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Coton : subventions, dollar faible et hausse du pétrole inquiètent le Burkina

Publié le lundi 18 octobre 2004 à 07h09min

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La persistance de subventions à l’industrie cotonnière dans des pays étrangers, la faiblesse du dollar et la flambée des prix du pétrole inquiètent la filière coton au Burkina Faso, dont la production a augmenté de 16% cette année.

"Ca va être un désastre pour la filière : personne ne peut travailler le coton à 525 francs CFA, sauf lorsqu’on est subventionné", a déclaré à l’AFP Lucien Gaudard, directeur de la Société cotonnière du Gourma (Socoma, filiale de l’entreprise française Dagris) au sortir d’un forum mercredi avec les paysans de Fada N’Gourma (est), l’une des régions les plus déshéritées du Burkina.

D’après la Société des fibres et textiles du Burkina (Sofitex), première société cotonnière du pays, les cours mondiaux de "l’or blanc" se "déprécient" depuis le premier semestre 2004, et "si la tendance se poursuit il en résulterait un manque à gagner de 134 milliards de FCFA (202 millions d’euros) pour la filière burkinabè".

Actuellement, les cours du coton se situent autour de 600 FCFA le kilogramme de fibre contre 800 FCFA en 2003, déplore la Sofitex. Or, celle-ci a déjà annoncé aux paysans qu’elle leur racheterait le kilogramme de coton graine à 210 FCFA au lieu de 185 FCFA en 2003.

Le coton représente 60% des recettes du Burkina Faso, un des Etats les plus pauvres au monde, et fait vivre environ quatre millions de personnes, soit un tiers de la population.

En dépit de la sécheresse, sa production nationale est passée de 500.000 tonnes en 2003 à 563.000 tonnes cette année, ce qui se situe toutefois en-deçà des prévisions de 600.000 tonnes.

"Mais nous sommes face à une situation de conjoncture marquée par la morosité des cours mondiaux doublée d’incertitudes sur les facteurs capables d’infléchir la tendance", a indiqué la Sofitex à l’AFP.

La montée des prix du baril a engendré en quelques mois au Burkina une hausse importante des prix à la pompe, une augmentation d’au moins 10% des coûts de l’électricité et des transports.

Les engrais chimiques à base des dérivés du pétrole, indispensables à l’amélioration des rendements, sont également touchés par ces renchérissements.

Tous ces facteurs négatifs sont suceptibles de gonfler les coûts de production, indiquent les producteurs.

"Il ne paraît pas certain que la filière puisse dégager des bénéfices pour l’exercice en cours", estime la Sofitex, dont les projets à long terme sont déjà compromis par les subventions allouées au coton par les pays industrialisés, principalement les Etats-Unis.

Ces subventions ont causé en 2002 un manque à gagner de 40 milliards de francs CFA (plus de 60 millions d’euros) au Burkina, dont 10 milliards aux seuls producteurs (15 millions d’euros). Cette somme atteindrait 53 milliards de francs CFA en 2003, selon les estimations officielles.

"Pour compenser ce manque à gagner, on nous a incités à produire en quantité et en qualité afin de générer plus de devises", explique Woba Tounbingou, président d’un groupement de Fada N’Gourma qui vient de doubler sa production.

Cette fois, pour tenter d’amortir les effets de la déprime du marché, la Sofitex a décidé de "comprimer" ses coûts par des réductions drastiques des dépenses en pièces détachées, en pneumatiques et carburant ainsi que des charges de fonctionnement.

A moins d’une embellie, les paysans se verront eux aussi privés du bonus de 35 FCFA par kilogramme de coton graine qui leur est habituellement accordé.

Sur le plan commercial, le Burkina va insister sur la qualité de la fibre et "saisir les opportunités de vente" vers les pays à monnaie plus forte que le dollar.

AFP

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