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Compaoré-Tiao : Neuf mois d’un tandem et quoi de neuf à l’horizon ?

Publié le vendredi 27 janvier 2012 à 01h42min

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Entre le Blaiso et Lucky Luc, la relation est autant basée sur la raison que sur les intérêts réciproques. Ainsi, après neuf mois de compagnonnage au sommet de l’Etat, de quoi pourrait bien accoucher la mission confiée au chef du gouvernement, si ce n’est d’une nouvelle feuille de route ? Avec bien évidemment davantage de pouvoirs, fussent-ils dans la forme.

Le tandem Compaoré-Tiao poursuit donc sa route, au gré des vicissitudes, et à travers une répartition des rôles dont le second semble, à l’évidence, s’accommoder de plus en plus. Ainsi, comme on peut aisément le constater, la relative timidité et les hésitations du début ont fait place à un engagement des plus fermes, pour ne pas dire plus. Les sorties médiatiques qui se succèdent au pas de course, tel un contre-la-montre, sont aussi nombreuses que les occasions de prises de paroles en public. Ce qui traduit un état d’esprit plus en phase avec les responsabilités attachées à la fonction primatiale. Coup de cœur à droite, coup de gueule à gauche, visites de terrain, c’est un Tiao ‘’tout-terrain’’ coiffé de son désormais “chapeau melon” qui redécouvre le Burkina profond.

Depuis les événements malheureux de 2011 qui ont conduit au limogeage de l’ancien gouvernement, le “communicateur” a pris sa place dans le débat public national. Foi de Blaise Compaoré, le péché mignon du régime a été pendant longtemps sa “mal com”. En l’avouant ainsi devant les milliers de jeunes réunis à Dori en décembre 2011 pour leur traditionnel forum national, le Chef de l’Etat n’a fait que conforter son Premier ministre dans son action.

Mieux, en parlant de la crise au passé, le chef de l’exécutif reconnaissait implicitement les efforts de l’ex-ambassadeur du Burkina à Paris dans sa volonté d’œuvrer en faveur d’un retour au calme dans “la patrie des Hommes intègres”. Même si sa décoration à l’occasion du 11 décembre est bien normale, puisque tout chef de gouvernement, après son entrée en fonction, doit être élevé au rang de Grand officier de l’Ordre national s’il ne l’est déjà, c’est son mérite qui a été ainsi salué. Ce jour-là, un certain Ousmane Guiro figurait parmi les heureux récipiendaires. Tout sourire, il percevait sa médaille comme une invite à mieux faire. La suite, on la connaît...

Appelé en pompier pour éteindre le brasier de la contestation sociale, Luc le soldat de Compaoré a pour ainsi dire pu tirer son épingle du jeu. Et même s’il subsiste encore des cendres chaudes, l’on peut affirmer que, globalement, le pays est sur les rails. Reste à ce que le train redémarre et arrive en gare sans trop d’encombres. Toute chose qui, dans un environnement économique et social précaire, exige plus que de simples paroles.

Dans cette optique, l’enjeu sera de parvenir à convertir la légitimité acquise en actions porteuses de fruits pour l’ensemble de la population. Avec une croissance qui peine à décoller des 5% par an, le défi est immense. Notamment pour près de 8 millions de Burkinabè qui vivent, hélas, au sous-sol de la pauvreté. Ce qui rend difficile l’atteinte des objectifs de développement. Car à la longue, si les actes et les résultats ne vont pas dans le même sens que les paroles, le risque est grand de lasser les citoyens. Par le passé, ce fut l’une des faiblesses du précédent gouvernement, surnommé par les Burkinabè, “ministère de la parole”, en raison de sa trop grande propension à dire plus qu’à faire. Au point qu’on en était arrivé à la conclusion que rien n’avait fondamentalement changé dans leurs conditions de vie. Dès que l’occasion s’est offerte à elle, la population a manifesté sa colère.

En jetant à nouveau son dévolu sur un Premier ministre au profil et au caractère bien trempé, le PF a pu gagner du temps, alors qu’il entame son deuxième et dernier quinquennat. La séance des prolongations qu’il s’est offerte lui permet de se décharger sur une nouvelle équipe, incarnée par des hommes et des femmes dont certains font leurs premiers pas dans le management de l’action gouvernementale. Qu’ils soient de la société civile (tendance parti au pouvoir) ou de simples politiques recyclés, ils n’ont pas d’autre choix que de réussir la mission qui leur a été confiée. En repartant à la base pour faire le point des engagements pris au moment chaud de la crise, les ministres veulent prendre l’opinion à témoin sur leur détermination. Mandatés par le premier d’entre eux, ils ont porté un message qui est loin d’être dénué de toute pensée électoraliste.

Et ce à la veille des élections législatives et communales. Au sein de l’opposition, certains les soupçonnent d’ailleurs de vouloir faire de la récupération sur le dos des populations. Pendant ce temps, Lucky Luc, lui, joue de sa crédibilité. Une promesse de don et de visite de chantiers tenue par-ci, des rencontres, des inaugurations d’infrastructures, des poses de premières pierres par endroits (espérons qu’elles ne seront pas les dernières), le tout soutenu par des mesures de réduction du train de vie de la princesse... Ce sont donc autant d’actions destinées à renforcer l’autorité de l’Etat.

In fine, pendant ces neuf derniers mois, le Chef de l’Etat et son Premier ministre ont peu voyagé à l’extérieur du Burkina. Ils ont, au contraire, consacré l’essentiel de leur temps aux questions domestiques. Ce qui dénote sans doute d’une concordance de vue par rapport à l’essentiel, au moment où d’autres défis politiques et électoraux les attendent.

A. Traoré

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 27 janvier 2012 à 18:05, par Avertisseur En réponse à : Compaoré-Tiao : Neuf mois d’un tandem et quoi de neuf à l’horizon ?

    J’ai juste quelque chose a te dire M. le Premier Ministre,
    Il faut revoir ta circulaire sur les perdiems là, sinon l’administration va se bloquer complètement. Ma direction devait amender un document aujourd’hui et personne des structures qui etaient conviés n’etait present.
    Comment veux tu que l’on fasse maintenant ?
    On ne peut donner totalement tort aux fonctionnaires, car vu la maigreur des salaires, le manque de bons d’essence dans les services, aucun agent ne voudrait accroître sa galère soit disant qu’il veut aider ce pays à se developper.
    A bon entendeur, salut !

  • Le 31 janvier 2012 à 13:06, par raogo En réponse à : Compaoré-Tiao : Neuf mois d’un tandem et quoi de neuf à l’horizon ?

    Le gouvernement de TIAO a éteint le feu qui brulait le Faso.
    pour ma part rien ne peut être comparer à la paix

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