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PRESIDENTIELLE SENEGALAISE : Quand les Américains s’invitent au débat

Publié le jeudi 2 février 2012 à 00h29min

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La validation de la candidature de Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle du 26 février 2012 par le Conseil constitutionnel est loin d’avoir mis fin à la polémique. Plus grave, cet acte des « sages » a exacerbé le bras de fer entre le président sortant et les farouches opposants au 3e mandat qu’il veut briguer. La confrontation a même pris une tournure musclée et dramatique avec déjà 3 morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels. Et pas plus tard qu’hier, le M23 a organisé une marche publique pour dénoncer un coup d’Etat constitutionnel. La situation inquiète même au-delà des frontières du Sénégal.

La preuve est par exemple cette déclaration d’après-validation de la candidature de Wade du porte-parole du Quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères), Bernard Valero, insistant sur le respect de deux choses : le sens des responsabilités de tous les acteurs politiques sénégalais et le respect des règles de droit, garanties par le Conseil constitutionnel. Mais si les Français sont préoccupés par la situation créée par la candidature à problèmes de l’opposant historique devenu président, les Américains le sont plus. Deux voix autorisées du département d’Etat américain, l’équivalent du ministère des Affaires étrangères, l’ont fait savoir au lendemain de la décision du Conseil constitutionnel et cela sans détours.

La première de ces voix est le secrétaire d’Etat adjoint, William Burns. Le 30 janvier dernier, il déclarait : « Nous sommes préoccupés par le fait que la décision du président Wade de solliciter un troisième mandat (…) pourrait mettre en péril la démocratie, le développement démocratique et la stabilité politique que le Sénégal a bâtis sur le continent au cours des décennies ». La deuxième voix autorisée est la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland. A la presse américaine, elle a fait savoir que les Etats-Unis respectent « le processus politique et légal et le fait qu’Abdoulaye Wade soit autorisé à briguer un nouveau mandat ». Toutefois, « le message que nous lui adressons reste le même : l’attitude digne d’un chef d’Etat serait de céder la place à la prochaine génération.

Ce serait préférable », ajoute la porte-parole qui a conclu son adresse aux journalistes en ces termes « nous pensons que la démocratie sénégalaise est assez mûre pour se tourner vers la génération suivante ». Voilà qui est clairement dit par rapport à la déclaration du secrétaire d’Etat adjoint qui semblait encore faire dans le diplomatiquement correct. Le message subliminal est une exhortation à Abdoulaye Wade à ne pas briguer un 3e mandat même s’il est fondé en droit à le faire avec l’onction donnée par le Conseil constitutionnel. Il est fait appel de façon indirecte au bon sens, au patriotisme, à la sagesse du président Wade pour que son pays ne brûle pas, ne bascule pas dans la violence à cause de sa seule candidature. Sans se faire prier, les Américains se sont invités au débat sur la candidature de Wade.

Et, visiblement, ils n’ont pas pris fait et cause pour le candidat sortant. Wade ne pourra pas s’en prévaloir pour arguer d’un soutien extérieur venant, qui plus est, d’une grande puissance. Ces préoccupations françaises et américaines pourraient être une réponse favorable au SOS international lancé récemment par l’artiste-musicien, Youssou Ndour, pour faire entendre raison à Wade. Il n’y a pas qu’en interne que le candidat sortant sera sous pression par rapport à sa candidature. Il y a aussi l’extérieur et surtout des pays qui comptent et qui s’en mêlent pour faire savoir à Wade que sa candidature est comme une bombe à retardement pour son pays qu’il a si bien servi. Maintenant, il reste à savoir si le président-candidat à sa propre succession écoutera les conseils de tous ceux qui, au fond, lui veulent du bien. Là est toute la question. Pouvoir, quand tu tiens certains !

Séni DABO

Le Pays

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