REVOCATION DU MAIRE DE KOUDOUGOU : Zagré l’a bien cherché
Le maire de Koudougou, Seydou Zagré, a été révoqué lors du Conseil des ministres du mercredi 25 janvier. La suspension de trois mois pour "faute grave de gestion", prononcée contre lui le 17 octobre dernier est épuisée il y a plus d’une semaine et tout portait à croire qu’on l’avait oublié. Mon petit doigt me dit que c’est son discours du 20 janvier dernier lors du lancement des travaux de voirie dans la ville de Koudougou qui a précipité sa révocation. Oui, d’abord, on s’est posé beaucoup de questions en le voyant à la tribune. Avait-il le droit de prendre la parole à une cérémonie officielle alors que, officiellement en tout cas, on n’avait pas entendu que sa suspension avait été levée, même si elle était épuisée ?
Juridiquement parlant, pouvait-il prendre la parole en tant que maire alors qu’aucun texte n’a été pris pour constater l’épuisement de sa suspension ? Ensuite, le discours qu’il a … prononcé n’était pas pour arranger les choses. Appelant à la rescousse le credo de la Fédération internationale des Ambassadeurs du Développement, dont il est "un tout petit Sénateur", Seydou Zagré a lancé ceci : "à être si fort que rien ne peut perturber ma paix intérieure, (…) à être trop serein pour me faire du souci, trop noble pour être en colère, trop fort pour avoir peur, trop généreux pour en vouloir à qui que ce soit, et trop heureux pour considérer comme "problèmes" les obstacles que je saurais contourner". Fin de citation et pan !
En plein dans le mille de la confiance en soi, de la défiance et de la provocation ! Comme pour dire : "Je suis posé ; je suis adossé et rien ne peut m’arriver !" En effet, l’homme qui vient d’être révoqué, est le directeur de cabinet de Roch Marc Christian Kaboré, président de l’Assemblée nationale, chef du méga parti au pouvoir. Qui dit mieux ? Ensuite, il a attribué des parcelles à des gourous, des "koutourous" de ce pays. Rappellez-vous : l’affaire "verger Wendyam Yaméogo de Koudougou". Enfin, comme sa suspension a expiré et qu’on ne disait toujours rien, donc, il n’avait pas de souci à se faire. Voilà peut-être pourquoi il continuait de représenter Roch Marc Christian à des cérémonies et à pointer son nez, et de quelle manière, devant le Premier ministre himself et le patron du MCA pour prononcer un discours. Erreur de gaou ?
En tout cas, Luc Adolphe Tiao n’a apparemment pas digéré ce que l’on peut considérer comme une défiance. Quoi qu’il en soit, le désormais ex-maire de Koudougou a cherché ce qui lui est arrivé. Pourquoi diable ne s’est-il pas fait oublier ? Pourquoi continuait-il de représenter le président de l’Assemblée nationale ? Et pourquoi son patron, Roch Kaboré, l’a laissé faire ? Ces questions suscitent beaucoup d’hypothèses. On comprendrait alors pourquoi on a tant tardé à lui adresser une note levant sa suspension, s’il ne l’a pas reçue. On comprend aussi pourquoi il continuait de représenter son patron alors que les vice-présidents de l’Assemblée auraient pu le faire.
Enfin, le gouvernement n’ayant apparemment pas retenu de poursuites judiciaires contre lui, cela voulait-il dire qu’il n’y avait pas matière à le poursuivre ? Il peut cependant se dire heureux car sa carrière politique est toujours sauve. Ce qui lui fera peut-être mettre en application son credo et, comme il l’a dit dans son fameux discours, "à regarder le côté ensoleillé de chaque chose et à transformer (son) optimisme en action". Ah, la politique !
Le Fou
Le Pays