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ATT : Fin de mandat sur les genoux

Publié le jeudi 19 janvier 2012 à 01h02min

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Pauvre ATT ! A supposer que le président malien ait rêvé d’une fin de mandat paisible qui lui eut permis de passer le témoin à qui devrait lui succéder à l’issue de la présidentielle malienne annoncée pour fin avril 2012, il a désormais matière à se faire un sang d’encre ; et pourtant l’homme le souhaitait ainsi, lui qui manifestait déjà, il y a quelques mois le pressant désir d’aller cultiver son jardin, dans son village natal !

La rébellion touarègue, tel le phénix, est ressuscitée de ses cendres et depuis quelques jours déjà, l’armée malienne doit déployer des trésors d’ingéniosité pour contenir les assaut menés au nord-est du pays par des combattants d’un MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) revigorés et bien décidés à en découdre ; et ce qu’ils réclament n’est pas mince : à leurs yeux, leur territoire subit une occupation « illégale », et le coupable n’est autre que l’Etat malien qu’ils entendent bien bouter hors de leur propriété légitime. Les combats déjà menés depuis le début de la semaine présente se sont déjà soldés par plusieurs morts.

Et pourtant on s’était pris à rêver que cette rébellion des « seigneurs du désert », par suite des différents accords signés avec l’Etat malien, avait décidé d’enterrer la hache de guerre et ce, depuis belle lurette ; elle fit certes fureur dans les années 90, sous la bannière de ses figures emblématiques que furent Ibrahim Ag Bahanga et Iyad Ag Ghaly ; ils réussirent la prouesse, le premier, de chercher asile en Libye (avant de regagner son Mali natal où il mourut, victime d’un accident de voiture), le second, de se recycler en fervent négociateur qui alla même jusqu’à obtenir la libération d’otages occidentaux détenus dans les vastes contrées désertiques maliennes.

Sans compter qu’un accord de paix signé avec l’Etat malien en 2009 laissait présager la fin des velléités sécessionnistes des hommes en bleu. Le hic, c’est que déjà, à l’époque de ladite offre de paix, certaines fractions des rebelles touaregs avaient déclaré qu’elles n’en voulaient pas du tout. Le temps attisant les rancœurs, ce qui devait arriver arriva.

L’occasion faisant le larron, l’irrédentisme refera surface appuyé par le retour massif des combattants touaregs qui s’étaient portés au secours du Guide ; ils reviennent lourdement armés, avec sans doute quelque sérieux pactole (Kadhafi payait bien ses mercenaires) et sans doute aussi animés par quelque esprit revanchard : ils n’ont pas su protéger le Guide, ils en feront voir à ATT ; autant dire que toutes les concessions consenties par l’Etat malien depuis le début du conflit risquent à ce jour de tomber à l’eau.

Et on s’interroge légitimement sur ce que sera cette résurgence du monstre du désert. Se révèlera-t-elle de la durée d’un feu de paille ou à l’inverse doit-on craindre que les rebelles aient planifié une action qu’ils s’apprêtent à mener sur un long terme ? Sans compter que si la fameuse Azawad, cette région que l’on tient pour le berceau des Touaregs, se situe en territoire malien, la communauté touarègue, elle, se retrouve dans la quasi-totalité des Etats voisins et frontaliers du Mali. Quelles répercussions doit-on attendre de cette diaspora touarègue dispersée dans la sous-région ?

Malheureux ATT décidément ! Il n’avait pas vraiment besoin de cette douche froide, au moment même où il s’apprête à aller planter ses choux ! Quant à celui qui aura l’heur de le remplacer au palais de Koulouba, il n’héritera pas d’une sinécure ; mais au-delà de ses dirigeants, c’est le Mali tout entier qui devra trinquer : déjà qu’il avait fort à faire avec la nébuleuse Aqmi, voilà que se porte comme en renfort une hydre que l’on croyait disparue à jamais ; parfaitement à l’aise dans les vastes étendues du désert malien, les deux unités peuvent marcher séparément mais choisir de frapper ensemble. Un problème de cette ampleur ne sera pas que malien ; il devra concerner toute la sous-région ; et au plus haut point.

Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

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