LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Sortie cinématographique : "Le foulard noir", un film dédié aux victimes des mutineries

Publié le lundi 13 février 2012 à 02h32min

PARTAGER :                          

"Le foulard noir", le nouveau film du réalisateur burkinabè Boubacar Diallo, a été projeté pour la première fois sur écran, le jeudi 9 février 2012, au Ciné Burkina. La séance inaugurale a été parrainée par le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, en présence de plusieurs membres du gouvernement.

Le nouveau film de Boubacar Diallo est un long métrage de 83 minutes, un genre fiction qui replonge le spectateur dans la triste réalité des mutineries qui ont secoué tout le Burkina Faso en 2011 et troublé la quiétude des populations. Le synopsis du film retrace le déroulement de ces mutineries qui ont éclaté dans les différentes casernes où des soldats déchaînés ont investi la ville, pillant et brûlant les lieux de commerce.

La petite boutique de Mariama, comme tant d’autres, est partie en fumée. Sa belle-sœur qui s’y trouvait seule a été violée et Mariama a tout perdu et ne sait plus comment faire pour rembourser son crédit contracté auprès de la Banque populaire. Issaka, le mari de la femme violée travaillant comme chauffeur dans une grande institution de la place rentre d’une mission et trouve sa femme et sa sœur Mariama, traumatisées. Un soir, se rendant comme d’habitude à la buvette "Le foyer du combattant" , il rencontre fortuitement les trois soldats qui ont violé sa femme. Une bagarre éclate entre Issaka, le frère de Mariama et ces soldats.

Il est poignardé par les mutins qui ignoraient avoir affaire à un militaire en civil. Au même foyer du combattant où Issaka a été tué, une discussion s’engage entre le doyen Salif, un adjudant à la retraite et des jeunes militaires en activité sur les troubles survenus dans le pays. Si les jeunes recrues pensent avoir raison de manifester en tirant en l’air, l’aîné leur rappelle la dignité du soldat. Les scènes et les séquences du film sont faites de rebondissements avec des images volontairement choquantes pour sensibiliser l’opinion. De l’avis du réalisateur Boubakar Diallo, "ce film montre des images pour panser les blessures, met les choses à nu, pour s’obliger à se mirer dans toute "notre laideur" et réfléchir ensemble.

Pour également bien faire admettre aux auteurs qu’ils se sont auto-flagellés, bien faire comprendre aux victimes directes ou indirectes que la nation sait et pleure en silence". Et l’auteur du film de poursuivre qu’en créant une émotion collective dans une salle de cinéma, dans une caserne, dans un quartier populaire ou un village, c’est communier et essayer de sortir ensemble grandis de cette situation. "Le foulard noir" interpelle la conscience collective tout en présentant un tableau dans lequel chacun choisira son personnage, ou s’identifiera à la victime pour se démarquer du bourreau, a précisé Boubacar Diallo.

Il a estimé que chaque citoyen de ce pays a soif de justice et que son film est susceptible de toucher chaque âme partout où il sera projeté. L’œuvre cinématographique produite par "Les films du dromadaire" a bénéficié de soutiens au plus haut sommet de l’Etat et de certaines institutions. Elle sera bientôt projetée pour le grand public dans les salles de cinéma et les casernes militaires et paramilitaires.

Privat OUEDRAOGO


Les impressions du cinéphile Luc Adolphe Tiao

"Nous l’avons soutenu dans la mesure où nous avons pensé que l’on peut trouver le moyen de reconstituer ces événements qui se sont déroulés sous forme de contenu de film. Je pense que c’est un peu difficile de réaliser une telle œuvre.
Comment aborder un sujet toujours surprenant sans raviver les rancœurs des personnes qui ont souffert durant ces événements ? Boubakar l’a réussi à travers ce film et chacun a déploré la violence qu’ils ont engendrée".

Propos recueillis par P.O.

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 13 février 2012 à 12:55 En réponse à : Sortie cinématographique : "Le foulard noir", un film dédié aux victimes des mutineries

    le drame de ce pays, c’est le refus d’aller au fond des choses en cherchant les causes. Se mutine-t-on sans cause ? Il est facile de de ne voir que la partie immergée de l ’icberg. Il faut décembre au fond pour voir la racine de l’iceberg. la mutinerie n’est que l’expression d’une mal gouvernance, d’une impunité érigée en mode de gouvernance. tant que la hiérarchie militaire continuera comme auparavant, il faut se dire que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Pour supprimer les conséquences, il faut supprimer les causes au lieu de jeter en pâture sur un écran des militaires. Je pense qu’il faut un autre film pour faire la genèse de la crise en mettant en exergue le comportement de la hiérarchie jusqu’au déclenchement de la mutinerie ? c’est en cela que je trouverai ce film moins commandé mais professionnel et engagé dans la conscientisation.

  • Le 13 février 2012 à 12:59, par ridabey En réponse à : Sortie cinématographique : "Le foulard noir", un film dédié aux victimes des mutineries

    Nous espèrons que Aboubacar DIALLO n’a pas fait le jeu du pouvoir en sensibilisant le public ( préparer les esprits)à la condamnation sans discernement des militaires incarcerés. Nous condamnons tous l’action de ces jeunes, mais nous savons aussi que ce dossier n’est pas traité de manière impartiale. Bcp de militaires pillards et violeurs sont au dehors toujours en activité et de pauvres bougres sont incarcérés pcq ils n’ont pas eu le soutien de leur supérieur hiérarchique. ATTENTION : LES MEMES CAUSES PRODUIRONT LES MMS EFFETS,TOT OU TARD ET LES RESPONSABLES RENDRONT COMPTE.

    • Le 14 février 2012 à 12:12, par le renard En réponse à : Sortie cinématographique : "Le foulard noir", un film dédié aux victimes des mutineries

      la vérité triomphera un jour qlq soient les moyens que nous mettons pour nous voiler les visages. hommage aux victimes des mutineries. Ces mutins de bas niveau n’ont pas su faire le discernement necessaire entre les pauvres populations et les propriétaires des cantines que sont nos gouvernants. Si bien que ces derniers(gouvernants), bien remontés après le massacre de Bobo-Dioulasso sont entrain de monter une stratégie de liquidation des petits militaires. Cette stratégie commence par ce film qui les jette en pature. ensuite viendra le jugement oh combien partial. Enfin la condamnation à de lourdes peines qui fera d’eux des invalides. Qui fera un jour le film sur le massacre à bobo des militaires ? Cependant, chaque responsable à tous les niveaux (hiérarchie militaire, tribunal militaire, les politiques)doit savoir que chaque acte posé(mauvais ou bon)sera un jour jugé au tribunal de l’histoire. Que personne ne se trompe,toute injustice posée sera repertoriée et traitée en temps opportun. l’équilibre naturel sera réalisé.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Dédougou : Le festival des masques signe son retour
Burkina / Musique : Patrick Kabré chante Francis Cabrel