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CANDIDATURE DE WADE AU SENEGAL : Le Conseil constitutionnel entre deux feux

Publié le jeudi 19 janvier 2012 à 01h00min

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La semaine prochaine, l’élection présidentielle sénégalaise entrera dans une phase décisive. En principe, c’est le 29 janvier prochain que le Conseil constitutionnel publiera la liste définitive des candidats autorisés à prendre part à la course pour la conquête du fauteuil présidentiel. A mesure que cette date approche, les esprits s’échauffent. C’est le cas notamment du Mouvement du 23 juin (M23), un regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile qui ont, comme dénominateur commun, l’opposition à la candidature du président sortant Abdoulaye Wade à l’élection du 26 février prochain. Le 17 janvier dernier, les responsables de ce mouvement ont organisé une conférence de presse à Dakar pour annoncer une série de manifestations qu’ils comptent mener, dès la semaine prochaine, pour « imposer à Wade le retrait de sa candidature ».

Pour l’essentiel, on retient une manifestation dans la banlieue de Dakar le 23 janvier et des caravanes qui vont sillonner le Sénégal avec comme message le caractère anticonstitutionnel de la candidature de Wade. Dans le même temps, le M23 gardera un œil sur le Conseil constitutionnel pour voir s’il tranchera dans le sens de la loi fondamentale concernant la candidature du président sortant en invalidant celle-ci ou bien s’il le fera dans un autre sens. Par manque de confiance totale au Conseil constitutionnel dont chacun devrait, en temps normal, attendre la décision avant de faire quoi que ce soit, le M23 préfère ajouter la corde des manifestations à son arc, histoire d’avoir deux fers au feu. Sur le continent africain, les Conseils ou les Cours constitutionnels s’illustrent par leur incapacité à contrecarrer les projets anticonstitutionnels des tenants du pouvoir qui, d’ailleurs, nomment leurs membres.

On a beau chercher, on n’a que le seul exemple nigérien avec le refus de la présidente du Conseil constitutionnel de cautionner le « Tazarché » (continuité) du président nigérien de l’époque, Mamadou Tandja. N’empêche, les décisions des juges sénégalais sont vivement attendues. Une attente qui n’est pas loin de placer la haute institution judiciaire sous une certaine pression. Qu’il s’agisse du camp des anti ou de celui des pro-Wade, chacun attend des juges et de cette institution qu’ils disent le droit en sa faveur. Et, dire le droit signifie pour le premier camp l’invalidation de la candidature du président sortant alors que pour le deuxième camp c’est, au contraire, reconnaître à son champion le droit de prendre part à la compétition. Et les juges voudraient bien trancher sans froisser un camp ; ce qui relève de l’impossible.

Comme dans un procès, il est difficile que le verdict contente les deux parties. La partie qui a eu tort criera tout naturellement à l’injustice ou au déni de justice. Ce qui ne sera pas le cas de la partie adverse qui estimera que le droit a été dit. Quelle que soit la décision rendue, le Conseil constitutionnel fera forcément des mécontents. Ce que l’on redoute, c’est la manière dont ces mécontentements s’exprimeront. Là-dessus, la réaction du M23 est déjà connue : il entend s’opposer par des moyens pacifiques à un éventuel « coup d’Etat constitutionnel » pour reprendre l’expression du coordonnateur du mouvement, Alioune Tine. Le coup d’Etat constitutionnel étant ici la validation de la candidature de l’opposant historique devenu président du Sénégal en 2000 et qui n’est pas prêt à lâcher prise.

Certes, le mouvement met en avant le caractère pacifique de ses manifestations contre la candidature de Wade. Mais, des débordements sont à redouter. En tout cas, les sages du conseil constitutionnel sont pris entre deux feux : la pression du M23 et celle qu’exerce souterrainement le président Wade sur lui.

Séni DABO

Le Pays

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