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Une lettre pour Laye : Que vont faire nos filles au Liban

Publié le lundi 30 janvier 2012 à 00h40min

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Cher Wambi,
C’est à la surprise générale que nous avons appris, lors de l’hebdomadaire conseil des ministres du mercredi 25 janvier dernier, que le maire de Koudougou, Seydou Zagré, a été révoqué. En effet, en raison de sa sortie publique du vendredi 20 janvier lors de la cérémonie de lancement des travaux de bitumage des voies de Koudougou, on s’était dit qu’il avait été invité par les autorités à reprendre ses activités de bourgmestre de cette ville après sa suspension de trois mois pour « fautes graves ». Cette mesure devait en principe prendre fin le 17 janvier ; et s’il s’est autorisé à prononcer un discours en tant que maire, c’est vraisemblablement que sa réhabilitation avait été effective mais sous le manteau.

Et pour tous ceux qui l’ont écouté ce jour, pas de doute, il avait été blanchi. On était d’autant plus fondé à le croire que des Burkinabè, accusés de malversations et qui ont été pour un temps écartés de la gestion de la chose publique, reviennent au-devant de la scène, sans qu’on ne sache comment et pourquoi, et poussent souvent le toupet jusqu’à narguer les honnêtes citoyens.

En voyant donc, lors de cette cérémonie à Koudougou, El hadj Seydou Zagré drapé dans son bazin blanc bien amidonné et brodé à souhait monter sur la tribune et parler de son trimestre sabbatique (selon ses propres termes), on se disait que, malgré les discours ressassés sur la bonne gouvernance, on serait toujours à la traîne en la matière dans notre pays, car on y laisserait toujours courir les délinquants au col blanc tout en condamnant les petits voleurs de cabris à de lourdes peines… pour l’exemple.

Après avoir pris connaissance du compte rendu du Conseil des ministres, on se rend bien compte qu’en acceptant d’aller ainsi au-devant de la scène sans y être autorisé, l’ex-maire de Koudougou a fait preuve d’outrecuidance en se faisant du même coup hara-kiri. En pareilles circonstances, d’autres auraient adopté un profil bas en refusant toute sortie publique trottinante.

Mais El Hadj Seydou Zagré a voulu parler fort et publiquement en toute poésie. On le connaissait juriste, diplomate, mais en écoutant son discours ce vendredi 20 janvier, pas l’ombre d’un doute : El hadj Seydou est également poète. En référence au credo de la Fédération internationale des ambassadeurs du développement, il disait ceci (morceaux choisis) : « A être trop fort que rien ne peut perturber ma paix intérieure ; à surpasser les erreurs du passé et à penser aux réussites futures. A être trop serein pour me faire du souci ; trop noble pour être en colère, trop fort pour avoir peur, trop généreux pour en vouloir à qui que ce soit et trop heureux pour considérer comme problèmes les obstacles que je saurais contourner ».

Comme on le voit, on ne saurait être plus poète.
Cher Wambi, je sais que, depuis que la CAN a débuté, tu ne fréquentes le troquet du coin que dans la journée, tenaillé que tu es par cette envie irrépressible de ne perdre aucune seconde, aucun spectacle de cette compétition africaine. En attendant que ton petit frère Gomdaogo et ton neveu Lallé reviennent plus en détail dans le journal de Nakibeugo, et pour que tu prennes la pleine mesure de la chose, je te propose l’historique de notre participation à ces rencontres au sommet du football africain.

Derrière la Copa America (créée en 1916), la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), débutée en 1957, est la 2e compétition continentale en football devant la coupe d’Europe (EURO). Mais en 55 ans d’existence, le Burkina Faso y a pris part seulement à 8 reprises avec un bilan peu reluisant qui montre du coup que notre apprentissage a pris plus de temps que prévu. Pour l’histoire, disons que la première apparition d’une équipe nationale de Haute-Volta date de 1978 au Ghana. En effet, c’est en remplacement de la Côte d’Ivoire, sanctionnée par la CAF, que nous avons participé pour la première fois à une phase finale de cette compétition. Une aventure qui s’est arrêtée comme le savent bien d’observateurs avisés au premier tour avec trois défaites face au Nigeria (4-2), dont deux buts de Hubert Hien (50e) et de Mamady Koïta dit Sorcier (52e) ; à la Zambie (0-2) et au Ghana (3-0).

Il a fallu alors atteindre 18 ans, soit en 1996, en Afrique du Sud, pour voir Drissa Traoré, dit Saboteur, conduire les Etalons à une autre CAN. Bilan : une élimination au 1er tour avec des défaites (2-1) contre la Sierra Leone avec 1 but d’Aboubakary Ouédraogo ; la Zambie de Kalusha Bwalya (1-5), but d’Issouf Traoré pour le Burkina ; et l’Algérie (2-1) avec un but de Boureima Zongo.

La participation de référence, jusque-là, du Burkina à une CAN est bien évidemment celle à la compétition que nous avons organisée en 1998 : en effet, les Etalons y ont atteint les demi-finales et occupé la 4e place derrière la RDC, qui nous a vaincus à l’issue d’un match à rebondissements. D’entrée, le Burkina était tombé face au Cameroun (0-1) avant que l’équipe dans laquelle jouaient un certain Kassoum Ouédraogo, Zico, et Seydou Traoré nous offre notre première victoire en phases finales contre l’Algérie (1-2). Ensuite, c’est la Guinée de Titi Camara qui fut victime des hommes de Philippe Troussier, le Sorcier blanc, avec un but de Roméo Kambou. Ce fut l’hystérie au coup de sifflet final, car le Burkina Faso venait de se qualifier pour la 1re fois à un quart de finale d’une CAN. Mais après, les futurs champions d’Afrique, Hossam Hassan et ses coéquipiers, nous barraient la route (0-2). En match de classement, après qu’Alassane Ouédraogo, Oumar Barro, Sidi Napon et Ibrahim Tallé eurent marqué coup sur coup, les Congolais de la RDC, en 4 minutes seulement, remontèrent tous les buts pour triompher aux tirs au but. Depuis lors, les participations à la CAN des Etalons se suivent et se ressemblent :

- En 2000 (Ghana-Nigeria) : défaite face au Sénégal (1-3), but d’Ousmane Sanou ; match nul face à la Zambie (1-1), but d’Alassane Ouédraogo ; défaite contre l’Egypte (2-4), but d’Ismaël Koudou et d’Ousmane Sanou.
- 2002 (Mali) : Burkina#Afrique du Sud (0-0) ; Ghana#Burkina (2-1), but d’Amadou Touré ; Burkina#Maroc (1-2), but de Moumouni Dagano.
- En 2004 (Tunisie) : Burkina#Sénégal (0-0) ; Kenya#Burkina (3-0) ; Burkina#Mali (1-3), but de Dieudonné Minoungou.
- En 2010 (Angola) : Côte d’Ivoire#Burkina (0-0) ; Burkina#Ghana (0-1).
Au total, avant l’édition de 2012, les Etalons ont joué 23 matches, soit 3 victoires, 4 nuls et 16 défaites avec 20 buts inscrits contre 44 encaissés. Alain Traoré a donc inscrit contre l’Angola le 21e but burkinabè à une CAN et Daouda Diakité a, lui, encaissé les 45e et 46e buts.
Le meilleur buteur en phase finale reste Kassoum Ouédraogo, dit Zico, avec 3 réalisations.

Le butane, cet hydrocarbure gazeux liquéfiable qui sert de combustible dans les ménages dans notre pays, ne finira pas de créer des surprises, et des plus désagréables ! Ta tante Koudpoko en a fait l’amère expérience ces jours-ci. Tu le sais, sexagénaire, elle arrive difficilement à amasser le combustible nécessaire pour ces petits plats que tu aimes tant partager avec elle à chacun de tes passages. Ses enfants ont alors cru bon de lui trouver une bouteille de six kilogrammes de gaz d’une société de distribution de la place pour résoudre le problème. Ils seront vite désenchantés. Lorsque ton cousin Lallé a installé le brûleur et a approché une allumette, la flamme s’est éteinte. Il recommença, en vain. Ses frères et sœurs venus à sa rescousse non plus ne changeront pas les choses. Ils se rendront compte bien plus tard, après de multiples tentatives, qu’en lieu et place de butane, leur bouteille ne contenait que de … l’air. Cousin, tu l’as bien lu, de l’air. Trimer déjà pour avoir des bouteilles de gaz commençait à devenir une habitude. Si maintenant il faut se retrouver avec des bouteilles non pleines ou remplies d’air, où allons-nous donner de la tête ?

N’a-t-on pas dit et redit que la crise du premier semestre de 2011 est due à un déficit de communication ? Si tant est que cela est indéniable, il faut dire que la chose est tombée dans des oreilles de sourds, en tout cas au regard du comportement de certaines autorités publiques ; ou plutôt ces dernières ne savent pas tirer profit des événements vécus, surtout des plus malheureux ; sinon, comment peux-tu comprendre qu’un de nos dignes représentants à l’Assemblée nationale, après avoir constaté des dysfonctionnements dans l’arrondissement où habite ta cousine Nobila, je veux parler de Nongr-massom, propose au maire dudit arrondissement une rencontre de concertation avec la population depuis le 19 octobre 2011 et que, jusque-là, il n’obtienne aucune réponse ?

Eh oui, tu m’as bien compris ! Le Député Yamba Malick Sawadogo, élu de la Région du Centre, a en effet demandé audience auprès du maire pour discuter de certains problèmes qui fâchent en ce moment les populations du secteur 25 de Ouagadougou ; et ce, depuis le 19 octobre de l’an passé. Depuis lors, la lettre est en train de dormir dans son tiroir. Indépendamment de toutes considérations politiques ou personnelles, il faut reconnaître quand même que l’élu du peuple représente toute une région et que, par conséquent, il doit mériter un peu plus de considération face à un maire d’arrondissement ; ou bien, cousin ? Tu vas me dire encore que je me mêle de ce qui ne me concerne pas, mais là avec juste raison.

Cher Wambi, pour terminer, hier en fin de matinée, et au moment où je m’apprêtais à mettre un point final à cette lettre, j’ai appris de sources familiales la mort le jour même (c’est-à-dire hier à 8 heures), à Tunis, d’Issa Tiendrébéogo, figure marquante de la scène politique nationale depuis les années 90. Les circonstances de ce décès n’étaient pas encore connues, mais on peut retenir que c’est depuis le mois d’octobre 2011, qu’à la suggestion d’une de ses filles employée à la BAD, il a rejoint la capitale tunisienne pour des soins approfondis que requérait son état de santé. Le jour de l’arrivée de la dépouille mortelle n’était pas encore connu. On sait seulement que son épouse, Alice, devait se rendre à Tunis via Paris pour les formalités de transfert du corps.
- Professeur de mathématique, inspecteur du secondaire, syndicaliste, ancien ministre, fondateur du Groupe des démocrates et patriotes (GDP), il était âgé de 69 ans.
Né le 25 janvier 1943 à Kaya et mort le 26 janvier 2012 à Tunis, son départ ne manquera pas de faire remarquer la tragique coïncidence de certaines dates. Ainsi donc, après Samuel Kiendrébéogo, voilà qu’un autre fils de Saponé s’en est allé.

Après tous ces développements, je t’invite à présent à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante en route pour le village pour assister au mariage demain samedi de son neveu.

- Et de deux pour le Burkina Faso sur la prestigieuse liste représentative du patrimoine culturel de l’humanité ! Après l’inscription des ruines de Loropéni en 2009 comme bien matériel par l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), notre pays vient de faire son entrée sur la liste du patrimoine culturel immatériel à travers l’inscription des « Pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés sénoufo du Mali et du Burkina Faso », dans le cadre d’une candidature multinationale avec les Républiques sœurs du Mali et de la Côte d’Ivoire.

Lors de la sixième session du comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenue à Bali (Indonésie) du 22 au 29 novembre 2011, ledit comité a examiné favorablement le dossier de candidature préparé à cet effet par les trois Etats. “Le Balafon et les expressions et pratiques qui lui sont associées” sont un patrimoine immatériel partagé par plusieurs communautés africaines. Il est un vecteur d’intégration et un référent fort de l’identité cultuelle de plus d’une vingtaine de communautés culturelles du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. Ce patrimoine a donné naissance, sous l’instigation des autorités municipales de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), de Korogho (Côte d’Ivoire) et de Sikasso (Mali), à un festival dénommé « Triangle du Balafon » pour la sauvegarde, la valorisation et la promotion de cet instrument de musique ainsi que des expressions et pratiques qui lui sont associées.

L’initiative sera soutenue plus tard par les ministères en charge de la Culture des trois pays. C’est fort de cela qu’il a été identifié pendant les travaux de la grande commission mixte de coopération Mali/Burkina Faso, tenue en 2008, comme pouvant faire l’objet d’une candidature multinationale entre les deux pays en vue de son inscription sur cette prestigieuse liste de l’UNESCO. Lors de la sixième session du comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, notre pays a été élu membre de l’organe subsidiaire chargé de l’évaluation des dossiers de candidatures pour inscription en 2012 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

- On a applaudi à tout rompre à l’ouverture à la circulation du tronçon Ouaga-Bobo alors en réfection. On se disait que ce serait désormais fluide, surtout avec l’échangeur de l’ouest. Mais, erreur ! En effet, il ne se passe pas un jour sans qu’on dénombre de nombreux accidents, généralement le matin, entre motocyclistes ou entre ceux-ci et des automobilistes auxquels ils disputent, en dépit de la présence de la police, la portion de voie réservée à ces derniers. Est-ce l’exiguïté de la piste cyclable au regard des nombreux usagers qui l’explique ? Une solution devrait y être vite trouvée si on ne veut pas assister à des drames.
Et que dire de ces autres parties de la rue transformées en parkings, réduisant de moitié celle-ci, surtout le soir venu ?

- S’il est une affaire qui a défrayé la chronique ces derniers temps, surtout à la Patte d’Oie (secteur 15 de la capitale), c’est le décès de cette dame survenu dans des circonstances troubles et dont Tipoko faisait cas dans sa missive il y a deux semaines.
Plus les jours s’écoulent, plus la lumière semble se faire là-dessus.
En effet, nous revient-il, plutôt que dans la chambre de passe, ce serait au cours de son transfert vers un centre médical que la femme a succombé, alors que son compagnon s’envolait pour un séjour prévu initialement pour durer 9 mois en Italie.
Aux dernières nouvelles, il devrait être de retour à la fin de ce mois pour les besoins de l’enquête.

- Il l’a échappé belle ! Ainsi pourrait-on dire de ce qu’il est advenu au président de l’APGCA-VPO (Association professionnelle des garagistes, casse-autos, vendeurs de véhicules et de pièces détachées de Ouagadougou) ; alors que, le mercredi 25 janvier, il était au volant de son véhicule et attendait de faire des emplettes au marché du secteur 15, il fut assailli par une foule en furie, qui menaçait de le lyncher au motif qu’il aurait tenté d’enlever un petit écolier. Il a fallu l’intervention d’un homme d’âge mûr pour convaincre les accusateurs de se rendre avec l’accusé à la gendarmerie pour tirer l’affaire au clair. Et c’est là qu’après audition et confrontation avec l’enfant, il s’avéra qu’il ne s’agissait que de rumeur (montée par qui et à quelles fins ?), ce dernier avouant n’avoir jamais rencontré le monsieur, a fortiori avoir failli être enlevé par lui. Et voici reposé le problème de ces rumeurs qui, si on n’y prend garde, risquent d’envoyer à la mort des innocents, un mouvement de foule étant généralement difficile à contrôler.

- Belle foule ce vendredi 27 janvier à Kwarémenguel dans le département de Toéni (NDLR : seuls nos esclaves samos savent quel sens revêtent ces noms), province du Sourou. La raison à cela, c’est l’inauguration de la grande mosquée dudit village. D’un coût de 75 millions de nos francs, elle est le fruit d’une amitié entre l’Arabie Saoudite et des fils de la localité, en l’occurrence Terri Siobè, un opérateur économique et le grand chancelier Mamadou Djerma. C’est le représentant de ce dernier, Gaoussou Simboro, qui parrainera la manifestation, dont la tenue a été possible grâce au soutien des uns et des autres à divers niveaux.

- Ce cri du cœur de la sœur d’une fille victime d’un réseau de trafic vers le Liban.
Selon elle, de nombreuses jeunes Burkinabè sont dupées et emmenées dans ce pays, où elles sont traitées, non comme des employées, mais en bêtes de somme, travaillant sept jours sur sept, souvent victimes de viols et de maltraitances diverses. Le comble : elles sont délestées de leurs passeports, ce qui leur coupe la route de leur pays, à moins de débourser 1 500 000 FCFA. Des plaintes déposées auprès des autorités compétentes seraient restées sans suite, tout comme les cris de détresse lancés au ministère des Affaires étrangères : d’où l’idée d’une association des familles victimes du phénomène de faire entendre leurs voix et d’attirer l’attention pour que d’autres filles ne tombent pas dans le traquenard.

- Ambiance populaire assurée ce samedi 28 janvier à Ouidi où le Ouidi Naaba Karfo célèbre sa fête coutumière du basga.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.

Ton cousin
Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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