LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Sénégal : Vers un duel Wade # Sall

Publié le mardi 28 février 2012 à 02h35min

PARTAGER :                          

On pensait la machine électorale sénégalaise suffisamment huilée pour ne pas avoir à subir l’indicible suspense qui précède toujours la proclamation des résultats dans la plupart des pays africains.

Mais jusqu’à hier en début de soirée, on était toujours dans l’attente de données significatives qui avaient commencé à tomber au compte-gouttes tout au long de la journée. Le seul chiffre disponible concerne le taux de participation estimé à environ 60 %, beaucoup moins donc, s’il devait se confirmer, qu’en 2007 où il était de 70 %.

Mais les Sénégalais auraient tord de s’en plaindre car quoi qu’on dise si on excepte des cas comme celui de la Côte d’Ivoire pour une question de circonstance, c’est tout de même un score honorable dont beaucoup de pays se seraient contentés et il est encore plus remarquable quand on voit le contexte dans lequel le scrutin s’est déroulé. On se rappelle en effet des violences qui ont marqué la répression de manifestations d’opposants, notamment les partis politiques et organisations de la société civile regroupés au sein de Mouvement du 23-Juin (M23) s’opposant à ce que Wade brigue un troisième mandat, qui a fait près d’une dizaine de morts.

On peut aussi se féliciter du calme et de la sérénité qui ont prévalu le jour du scrutin, ce qui n’était pas du tout acquis vu le contexte rappelé ci-dessus. Pourvu que ce ne soit le calme qui précède toujours la tempête et la météo politique sénégalaise des jours à venir sera fonction des résultats de ce premier tour.

On sait que pour le président sortant, Me Abdoulaye Wade, et ses inconditionnels, c’était un coup KO mais, hier le moins que l’on puisse dire est que c’était la prudence dans leurs rangs. Il a fallu l’intervention dans les médias de leur champion à la faveur d’une conférence de presse hier à 18h, heure de Dakar, pour qu’on ait la confirmation d’un second tour. "Le recensement qui, à l’heure actuelle, porte sur 282 collectivités locales sur 551, soit la moitié, nous classe en tête avec 32,17%, et 25,25% pour mon suivant. Tout est donc encore possible, victoire ou second tour", a, en effet, déclaré Me Wade.

Côté opposition en tout cas, le doute n’est plus permis : il y aura bel et bien un second tour. Il faut dire que les résultats encore partiels et parcellaires distillés semblent annoncé un duel Abdoulaye Wade # Macky Sall. Ce sont en effet, les deux candidats qui se dégagent nettement même si hier au moment où nous tracions ces lignes, il était encore trop tôt pour se faire une idée définitive. On devra en tout cas être fixé aujourd’hui même en attendant les résultats officiels promis pour la fin de la semaine.

Mais si le ticket de la finale est encore incertain, d’autres semblent avoir reconnu leur défaite. Sont de ceux là Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste qui devrait plafonner à 10%. Visiblement pour lui, l’heure de la retraite politique semble avoir sonné à 65 ans. Idem pour Moustapha Niasse qui semble avoir désormais son avenir politique derrière lui. Dans le quinté de cette course d’obstacles à la présidentielle, on se demande justement quelle place va occuper Idrissa Seck, le trublion de la scène politique sénégalaise qui, ces dernières années, à passer le temps à faire des va-et-vients entre sa famille politique de l’opposition et le camp Wade.

En tout cas, si l’hypothèse du second tour devait se confirmer, Gorgui a du souci à se faire et on a bien peur que contre tout bons sens, il n’ait fait le match de trop car on imagine que ses adversaires vont faire bloc derrière le candidat de l’opposition. « Quelle que soit la personnalité du candidat qui lui fera face au second tour dans tous les cas, arrêter Wade est un impératif, c’est une nécessité, c’est une obligation » affirmait d’ailleurs son ancien allié, Moustapha Niasse, sur RFI.

Ce sera donc, à coup sûr du « tous contre Wade » qui, pour l’anecdote, a été battu dans le bureau de vote du Point E où il a lui-même voté par le candidat de Bennoo siggil senegaal Moustapha Niasse. C’est peut-être juste symbolique mais on oublie pas que c’est dans ce même bureau de vote que son fils Karim avait été battu dans la course pour la mairie. Quand on sait ce qu’il est advenu par la suite pour le fils, il y a de quoi se demander si l’histoire ne se répétera pas pour le père. Mais, c’est une autre histoire que le second tour de la présidentielle.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique