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Ves rencontres chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan Indien

Publié le lundi 24 novembre 2003 à 10h33min

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Le Nigeria, le Mozambique et le Mali. Voici le tiercé gagnant des Ves rencontres chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan Indien, Sanga 3, tenues à Antananarivo (Madagascar) du 8 au 15 novembre dernier.

Un verdict controversé qui a failli compromettre la cérémonie de clôture et même porter un coup dur à l’avenir de ces rencontres de danse en créations pilotées par l’Association française d’action artistique (AFAA).

Sélectionnées dans une moisson abondante de 82 compagnies, les 11 finalistes de Sanga 3 avaient certainement les mêmes chances de prétendre à la palme d’or de ces rencontres au sommet de la danse contemporaine, (Sanga : sommet en langue malgache). Chacune avait quelque chose à dire, à montrer, à défendre.... puis à attendre. Mais le jury conduit par le cinéaste Abderhamane Sissako (Etalon du dernier FESPACO), dans sa souveraineté, a porté sur les plus hautes marches, la compagnie Ijodée du Nigeria avec sa création Ori (la tête).

Spectacle bien pensé où danse et musique traditionnelles servent de tremplin à une chorégraphie qui sait quitter ses origines pour y revenir sans rompre l’harmonie, avec la complicité de trois danseurs et deux danseuses acrobates, Ori, sans être la perfection, est un exemple de création à saluer. On y retrouve des valeurs traditionnelles africaines quand bien même c’est contemporain. "N’importe quelle compagnie aurait pu gagner ce concours, mais je pense que c’est mon refus d’abandonner ma culture, ma tradition dans mes créations qui a beaucoup joué en ma faveur", s’est exprimé le chorégraphe nigérian, Adedayo Liadi tout de même ému devant cette distinction qui lui confère des tournées en Europe et en Afrique.

Dans sa logique, que nous ignorons, mais toujours dans sa souveraineté, le jury a décerné les 2e et 3e prix respectivement aux compagnies Projeto cuvilas du Mozambique et Kettly Noël du Mali.

Tout comme la première, ces deux compagnies bénéficieront de tournées européennes. Kettly Noël, en plus de ce 3e prix, a également obtenu le prix RFI. Le prix spécial du jury a été attribué à la compagnie Raiz Di Polon du Cap Vert pour sa création Duas sem três (Deux sans trois).

Si dans Ijodée, on sent l’Afrique et particulièrement le Nigeria à travers la musique et le décor, ce n’est pas le cas par contre, dans la création de Kettly Noël, cette Haïtienne qui a posé ses pénates au Mali en 1999 à la recherche de fraîcheur culturelle pour la promotion de la danse contemporaine.

Le mérite de cette création réside certainement dans le professionnalisme de Kettly Noël dans sa chorégraphie. Quant à Um Solo para cinco de la compagnie Projeto cuvilas de Mozambique, elle serait passée inaperçue aux yeux du public si elle n’avait pas misé sur sa nudité qui a créé le scandale (voir encadré).

Madagascar veut s’approprier les rencontres

Au-delà de la compétition, Sanga 3 sous la direction artistique du chorégraphe burkinabè, Salia Sanou, a été un espace de rencontres et d’échanges à divers niveaux. Plusieurs ateliers, en danse, chorégraphie, photographie, journalisme, administration culturelle, étaient à l’ordre du jour.

Il y a eu également cette envie de faire de ces rencontres un festival populaire pour la ville de Tana à travers une série de spectacles en plein air qui n’ont pas manqué d’intérêt pour la population.

Les autorités malgaches, qui commencent à avoir de l’appétit pour la chose, ont essayé de jouer pleinement leur partition. Parfois trop vite. Hymne national à l’ouverture comme à la clôture, discours politicien, présence remarquable de la première responsable de la culture malgache à tous les spectacles, etc. Madagascar veut s’approprier les rencontres chorégraphiques à l’instar du FESPACO au Burkina, le MASA en Côte d’Ivoire, la photographie au Mali ou Dak’art au Sénégal. N’eût été "l’affront" des Mozambicaines, le président Marc Ravalomanana serait venu à la clôture ponctuée de prestation des lauréats, nous a-t-on dit. Il a tout de même reçu le staff des rencontres pour lui témoigner son soutien.

C’est beau les discours et les intentions, mais qu’a fait concrètement Madagascar en six (6) ans qu’il abrite la manifestation, pour asseoir les bases d’une véritable promotion de cette discipline culturelle ? Peu de chose, sinon que rien. Le fossé est grand qu’on se demande s’il aura le temps de le combler pour une chance de conservation de ces rencontres qui risquent fort de s’en aller par la mer vers d’autres horizons plus propices. Dans les coulisses, on pense déjà au Mozambique ou à l’Afrique du Sud et pourquoi pas, au Burkina.

Zakaria YEYE
Sidwaya

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