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CAMEG : Après la disponibilité, gagner la bataille de la qualité

Publié le mardi 19 octobre 2004 à 07h46min

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Lazare Bansé

La Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) a initié une tournée d’information sur ses activités.

Débutée le 11 octobre dernier, la campagne vise d’une part, à présenter le marché du médicament au Burkina Faso, son circuit de distribution et d’autre part, à situer le rôle et la place de la CAMEG sur ce marché.

La première sortie de terrain a conduit une quinzaine de journalistes dans l’Ouest du Burkina, notamment à Bobo-Dioulasso, Banfora, Nouna et Djibasso. La mission était conduite par le directeur ventes et marketing, le Dr Placide Zigani et la chargée de communication et des relations publiques, Mme Séraphine Sagnon.

En cet après-midi du jeudi 14 octobre, la ville de Djibasso, située à près de 400 km de Ouagadougou connaît une animation particulière. C’est jour de marché et dans les rues grouillant de monde, des charrettes tractées par des chevaux essayent de se frayer un chemin.

Le dépôt de médicaments essentiels génériques du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) est pris d’assaut par des clients "endimanchés".

"Je suis venu acheter des médicaments ici parce que c’est moins cher. J’habite à quelques kilomètres de Djibasso et quand je viens les jours de marché, je profite pour acheter mes médicaments au dépôt parce que je suis toujours sûr de trouver ici ce que je veux" explique Abdrahamane Cissé, un client rencontré sur le pas de la porte du dépôt. Moussa Guillogo, le responsable du CSPS précise "les prescriptions se font surtout en génériques, le dépôt disposant d’une large gamme de produits pouvant faire face à la plupart des maladies. La ville dispose aussi d’une pharmacie populaire qui vend des spécialités en plus des génériques, sinon notre dépôt ne propose que des médicaments essentiels génériques".

L’exemple de Djibasso est illustratif de la réalité de la CAMEG qui aujourd’hui, arrive à amener les médicaments essentiels génériques (MEG) dans les hameaux les plus reculés du Burkina à des coûts très abordables.

"Si la CAMEG n’existait pas, il aurait fallu la créer. Le coût des spécialités est très élevé dans les officines privées. Sans les dépôts de vente des MEG, on allait avoir des problèmes de survie avec les formations sanitaires", avouera le directeur régional de la Santé des Hauts-Bassins, le Dr Mété Bonkoungou. La région sanitaire des Hauts-Bassins compte 5 districts avec 130 formations sanitaires pour une population de 1 350 000 habitants.

"Dans toutes ces formations sanitaires, on trouve des MEG. Quand il n’y a pas de dépôt construit, les MEG sont disponibles dans des armoires. Les ruptures de stocks sont pratiquement inexistantes, ce qui est une bonne chose", assure le pharmacien régional, le Dr Karim Sangaré.

Sur le plan national, il faut souligner qu’au premier trimestre 2000, 846 formations sanitaires disposaient d’un dépôt de MEG fonctionnel, soit 92% des formations sanitaires existantes. Pour approvisionner les formations sanitaires, la CAMEG a mis en place 54 dépôts répartiteurs. Trois dépôts régionaux installés à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Fada N’Gourma sont chargés d’approvisionner les dépôts répartiteurs. Un quatrième dépôt régional est en voie d’ouverture à Ouahigouya.

Améliorer les conditions de stockage

Le district sanitaire du secteur 15 de Bobo qui a la particularité d’être semi-rural couvre 29 formations sanitaires. Son dépôt répartiteur se montre aujourd’hui exigu pour contenir ses besoins en MEG. "Les locaux n’ont pas suivi le développement des activités de notre DRD (dépôt répartiteur de district). Nous avons des commandes mensuelles, d’environ 10 millions de francs. Les CSPS ne se ravitaillent qu’aux DRD, cela en raison du contrôle de qualité des médicaments", explique le médecin-chef, Moussa Ouédraogo, le responsable du DRD du district sanitaire du secteur 15, le Dr Flore Ouédraogo, insistera sur le contrôle de qualité qui doit être rigoureux. "Les contrôles de qualité contribuent à lever les doutes des médecins dans la prescription des MEG". Ce souci de la qualité se ressentira dans toutes les formations sanitaires visitées. Au CSPS de Yéguérésso, Alassane Zida, le responsable, explique le fonctionnement du dépôt. "Nous avons ouvert le dépôt en 1999, auparavant nous ne disposions que d’une armoire. Nous avons actuellement des commandes mensuelles de 400 000 ou 500 000 francs. Le coût des produits est très abordable et notre comité de gestion est dynamique. Nos marges bénéficiaires sont équilibrées car tantôt nous avons 50% de bénéfice tantôt 0%. Nous ne sommes pas une boutique pour faire de l’argent mais nous devons quand même arriver à supporter nos charges de fonctionnement". Ouvert en 1995, le dépôt régional de Bobo-Dioulasso dessert 14 districts sanitaires à travers 15 dépôts répartiteurs de district, un Centre hospitalier universitaire (CHU) et 30 officines. Le dépôt dispose de deux magasins, un de vente et un de stockage. "Nos approvisionnements sont mensuels et nous livrons directement nos clients qui sont les DRD, les officines et le CHU. L’exiguïté de notre magasin de vente a nécessité la construction d’un autre magasin", explique le Dr Félix Ilboudo, le responsable du dépôt régional de Bobo. La fin des travaux de construction du nouveau magasin de 2000 km2 et des bureaux de l’administration du dépôt régional est prévue pour la fin de l’année.

A Banfora, la visite de la direction régionale de la santé, du District sanitaire de Banfora et du Centre hospitalier régional de Banfora, a confirmé l’implantation des MEG dans la région. "Avant, il y avait des ruptures mais actuellement, le problème a été réglé. La CAMEG nous livre également à domicile. Nous voulons que les CAMEG soit plus visible dans le contrôle de qualité. Cela va faire la différence avec les autres intervenants, dans les MEG. Devant toute chlororésistance, les gens pensent d’abord à la mauvaise qualité des MEG. La visibilité dans le contrôle de qualité va dissiper cette suspicion", fait remarquer le pharmacien régional, le DR Jean Chrysostome Kadéba.

Combattre les médicaments de rue

"La CAMEG doit insister sur la communication avec le grand public et s’impliquer davantage dans la lutte contre les médicaments de rue", dira le directeur général du CHR de Banfora, Adama Compaoré. Quant au dépôt répartiteur du district de Banfora, il se présente actuellement comme un leader en termes de commandes mensuelles avec 12 millions de francs environ.

La ville de Nouna a cette particularité que la médecine traditionnelle y est très répandue. "90% des patients passent par les tradipraticiens d’abord avant de venir dans les formations sanitaires", reconnaît le médecin-chef du District sanitaire de Nouna, le Dr Maurice Yé. Les produits du Dr Dakuyo trônent d’ailleurs en bonne place dans le dépôt répartiteur qui commande des MEG de 16 millions environ tous les 2 mois. "C’est selon la qualité de la pathologie et la disponibilité du médicament que je prescris les spécialités. Nous adaptons nos prescriptions aux moyens du malade", reconnaît le Dr Ourohiré Millogo.

Les prescriptions des MEG atteignent 95% à Nouna, et 100% dans les CSPS, assurent les responsables sanitaires de la Kossi.

Si dans les grandes villes, la connaissance des MEG ne se limite souvent qu’au paracétamol et à la chloroquine, il faut aller dans les villages pour réaliser l’importance de l’éventail des MEG. Actuellement, la CAMEG dispose de près de 430 produits dont la moitié en médicaments essentiels génériques et le reste en consommables médicaux, en petits matériels médicotechniques, en matériels et réactifs de laboratoire, en produits dentaires, en contraceptifs et en antirétroviraux.

En une dizaine d’années d’existence, la CAMEG peut s’enorgueillir d’avoir réussi à rendre les MEG disponibles sur les plans géographique et financier pour la plus grande majorité de la population. Il lui faut aujourd’hui se jeter dans la bataille pour gagner le pari de la visibilité dans le contrôle de la qualité.

Hamado NANA
Sidwaya

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