ce métier très jeune, en 1978, j’avais 21 ans. En 1982, je suis allé achever ma formation à l’école de journalisme de Bordeaux en France où j’ai rencontré un professeur burkinabè du nom de Yaya Karim Drabo qui m’a beaucoup appris, non seulement dans ma profession, mais aussi dans la conduite de la vie. Ce professeur burkinabè pour lequel j’ai un grand respect et bien d’autres camarades que j’ai côtoyés sur mon chemin, m’ont justement dit qu’un journaliste ne doit pas avoir de casquette politique. Vous devez être un homme neutre. Vous pouvez avoir, si vous le voulez, vos sentiments, vos penchants, etc. ; mais une fois que vous entrez dans une salle de rédaction, vous devez être un homme neutre, vous devez donc déposer votre casquette politique à l’entrée de la salle de rédaction.

En France, j’ai beaucoup appris en regardant des amis français et les journalistes comme les Alain Duhamel, Patrick Poivre d’Arvor…qui partagent toujours, dans un certain cercle, des points de vue sur les questions politiques, mais jamais je n’ai vu leur coloration politique transparaître à leurs lieux de travail. Face à un Giscard d’Estaing ou un François Mitterrand, un confrère comme Alain Duhamel a sa liberté de ton et pose toujours des questions pertinentes. Quand j’ai vu cette indépendance d’esprit dans le travail, je me suis dit que, entré en Côte d’Ivoire, je vais exactement me conduire comme mes confrères français. Quelle que soit la personnalité qui est en face, je me dois de préparer consciencieusement mon dossier et poser les questions utiles et non les questions qui plaisent. C’est comme cela ma conduite professionnelle depuis 2003, date à laquelle j’anime les débats politiques à la RTI. Je ne souhaite pas que les téléspectateurs qui me suivent, aient le sentiment que je suis partisan d’un tel parti ou que j’ai des accointances avec une telle personnalité.

S. : Aviez-vous particulièrement des rapports privilégiés avec messieurs Ouattara et Gbagbo avant l’enlisement de la crise politico-militaire ?

P.B.A : Je connais très bien Laurent Gbagbo, d’abord parce qu’il a été le président de la République de Côte d’Ivoire et journaliste à la télé, j’ai eu l’occasion de l’interviewer quelque sept fois dans le passé. Et pour qui connaît un ancien chef d’Etat, il vous suffit de le rencontrer aujourd’hui et demain vous êtes dans le répertoire de ses amis qui ne peuvent plus passer inaperçus sous ses yeux. Il aimait à taquiner ses connaissances. C’est un homme qui est à l’aise dans son style de communication. Par contre, avant ce débat télévisé, je ne connaissais pas du tout Alassane Ouattara.

S. : Et pourtant, une certaine opinion nationale ivoirienne et même africaine, croit que votre nomination en tant que directeur général de la RTI au lendemain du débat télévisé, est bien un cadeau qu’Alassane Ouattara vous aurait fait.

P.B.A : Je pense sincèrement que le débat a contribué à motiver le choix du président Alassane Ouattara quant à ma nomination au poste de directeur général de la RTI. Le débat télévisé lui a assurément permis de me remarquer. Mais je vous répète encore que je ne connaissais pas du tout auparavant le président Alassane Ouattara, excepté quelques personnalités de son entourage.

S. : Quand on se fie aujourd’hui à la réalité des faits en Côte d’Ivoire, il est difficile de vous suivre dans votre affirmation.

P.B.A : Croyez-en moi ! Je vous dis et vous répète : je ne connaissais pas du tout monsieur Alassane Ouattara avant le débat sur les antennes de la RTI. Mais à la fin du débat et je le relève aussi, il s’est adressé à moi en ces termes dans les couloirs de la télé : « mes félicitations, vous venez de rendre un grand service à la Côte d’Ivoire ».

S. : A peine nommé, vous avez été révoqué quelques mois plus tard de votre fonction de directeur général de la RTI. Qu’est-ce qui s’est passé ?

P.B.A : C’est une page difficile sur laquelle je n’aimerais pas revenir. Ce sont des choses qui arrivent dans l’administration. Quand une faute survient, c’est le responsable qui paie les frais. C’est ce qui s’est passé : j’ai payé ! L’équipe de reportage qui devait être à l’aéroport d’Abidjan pour l’arrivée du chef de l’Etat en provenance des Etats - Unis n’était pas sur les lieux à l’heure indiquée. L’information sur le programme du président de la République n’a pas bien passée : j’ai cru savoir que le chef de l’Etat venait dans l’après-midi, or il est arrivé dans la matinée. Pour ma révocation, je n’ai pas été informé, mais je m’y attendais. J’ai été un peu surpris, cela est allé assez vite. Un dimanche à 13h, je l’ai appris à la télé. Mais quelque temps après, le président de la République m’a réhabilité quand il s’est rendu compte que ma responsabilité n’était pas aussi grande dans la faute. Et je lui suis infiniment reconnaissant.

D’ailleurs, Alassane Ouattara m’a fait un grand honneur en me faisant nommer comme directeur général de la RTI, organe d’Etat dans lequel j’ai passé plus de trente ans sans jamais me faire à l’idée qu’un jour je serai hissé à un si haut niveau. Vous savez bien comment se passent les nominations sous nos tropiques ! C’est un incident qui est bien clos ! Aujourd’hui, ce que je regarde se trouve dans la RTI de demain. Après ma fonction de DG de la RTI, Alassane Ouattara m’a encore fait l’honneur de me désigner pour représenter la présidence de la République au Conseil d’administration de la RTI. Quelque temps après, les administrateurs (11 administrateurs) se sont réunis et m’ont élu Président du conseil d’administration (PCA). C’est aussi une grande responsabilité.

S. : Le gouvernement ivoirien a entrepris de « réduire » substantiellement le personnel de la RTI. Cela ne va-t-il pas heurter la sensibilité de vos confrères qui pourraient y voir un règlement de compte subtil ?

P.B.A : Je suis à la télévision depuis le 1er juillet 1978. En tant que journaliste, j’y ai vu se mener au moins trois audits organisationnels qui ont toujours abouti à un seul et même résultat : le personnel de la RTI est pléthorique ! Les résultats des inspections n’ont jamais été mis en exécution. Conséquence ? La RTI était devenue une machine lourde et inopérante. Alors qu’est-ce qu’il faut faire ? Actuellement, la RTI emploie quelque 850 travailleurs salariés. Alors, pour rester dans la dynamique de la performance et faire sa mue dans l’ère du numérique et de la qualité, l’Etat ivoirien a entrepris courageusement de procéder à un réajustement technique. C’est ainsi, par exemple, que le 11novembre 2011, quelque 322 employés de la RTI ont vu leur contrat arrêté avec l’Etat dans le respect de la légalité et de législation en la matière. Ce n’est pas une question de personne, ni de coloration politique. La démarche est purement technique.

S. : Vous qui y avez passé une trentaine d’années, pensez-vous que la RTI se porte et se comporte professionnellement mieux depuis l’arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara ?

P.B.A : Depuis que nous sommes arrivés aux affaires, les téléspectateurs qui nous appellent disent être contents de voir enfin une télé professionnelle. Le président de la République (il lui est accordé, à chaque fois, juste une minute en muet) a souhaité ne pas passer à chaque fois à la télé. Pour lui, la RTI a une priorité : accompagner le gouvernement dans la réconciliation nationale.

S. : Qu’est-ce qui s’est passé pour que vous vous retrouviez comme réfugié au Golf hôtel d’Abidjan avec Alassane Ouattara que vous affirmez, pourtant, ne pas connaître avant le débat du 25 novembre 2010 ?

P.B.A : Après l’élection présidentielle ivoirienne et la proclamation des résultants à la fois par la Commission électorale indépendante (CEI) et le Conseil constitutionnel, notre pays a replongé au fond de l’abîme. La crise était ouverte et du coup, les Ivoiriens étaient divisés. Le 4 décembre 2010, j’ai été reçu par le président Ouattara à l’hôtel du Golf pour me dire, sans me connaître avant le débat (et j’insiste encore là-dessus) qu’il a décidé de me confier la responsabilité de la direction générale de la RTI sur la base de mes qualités professionnelles (je suis journaliste à la télévision ivoirienne depuis 33 ans) et sur la base de ce que certains de ses collaborateurs lui ont rapporté sur ma personne. Et effectivement, le 6 décembre 2010, le nouveau chef d’Etat ivoirien m’a annoncé qu’il me nommait directeur général de la RTI. Nous étions déjà en situation de crise ouverte et personne ne savait que cette situation prendrait cette ampleur que nous avons connue. Pour ma part, j’ai accepté la proposition. Je me suis donc engagé du côté du nouveau président de la République démocratiquement élu parce que, moi aussi, j’étais convaincu qu’Alassane Ouattara avait effectivement gagné l’élection présidentielle.

C’est ainsi que dès le lundi 6 décembre, les sites Internet et les journaux de la place commentaient déjà que Brou Aka Pascal est nommé directeur général de la RTI (un journal en a même fait sa Une) ! A partir de ces écrits, j’ai reçu de nombreux appels téléphoniques me conseillant, si cette information est avérée, de me mettre en sécurité. C’est ainsi donc que je me suis retrouvé au Golf hôtel.

S. : Vous vous y êtes rendu nuitamment et dans la plus totale discrétion ?

P.B.A : Non, mais pourquoi je m’y rendrais nuitamment et en cachette ? J’ai appelé le directeur de cabinet du président de la République, Marcel Amon Tanoh, pour faire annoncer mon arrivée à l’hôtel que j’ai rejoint, le lundi 6 décembre 2010.

S. : Comment se passait votre train-train quotidien là-bas ?

SP.B.A : Les choses se passaient normalement. Il y avait une vie : le gouvernement se réunissait, selon son calendrier ; nous journalistes, nous nous réunissions aussi pour organiser la communication. Je vous rappelle qu’il y fonctionnait déjà « La radio RHDP » dirigée alors par Amadou Coulibaly (actuellement conseiller en communication chargé de l’audiovisuel auprès du président de la République). Il avait été demandé aux journalistes professionnels de donner un coup de main à la radio, et c’est ce que nous avons fait. Et comme la crise perdurait, les responsables du RHDP ont décidé de lancer une télévision. De fait, notre travail de journalistes n’a véritablement commencé qu’avec le démarrage effectif de la TCI au sein de l’hôtel. Le président Alassane Ouattara et ses collaborateurs directs ont été très bien inspirés avec la mise en marche de la TCI car la Radiodiffusion télévision ivoirienne, au fort de la crise postélectorale, ne montrait pas du tout la réalité aux Ivoiriens.

S. : Avez-vous l’intime conviction qu’Alassane Ouattara a gagné l’élection présidentielle ivoirienne ?

P.B.A : Quand nous avons vu le score après le premier tour de l’élection présidentielle, nous savions que la différence se ferait par les électeurs du Parti démocratique de Côte d’Ivoire/Rassemblement démocratique africain (PDCI/RDA). Et la grande donne qui a fait aussi la grande différence, c’est bien le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) bien mené par les présidents Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Innocent Anaky Kobenan et Mabri Toikeusse. Les électeurs du PDCI/RDA ont suivi l’appel lancé par le président Henri Konan Bédié. L’unité et la cohésion du RHDP a inéluctablement conduit Alassane Ouattara à la victoire au soir du second tour du scrutin présidentiel. A partir de là, il n’y a pas de doute qui tienne : le président Alassane Ouattara a gagné l’élection présidentielle, la Commission électorale indépendante (CEI), les observateurs, la communauté internationale, les organisations ouest-africaines…ont reconnu et validé la victoire d’Alassane Ouattara. Et il a gagné, on ne peut pas faire autrement !

S. : Quelque dix mois après l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, peut-on déjà en conclure que la Côte d’Ivoire a retrouvé sa « terre d’espérance » ?

P.B.A : Je pense que le président Alassane Ouattara est une véritable chance pour la Côte d’Ivoire. C’est un homme d’expérience qui a beaucoup de relations à travers le monde (directeur général du FMI, Premier ministre du président Houphouët Boigny…). Rester enfermé au Golf hôtel et parvenir à conquérir le pouvoir après sa victoire que son challenger refuse de le lui reconnaître, c’est une leçon politique, une leçon de vie tout court, qu’il nous a enseignée. Cela montre toute l’étoffe de l’homme.
Ce pays était arrivé à un stade vertigineux qui menaçait sa survie. Si nous avons opté de rejoindre le chef de l’Etat, il est évident que pour nous, c’est l’homme qui pouvait sortir notre pays de l’enlisement. Un exemple : du temps du président Laurent Gbagbo, les étudiants n’allaient plus à l’école à cause de la Fédération des étudiants et scolaires de Côte d’Ivoire (FESCI) qui avait instauré une terreur dans nos cités et campus universitaires.

Ses représentants étaient passés maîtres des injures grossières à l’endroit de l’autorité publique. Un professeur d’université n’avait aucune autorité devant la FESCI qui avait fait des campus, un monopole du centre des affaires et de trafics en tout genre… L’avenir de nos enfants était mis en berne. La dictature de la FESCI a personnellement heurté ma conscience de journaliste. Il fallait qu’une autorité nouvelle arrive pour stopper la guérilla urbaine de cette organisation. Aujourd’hui, les choses sont en train de changer et les choses vont changer dans le bon sens. Et nous avons bon espoir que demain, il fera jour pour la Côte d’Ivoire avec le président Alassane Ouattara.

Interview réalisée à Abidjan par Idrissa NOGO (idrissanogo@yahoo.fr)

Sidwaya

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