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Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

Publié le vendredi 20 janvier 2012 à 00h31min

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Le premier point de presse du gouvernement de l’année en cours s’est tenu hier jeudi 19 janvier 2012 à Ouagadougou. Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Arthur Patiendé Kafando s’est prononcé sur la vision globale de son ministère, ainsi que sur certains dossiers brûlants de l’heure. Quant au ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré, il a répondu à certaines questions d’actualité.

Le point de presse du gouvernement du jeudi 19 janvier 2012 a porté sur les sujets de préoccupations de l’heure. Le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré, a entre autres à propos de questions d’actualité, évoqué le nouveau format du compte rendu du conseil des ministres sur les antennes de la Radiodiffusion télévision de Burkina (RTB). Selon le ministre, la nouvelle option consistant à diffuser le conseil des ministres en une édition spéciale, après le journal parlé de 20 heures, est consécutive aux critiques de certains téléspectateurs.

Ainsi, le fait de ne plus procéder à la lecture intégrale du Conseil au journal-parlé répond principalement à un besoin de rendre le journal-parlé, moins ennuyeux, notamment les mercredis soir, où à cause du compte rendu du conseil des ministres, le journal était souvent très long. Le ministre de la Communication s’est aussi prononcé sur la mesure du gouvernement visant à suspendre les cérémonies de présentations de vœux en vue de reverser les sommes consacrées à ces manifestations à l’achat de vivres au profit des populations. A entendre le ministre, la mesure ne visait pas prioritairement à résoudre la situation alimentaire, mais à mettre fin à certaines dépenses inutiles.

Raison pour laquelle, selon lui, il n’est pas question de parler de somme totale collectée pour cette opération puisque certains ministères bien que n’ayant pas fait de présentation de vœux ne pourront rien verser comme contribution. Néanmoins, Alain Edouard Traoré a annoncé que le ministère en charge des Mines a pu mobiliser la somme de 29 millions de F CFA comme contribution au fonds de solidarité du ministère en charge de l’Action sociale. L’autre sujet sur lequel le ministre Traoré a été interpellé concerne les actes de vandalisme perpétrés par certains citoyens défiant l’autorité de l’Etat. Sur ce point, le porte-parole du gouvernement a, une fois de plus, énergiquement condamné l’attitude des personnes promptes à tout casser pour manifester leur mécontentement.

De même, Alain Edouard Traoré est d’avis qu’il n’est pas normal que des citoyens, dans un Etat de droit, refusent de respecter les règles établies. « L’Etat ne va pas continuer à accepter d’être indéfiniment défié », a-t-il martelé, avant d’inviter tout le monde à s’impliquer dans la sensibilisation des populations au respect des normes.

Le cas du Village artisanal de Ouagadougou

Le ministre s’est dit sidéré par le cas des artisans du Village artisanal de Ouagadougou (VAO) qui refusent le système de rotation, après y avoir passé douze ans. « Comment comprendre que des gens qui ont adhéré à des règles et qui ont signé des documents, à un certain moment, à cause d’un certain nombre d’intérêts, remettent en cause l’accord de base, c’est-à-dire, ce qu’ils avaient accepté », a déploré Alain Edouard Traoré. Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Arthur Patiendé Kafando a aussi évoqué la question du VAO lors de son intervention.

Pour lui, le ministère est toujours dans la logique de discussion. Il en appel à l’esprit de compréhension des 49 artisans chefs d’atelier qui refusent de céder la place à d’autres artisans. Arthur Kafando a rappelé que le système de rotation permettra à tous les artisans burkinabè de bénéficier des opportunités qu’offre le VAO. Le ministre en charge du Commerce a brièvement exposé sur la vision globale de la politique sectorielle de son ministère avant de se prêter aux questions des journalistes. Selon le ministre Kafando, cette vision s’inscrit dans le premier axe stratégique de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD). Pour lui, cette vision, en ce qui concerne l’industrie, consiste à faire du Burkina Faso, « un pays qui ajoute de la valeur aux différentes matières dont il dispose y compris la matière grise ».

Au titre des activités-phares de l’année 2012, Arthur Patiendé Kafando a annoncé la poursuite de la construction de l’usine de transformation de fruits et légumes de Loumbila, la création des pépinières et d’incubateurs d’entreprises, l’opérationnalisation de l’Agence de promotion des investissements. Il a également annoncé la poursuite de la mise en œuvre du Programme de restructuration des entreprises en difficulté (PRED), l’adoption du document- cadre de politique des investissements du Burkina Faso et la mise en place de la charte des PME. En 2012, dans le sous-secteur du commerce intérieur, le ministère en charge du Commerce compte poursuivre la réglementation des prix des produits de grande consommation, informer, sensibiliser et former les opérateurs économiques sur les réglementations, etc. A propos des hydrocarbures, Arthur Kafando a indiqué que les prix restent inchangés en dépit de la hausse du coût du baril. Pour lui, l’Etat travaille à soutenir les consommateurs et les unités industrielles de façon durable.

Alban KINI (alban_kini@yahoo.fr)


Point de presse du gouvernement : Le dossier du promoteur immobilier fautif entre les mains du procureur

Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Yacouba Barry

Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Yacouba Barry a décliné, hier jeudi 19 janvier 2012, les grandes orientations politiques de son département pour les années à venir et a fait le bilan des actions de 2011.

Les 60 minutes consacrées aux débats ont été rapidement « avalées » par le temps qui semblait aller plus vite parce que les sujets abordés étaient très intéressants. Face à la kyrielle de journalistes, le ministre Yacouba Barry a présenté les orientations politiques en matière d’habitat et d’urbanisme de son département avant de dresser le bilan de la campagne de contrôle des chantiers de construction. Il a également fait cas des occupations illégales de terrain dans les zones aménagées, puis fourni des informations sur les travaux du comité interministériel sur les lotissements. Après cela, il s’est prêté aux questions des journalistes. Ceux-ci ont encore évoqué le cas malheureux de l’immeuble en construction effondré à Ouaga 2000.

Le rapport fait à ce sujet a révélé que des démembrements de l’Etat ont enfreint aux règlements en construisant sans autorisation préalable. Pourquoi l’Etat, lui-même, n’arrive pas à respecter la règlementation en vigueur ? Y a-t-il eu des poursuites à l’encontre du promoteur fautif ? Pourquoi l’Etat est en train de construire des logements sociaux sans eau, ni électricité ? Telles ont été, entre autres, les préoccupations des journalistes. Sur la question de la violation des textes par l’Etat, Yacouba Barry a assuré que le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a fait passer une circulaire dans les institutions interpellant les responsables des structures étatiques à se conformer aux normes dans le domaine de la construction. Pour lui, l’Etat doit donner l’exemple avant d’inciter les citoyens ordinaires à emboîter le pas. En ce qui concerne le sort du promoteur, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme a dévoilé qu’une plainte a été déposée contre lui à la justice.

Il a soutenu que le dossier se trouve actuellement entre les mains du procureur. Yacouba Barry a ajouté qu’une victime, en l’occurrence le propriétaire de la maison touché par l’écroulement de l’immeuble, a également esté le promoteur en justice. S’agissant des logements sociaux sans eau ni électricité, il a fait savoir que ce problème est déjà résolu dans certaines cités. Au quartier Karpala à Ouagadougou, il a affirmé que le devis pour la fourniture d’électricité a été demandé au fournisseur, c’est-à dire la SONABEL. Le ministre Barry a indiqué que cela est contraire à la vision du gouvernement qui veut ériger des logements décents au profit des populations, donc, des maisons où il y a l’eau et le courant. Il a toutefois noté que les violations des textes observées jusque-là ne relèvent pas du laxisme de la part des autorités compétentes.

Il estime que la sensibilisation est prioritaire étant donné que la majorité de la population est analphabète. Yacouba Barry a insisté sur ce volet, signalant que des fois, les gens cherchent à voir avant de croire. Etendre le contrôle aux immeubles achevés est, selon le ministre, une bonne chose. Cependant, le coût de cette opération sera insupportable car, de l’avis du ministre Barry, il faut nécessairement un audit. Il a également souligné que les contrôles ne concernent pas seulement la qualité des chantiers, il y a aussi celle des matériaux de construction. Dans ce domaine, a-t-il dit, les responsables de Diamond Cement Burkina ont été interpellés sur la question.

Le dimensionnement et le poids des produits qui sont fabriqués dans cette unité industrielle seront vérifiés. Les journalistes ont attiré l’attention du ministre Barry sur les changements d’affectation des terrains. A ce niveau, le conférencier a rétorqué qu’une parcelle acquise pour construire deux villas jumelées confère un titre de propriété unique à son propriétaire. Cependant, a-t-il précisé, si la personne désire un titre de propriété pour chacune des maisons, elle peut consulter les services techniques de la mairie afin de l’obtenir.

2000 logements sociaux en 2012

Adoptée en juillet 2008 par le gouvernement, la Politique nationale de l’habitat et du développement urbain (PNHDU) est pilotée par le département de Yacouba Barry. Elle vise à améliorer les conditions de vie des populations par un renforcement de la contribution des villes à la lutte contre la pauvreté. Cette politique s’accompagne d’un plan d’actions dont la mise en œuvre couvre la période 2009-2018. Plus spécifiquement, en 2012, le ministère compte doter les chefs-lieux de régions, d’outils de gestion et de planification. Il s’agit des schémas directeurs d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) ; des systèmes d’information foncières (SIF) et des plans d’occupation des sols (POS). Des ouvrages d’assainissement seront réalisés au cours de l’année à Ouagadougou et à Kaya dans l’optique de faciliter le drainage des eaux pluviales.

Le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme envisage contribuer à la relance économique de la ville de Bobo-Dioulasso à travers l’élaboration d’une stratégie de développement. Il y a également le projet de construction de 2000 logements sociaux dont 1500 seront érigés par l’Etat et le privé s’en charge des 500 autres. Yacouba Barry a mentionné que sur 1270 chantiers contrôlés, seulement 306 disposent d’un permis de construire. Aussi, il a martelé que 16 chantiers de l’Etat ont été inspectés et les institutions concernées sont sur le pied de se conformer à la règlementation. Parlant des occupations illégales, le ministre Yacouba Barry a annoncé que sur 3 549 terrains à usage autre que d’habitation à Ouagadougou, 70,16% sont occupés dont 26,31% sont en porte-à-faux avec l’affectation initiale.

L’arrêt des lotissements a entrainé la création d’un comité interministériel chargé d’examiner, à en croire M. Barry, les dossiers relatifs aux travaux d’achèvement des opérations de lotissements ou de restructuration en cours d’exécution. A ce titre, le conférencier a divulgué que 130 dossiers ont été épluchés. Il a demandé aux hommes de médias de ne pas hésiter à taper la porte de son département en cas de besoin d’informations complémentaires pour d’éventuels éclaircissements.

Ouamtinga Michel ILBOUDO (Omichel20@gmail.com)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 20 janvier 2012 à 01:07 En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    Bonjour à vous.

    J’avais l’espoir, lors de ce point de presse, que l’on explique à la population quelles étaient les raisons des tirs nourris à la MACO dans la nuit du 11 au 12 Janvier 2012. Y a t-il eu tentative de fuite ou autre chose ?

    Depuis un moment déjà, on nous avait habitué à une certaine transparence dans l’information et là pourtant, pas la moindre explication.

    Les tirs ont bien duré 10 minutes et étaient très intenses.
    Le fait de ne pas en parler est plus inquiétant encore. Merci.

  • Le 20 janvier 2012 à 03:19, par sanon adolphe En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    Monsieur le Ministre,l occupation des espaces verts a travers les quartiers et cites dans la ville de Ouaga par des constructions de batiments ,restaurants et boutiques,
    ouvrira la voie a des affrontements entre les habitants et les occupants de ces espaces octroyes illegalement par certains maires a leurs parents ou amis politiques.Commencez des maintenant a faire deguerpir ces lieux propices a l aeration de l environnement de la ville.Visitez certains pays et vous trouverez comment l espace vert est sacree.Ic l Etat se defie indefiniment

  • Le 20 janvier 2012 à 05:13, par Bisongo En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    2000 logements sociaux ! Ca ne vaut meme pas une goutte d’eau dans l’ocean. c’est dommage qu’il n y ait pas de politique de logement à long terme au Faso !

  • Le 20 janvier 2012 à 10:28, par OSA En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    Merci messieurs les ministres pour ce point de presse. Ca nous (burkinabè) permet de comprendre certaines décisions ou positions du gouvernement. Vivement que ça continue !!!
    pour ce qui est du comportement citoyen (destruction de bien public, refus d’alternance), vous devez savoir que c’est toi à fait à l’image de nos dirigeants ; vous comprenez aisement ce que dis ; donc donnez l’exemple et vous verrez bien que cela sera très bien suivie. Sinon, comment expliquer la situation du VAO ? c’est vraiment in admissible !!!

  • Le 20 janvier 2012 à 12:12, par mabila En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    Merci de ne pas vouloir alourdir le journal télévisé de 20h des mercredis avec le conseil des Ministres. Mais vue son importance, j’aurais souhaité que ce soit immédiatement après le journal de 20h et non après la page publicitaire ;

    A mon humble avis !

  • Le 20 janvier 2012 à 13:52, par ZAGAZAGA En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    Bonjour à tous.
    Vraiment M. le Ministre c’est une bonne initiative de séparer le conseil de ministre du journal de 20h. c’est bon.
    Mais le fait de dire que les cérémonies de présentation de vœux sont interdites pour pouvoir payer des vivre M. le ministre c’est également une bonne initiative ; mais il fallait que ça soit sur toute la chaine, du président aux directeurs en passant par les ministres. Pourquoi le président fait l’exception en se faisant faire des présentations de vœux ?

  • Le 20 janvier 2012 à 15:24, par KOHOLE En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    C’est la un acte positif de pouvoir communiquer au peuple pour eviter le malentendu et la desinformation, les comerrages, etc. J’encourage le gouvernement a poursuivre ses actions dans ce sens.

    Beaucoup de courage.

  • Le 20 janvier 2012 à 15:35, par lac bay En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    le probleme des lotissements est un probleme national.on ne peut pas servir un pays pendant 30 ans et ne pas avoir ou dormir.

  • Le 20 janvier 2012 à 18:07, par zoewend En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    Nous attendons beaucoup le ministre de lhabitat au niveau des logements sociaux !car je suis lun des premiers a avoir mon recipisse et jusque la rien !

  • Le 20 janvier 2012 à 18:25 En réponse à : Point de presse du gouvernement : « L’Etat n’acceptera pas d’être défié indéfiniment »

    A propos du village artisanal ; lisez cet article

    Village artisanal de Ouagadougou : Les dessous d’un conflit larvé
    vendredi 24 juin 2011

    Le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina et président du conseil de gestion du VAO, Franck Tapsoba
    Le 31 décembre prochain, 49 artisans devront quitter le village artisanal en vertu d’un principe de rotation décidé par la direction. Mais les « bannis » n’ont pas dit leur dernier mot.

    Dans deux interviews accordées à l’Observateur Paalga et au journal Le Pays, publiées le week-end dernier, le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina et président du conseil de gestion du Village artisanal de Ouagadougou (VAO), Franck Tapsoba, est revenu sur les manifestations organisées le 10 juin par les artisans contre la nomination du nouveau gestionnaire du Village, et a tenté d’expliquer le fond du différend qui oppose la Chambre de commerce et les artisans.

    Grosso modo, ces derniers seraient opposés au départ en décembre prochain de 49 d’entre eux, en application du principe de rotation décidé de commun accord. A l’en croire, cette mesure vise à faire profiter les services du VAO au plus grand nombre d’artisans du pays, en permettant à des nouveaux d’occuper les places libérés par les anciens.

    Pourquoi les artisans s’y opposent-ils alors ? D’autant plus que, d’après Franck Tapsoba, « c’est avec le GIE (groupement d’intérêts économiques) des artisans qui représente les artisans au sein du conseil de gestion que cela [le principe rotation, NDLR] a été négocié » ? Les artisans seraient-ils des minables égoïstes, peu soucieux du sort de jeunes talents qui frappent à la porte du Village, des gens sans parole, prêts à renier leurs engagements ?

    En réalité, c’est unilatéralement que la Chambre de commerce et le conseil de gestion ont instauré le principe de rotation en 2005 et tentent depuis lors un passage en force pour le faire appliquer. Sans succès pour l’instant.

    Histoire d’un « conflit d’intérêts » dans lequel se joue l’avenir de centaines de familles burkinabè.

    En juillet 1994, le président Blaise Compaoré visite le Village artisanal de Wadada, à Niamey, au Niger, un centre d’excellence construit avec le soutien du Grand-Duché de Luxembourg. Il manifeste le souhaite de voir son pays bénéficier d’une telle structure, d’autant que l’artisanat burkinabè est dans une situation peu reluisante : éparpillement des artisans dans des micro-entreprises de type familial, manque de visibilité nationale et internationale des produits de l’artisanat, amateurisme des acteurs, non accès aux crédits financement, absence de circuits de vente hors des frontières nationales, etc.

    Le Grand-Duché de Luxembourg ayant accédé favorablement à la demande burkinabè, le projet de construction d’un Village artisanal prend rapidement forme et vise deux objectifs : « Regrouper de manière durable géographiquement et juridiquement environ 300 artisans d’art émergents, et améliorer durablement les performances économiques de ces artisans ». Le 26 février 1998, un comité de sélection des artisans est mis en place ; il comprend dix membres dont huit issus du monde de l’artisanat, un représentant du Duché du Luxembourg et un représentant de la chambre de commerce du Burkina.

    Leur mission ? Sélectionner dans un délai raisonnable des artisans répondant à des critères dont le professionnalisme (maitrise du métier, utilisation d’un système de gestion comptable), la créativité (utilisation de nouvelles techniques, associations de matières différentes), l’aptitude à transmettre le savoir faire aux apprentis, la sociabilité et l’esprit d’équipe. Les heureux « élus » doivent également être solvables (paiement sans retard du loyer et des impôts), être de bonne moralité et s’engager à promouvoir la culture africaine et burkinabè !

    « Au début, ça été très difficile de convaincre les gens d’abandonner leur atelier pour venir au Village artisanal, parce qu’ils avaient peur de perdre leurs clients. Et puis, c’était un saut dans l’inconnu surtout qu’il fallait disposer d’un minimum de fonds pour démarrer. Certains ont contracté des prêts pour ça », se souvient un membre du comité. Cahin-caha, le comité s’est acquitté de sa mission et le VAO peut commencer à fonctionner en 2000 avec l’installation de 50 chefs d’ateliers et leurs 250 employés et apprentis répartis dans 23 métiers artisanaux.

    « Les artisans installés dans le Village artisanal sont parmi les meilleurs dans leurs métiers. La sélection a été faite à travers une concertation des structures d’appui à l’artisanat et du secteur PME ; ceci explique le fait que 70% des artisans installés sur le site étaient déjà encadrés par une structure d’appui et 25% avaient déjà un atelier », lit-on dans un rapport d’évaluation rédigé en 2002 à la demande du Grand-Duché et dont on reparlera plus loin.

    En janvier 2000, les premiers contrats de bail sont signés entre les artisans et le VAO. Nulle part, il n’est fait mention d’une limitation de durée, l’art 3 stipulant simplement que « le présent bail est consenti et accepté pour une durée d’une année commençant à courir le 1er janvier pour se terminer le 31décembre. Le bail se renouvellera d’année civile en année civile, par tacite reconduction, sauf dénonciation par l’une des parties par lettre recommandée un mois avant l’expiration de la période annuelle en cours ». Le contrat de bail peut être également « résilié si le locataire n’a pas payé à son échéance un seul terme du loyer ».

    Pour les artisans qui viennent de s’installer, les débuts sont difficiles et seule la solidarité entre eux a évité à certains le découragement et l’abandon. « Je m’en rappelle comme si c’était hier ; on n’arrivait même pas à avoir 2000 F CFA de recettes journalières. On cotisait pour acheter la nourriture à midi, sinon il y en avait qui auraient passé la journée sans repas », confie un artisan, avant d’ajouter que « maintenant, ça va un peu ».

    La source du conflit vient d’une recommandation du rapport cité plus haut, que Lefaso.net a pu consulter. Ayant constaté que « 90% des résultats définis dans le descriptif projet ont été atteints, et que le VAO a permis aux artisans de s’installer durablement dans un zone leur permettant d’améliorer leur niveau de vie », l’auteure du document, Mme Hedwig Siewertsen, formule des recommandations pour garantir l’avenir du Village. Selon elle, la pérennité du VAO peut être assurée à condition que les artisans qui y sont aient un chiffre d’affaires qui leur permet de payer le loyer charge et de générer un bénéfice, que la diversité et le prix des produits soit maintenus parmi les meilleurs du Burkina, et que l’équipe qui assure la gestion du VAO reste en place tant qu’elle parvient à couvrir les frais de fonctionnement. Enfin, elle estime que pour maintenir la dynamique du VAO « il est nécessaire que seuls les artisans innovateurs et susceptibles de rentabiliser l’atelier puissent s’installer dans le village. Ceux qui ne réussissent pas laissent la place à d’autres artisans. Cette rotation d’artisans permettra aussi d’en faire bénéficier un plus grand nombre justifiant ainsi davantage l’utilisation des fonds de la coopération ».

    Le mot « rotation » est lâché et la Chambre de commerce et le conseil de gestion s’en sont saisi comme s’ils cherchaient un prétexte pour mettre « des artisans dehors et faire entrer leurs parents et amis », comme les suspectent les artisans susceptibles de partir fin décembre. En 2005, ils modifient les contrats de bail en limitant dans un premier temps la durée de location à 5 ans renouvelables une fois, puis 7 ans comme, comme le précise Franck Tapsoba dans l’interview dans Le Pays du 19 juin. Pour les artisans, cette décision résulte d’une interprétation abusive et erronée de la recommandation et ils la contestent fermement d’autant plus que les 49 visés remplissent toujours les conditions pour rester au VAO. Mais la décision est prise et semble irrémédiable.

    Dans un courrier daté du 12 juillet 2010, Franck Tapsoba communique au GIE un « projet d’appui aux 49 chefs d’atelier en fin de séjour au Village artisanal en décembre 2011 », et invite ses membres « à me faire parvenir vos amendements par courrier retour au plus tard le vendredi 16 juillet ». Le 23 juillet, une assemblée générale des chefs d’ateliers se tient au VAO, à l’issue de laquelle, les participants rejettent à l’unanimité, le principe de rotation et opposent une fin de non recevoir à la demande du président de la Chambre de commerce.

    Mieux, le 31 juillet, le GIE attire l’attention du patron de la Chambre de commerce sur « la gravité de la décision relative à la rotation qui, si elle est maintenue, aurait des répercussions désastreuses » sur « des dizaines d’artisans, chefs de familles souvent nombreuses qui avaient tout misé sur leur travail au Village », insistant sur le fait qu’ils « s’étaient lourdement endettés pour bénéficier d’un atelier qui leur permet juste de survivre ».

    Simple tac-tic ou volonté réelle de d’appliquer la rotation en tenant des cas particuliers ? En tout cas, Franck Tapsoba a promis que ceux qui vont partir « garderons un lien commercial avec le village, et pourront toujours bénéficier des facilités qui leur seront offertes par le site Internet du VAO ». Sauf que les artisans semblent avoir fait leur, le dicton selon lequel, « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Ils relèvent par ailleurs que face à la forte de demande, 183 selon Franck Tapsoba, l’expulsion de 49 chefs d’ateliers n’est pas la meilleure réponse.

    Selon le nouveau gestionnaire, Maurice Sama, le VAO avait acquis une certaine autonomie en 2007 et s’autofinançait avant que des arriérés de « deux à trois mois » ne perturbent « son équilibre financier ». On ignore le nombre d’artisans qui sont redevables au VAO et l’ampleur de l’ardoise, mais dans ce cas, pourquoi ne pas appliquer la rotation, qui est sur ce coup, justifiée, contre les créanciers ?

    Ouvert en 2000, le Village artisanal de Ouagadougou est devenu une fierté nationale et sa réputation a longtemps dépassé les frontières du Burkina. Les 49 artisans « pionniers » comme ils se définissent, qui ont pris le risque d’abandonner leur atelier pour se jeter dans l’inconnu, ont fait du VAO une affaire rentable, qui attise bien de convoitises. Comme le révèle le président du conseil de gestion, le chiffre d’affaire du VAO est passé de 32 millions de F CFA en 2000 à 442 911 870 millions en 2010 et la part reversée aux artisans est passée de 25 796850 millions à 393 millions sur la même période.

    « On a le sentiment d’être mal récompensé. On nous demande encore d’abandonner nos ateliers pour recommencer à zéro, avec le risque de perdre nos clients, donc de tomber dans la faillite ; c’est injuste », s’indigne un des artisans frappés par la rotation. Désespérés, ils avaient saisi et supplié en août dernier le premier ministre Terius Zongo « d’agir avant que l’irréparable ne se produise ». Un dossier chaud de plus que va devoir gérer « le premier ministre pompier », Luc Adolphe Tiao

    Joachim Vokouma

    Lefaso.net

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