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Perte des valeurs sociales : « L’Insurrection » d’un journaliste burkinabè contre les tares de la société

Publié le mercredi 29 février 2012 à 01h14min

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La société africaine va mal. Et même très mal. Guerres, maladies, injustice, (…) ont fait perdre à cette société, ses valeurs sociales et culturelles, pourtant vectrices du raffermissement des relations humaines. Un homme, une plume, une œuvre pour mettre à nu toutes ces calamités qui rongent peu à peu nos valeurs intrinsèques. Il s’agit de « L’insurrection », d’Alexandre Level Ilboudo, journaliste burkinabè résidant en Côte d’Ivoire et grand reporter du journal « Le Patriote ». Après Abidjan, l’œuvre sera présentée au public burkinabè ce 1er mars 2012, à la Direction générale de la Coopération à Ouagadougou.

« L’insurrection » est un recueil d’une dizaine de nouvelles, les unes aussi intéressantes que les autres. Deux cents (200) exemplaires ont déjà été écoulés juste après sa dédicace le jeudi 26 janvier 2012, patronnée par le ministre ivoirien de l’Intérieur, Ahmed Bakayogo. Cet homme de média émérite, lauréat du prix CNN 2010 du meilleur journaliste francophone africain, aura bien rempli sa mission d’acteur de promotion sociale, d’éducateur, de formateur dévolu au journalisme. Après une dizaine d’années, pleine de couleurs et d’expériences dans le métier, voici Alexandre aujourd’hui journaliste-écrivain. Première œuvre : « L’Insurrection » écrit avec aisance dans un style poétique et humoristique.

L’œuvre fait cas d’un village nommé Tôce d’Oivire qui a les traits distinctifs de la Côte d’Ivoire, au regard des thèmes abordés et des faits de ressemblance avec des évènements qui ont eu lieu dans ce pays. Et Bakary Nimaga, journaliste-éditorialiste de le souligner dans la préface du recueil qu’« A travers l’œuvre qui se lit aisément parce qu’écrit clairement, Alexandre Lebel se rebelle contre sa société qu’il ne comprend plus et qui s’enfonce agréablement dans la descente crépusculaire ». Dans la nouvelle : « Plume et misère », le journaliste écrivain pointe du doigt les conditions sociales misérables dans lesquelles vivent certains confrères, pourtant « adulés » et « chouchoutés » par les politiques de dehors. Vivant ainsi dans une grande pauvreté, le journaliste est souvent assimilé à un « journaliste wouya wouya », souvent contraint de consommer les médicaments de la rue qu’il n’arrête pourtant jamais de dénoncer dans ses articles. « Djanbia », « La dyna à Bétail » « La Police criminelle », « Parjure », « Erreur médicale », « regrets d’une vie », « Le château du président », « L’Apocalypse » et « Insurrection » sont entre autres nouvelles, que l’on peut lire dans cette œuvre ou l’auteur fustige des maux tels que le Sida, le manque de sérieux de certains médecins (à l’exemple d’Alioune Fall, déclaré séropositif par erreur et qui est fauché par une voiture, tant il pensait aux conséquences de la sentence du docteur imprudent).

Il fustige également la corruption qui semble devenir un exercice favori de certains responsables politiques. Dans le pays de « Tôce d’Oivire », Alexandre passe au peigne fin tous les effets dévastateurs de la guerre, de la mauvaise gouvernance et d’atteinte aux droits humains. Bakari Nigama le notifie bien en ce qu’« Avec humour et fortes images, dans le pays de Tôce d’Oivire, il met en garde contre la catégorisation des citoyens qui peut être source de guerre et revisite également ce qui a tout l’air des dix dernières années de la Côte d’Ivoire, avec l’avènement de la rébellion, la crise de légitimité, le conflit fratricide et la longue crise post-électorale, particulièrement meurtrière ». Pour tout dire, a-t-il ajouté, « Insurrection est une œuvre majeure à lire, pour comprendre les raisons de notre mal développement et ouvrir de nouvelles voies plus salutaires pour les populations et plus qu’un recueil de nouvelles, il est le miroir qui nous renvoie inlassablement nos vilenies et méchancetés, pour permettre l’éclosion d’une aube nouvelle pleine de promesses ».


Né à Marcory à Abidjan, Alexandre Ilboudo est titulaire d’un diplôme d’ingénieur des techniques commerciales et d’un diplôme d’études supérieures en communication. Il adébuté sa carrière en 2000 au quotidien le « Populaire Nouvelle Formule », avant de rejoindre la rédaction de « Le Jour » en 2002, puis « Le Front » en 2003, où il a occupé les fonctions de Chef de Service Société jusqu’en 2007. En 2008, il est recruté par le Quotidien « Le Patriote », en qualité de Grand Reporter, chargé des enquêtes et des grands Reportages. Il y occupe le poste de Chef de Service des Enquêtes. En 2010, Alexandre Lebel Ilboudo décroche le prix le plus prestigieux en journalisme sur le continent africain. Le Prix CNN Multichoice Africain Journalist Award du meilleur journaliste africain d’expression française. C’est le premier journaliste de la presse privée ivoirienne à avoir remporté cette distinction depuis sa création en 1995. Le 4 novembre 2011, Alexandre Lebel Ilboudo est de nouveau classé 3è meilleur journaliste de Côte d’Ivoire à la soirée des Ebony. Le 16 janvier 2012, il sort son premier ouvrage intitulé « Insurrection » sur la crise ivoirienne et annonce deux autres livres à paraître, « Le cimetière des corps apatrides » et « Portée mystique ».

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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