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Nigeria : Boko Haram en passe de mettre les leaders politiques en conflit

Publié le mardi 10 janvier 2012 à 00h32min

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Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a fait une déclaration pour le moins inquiétant et surprenant. Déjà qu’il ne parle pas beaucoup, il aurait dû se taire. Le président nigérian n’a pas trouvé les mots justes pour panser les plaies et calmer les douleurs des familles des personnes éventrées par Boko Haram. Il a affirmé que le mouvement terroriste bénéficie de complicités au sein de l’appareil d’Etat. Il pointe un doigt accusateur sur le parlement, la justice, les forces armées, la police, pour ne citer que ceux-là. Plus grave, il compare la situation, dominée par une vague d’attentas à la guerre sécessionniste biafraise de la fin des années 60. Il a expliqué qu’en son temps, on pouvait savoir et prévoir où était l’ennemi et avec quelles armes il combattait.

Se fondant sur le propos d’un sage du Nord du pays qui a déclaré qu’il était difficile de connaître si ses proches étaient membres du mouvement islamiste, il a fini par dire qu’il était difficile de deviner que quelqu’un ait posé une bombe derrière la maison. Faut-il voir en cette sortie fracassante, qui suscite déjà conjectures et controverses, aussi bien dans les milieux officiels qu’officieux, un aveu d’impuissance ? Le lien entre les attentats et le tristement célèbre conflit armé qui a fait plus d’un million de morts est, on ne peut plus, osé. Même si les crises semblent avoir les mêmes origines, le pouvoir par exemple, on pense et à juste raison, que cet homme réputé calme et méthodique a perdu le contrôle de ses nerfs.

Le cours des évènements lui échapperait, au point qu’il a dû révéler ce que bon nombre de ses concitoyens susurraient. Il se serait aperçu que les croisades, tout feu tout flamme, menées de main de maître par des effectifs renforcés des forces de l’ordre et de sécurité, contre la nébuleuse islamiste, ne suffisaient plus. Les innombrables pertes en vies humaines, déjà évaluées à un millier d’islamistes en 2009, n’ont pu entamer la détermination des combattants. Pas même la mort tragique du fondateur de Boko Haran, Mohamed Yussuf. Qu’à cela ne tienne, le mouvement n’a cessé de s’organiser et d’étendre ses tentacules loin de son foyer originel, Maïduguri. C’est peut-être pour cette raison qu’il a décidé de s’attaquer aux hommes politiques véreux, assoiffés de pouvoir et de sang, qui rament nuitamment, contre le pouvoir fédéral.

Tout porte à croire qu’il y a encore des gens qui n’ont pas digéré que la règle non écrite de rotation du pouvoir n’ait pas été totalement observée. Et ils ont décidé d’agir par le truchement de la secte islamiste qui ne cesse de propager enfer et damnation sur leurs passages. S’il en est effectivement ainsi, il faut avouer que l’intention du président est tout sauf médiocre, avertir ses détracteurs qu’il n’est pas sans savoir leurs manœuvres obscures et qu’il conviendrait qu’ils fassent profil bas. Cependant, les risques sont énormes, dans la mesure où ce combat, aux relents fondamentalistes, qui oppose jusqu’ici le peuple nigérian à Boko Haram, peut basculer purement et simplement sur le terrain politique.

Avec des leaders d’opinion exposés à la peur et à la haine de l’autre, les brèches qu’on aurait pu coller avec des rustines, ne peuvent que s’écarteler, et à jamais. De sorte que Goodluck Jonathan ne se recroqueville sur lui-même et tente de déboulonner les autorités, qu’il suspecte à tort ou raison. A vouloir les remplacer par des proches, notamment des chrétiens, il hypothéquerait, sans nul doute, ses relations privilégiées avec une partie de la classe politique qui lui voue encore amitié et considération. Inutile de dire que ces derniers qui ont été mis sur le carreau, même s’ils n’intégreront pas tous le fameux système qui marche sur la tête, œuvreront ouvertement pour déstabiliser son régime. A cette allure, les attentas jadis circonscrits dans le Nord du pays risque d’avoir pour champ de prédilection, le Sud avec pour principales cibles, les bâtiments officiels et les représentants de l’administration fédérale.

Alors, si Goodluck Jonathan tient à finir son premier mandat à la tête de ce pays, apparenté à un volcan en sommeil, il gagnerait à s’en tenir à cette déclaration, histoire de ne pas mettre de l’huile sur le feu en ouvrant un autre front avec les leaders politiques du Nord. Il conviendrait qu’il fasse comme s’il n’entendait et ne voyait pas les comportements, quand bien même ignobles, de certains d’entre eux. L’idéal commande qu’il souffre le martyr, aussi longtemps qu’il le pourra, afin de parvenir à les utiliser pour venir à bout de la gangrène Boko Haram.

Adama BAYALA (badam10@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 10 janvier 2012 à 04:57 En réponse à : Nigeria : Boko Haram en passe de mettre les leaders politiques en conflit

    en quoi goodluck aurait du se taire ?c’est de la vérité qu’il a craché et je le soutiens parceque si boka haram n’avait pas des soutiens,il ne survivrait pas aussi longtemps

  • Le 10 janvier 2012 à 05:04, par Alain En réponse à : Nigeria : Boko Haram en passe de mettre les leaders politiques en conflit

    Tres beau dessin pour illustrer le phenomene BOKO HARAM.
    Le dessin a lui seul demontre ce monstre et ses ravages qu’est BOKO HARAM

  • Le 10 janvier 2012 à 11:20 En réponse à : Nigeria : Boko Haram en passe de mettre les leaders politiques en conflit

    Dieu est Grand et Souverain. A-t-on vraiment besoin de combattre ceux qu’on juge n’être pas dans sa volonté par les armes ? Il y a-t-il une personne ou une puissance qui puisse mieux faire que Dieu lui-même ? Si l’enseignement occidental est un peché, pourquoi utiliser des armes à feu qui n’était pas connu de nos ancêtres ? Pourquoi porter le treilli et des cagoules ? Dans le temps ancien, c’était l’animisme qui prévalait, pas l’islam ! Alors à qui profite le combat ? Dieu protège le Nigeria et l’Afrique des assaillants et des "hommes forts".

    • Le 10 janvier 2012 à 22:16 En réponse à : Nigeria : Boko Haram en passe de mettre les leaders politiques en conflit

      Ah, John Pas de Chance ! Un affidé néocolonial qui a frayé avec les satrapes de la Françafrique pour saccager et livrer la Côte d’Ivoire et la Libye aux criminels de l’OTAN-UE-USA. On espère que les mêmes Occidentaux qui sont à l’affut des odeurs de pétrole et de la pourriture en Afrique vont pouvoir l’aider à stabiliser le Nigeria ; un grand pays incroyablement gangrené par la corruption et l’incurie politique.
      Au lieu de passer son temps à filer un mauvais coton sur le dos des peuples d’Afrique, John Badluck du Nigéria gagnerait à se préoccuper davantage du pillage néocolonial et de la pollution criminelle que les multinationales occidentales de l’or noir imposent aux populations du delta nigérian. Une vraie honte pour tout africain conscient et informé. C’est sur de tels terreaux générateurs de misère, d’inégalités sociales et de rancœurs que prospèrent les Boko-Haram. Des Boko-Haram bien aidés en sous-mains par les mêmes : les complicités néocoloniales africaines, les Occidentaux professionnels de la déstabilisation et leurs obligés racistes rétrogrades du Golf et d’Arabie Saoudite.

  • Le 10 janvier 2012 à 13:26, par Rose En réponse à : Nigeria : Boko Haram en passe de mettre les leaders politiques en conflit

    Mr ADAMA je crois que GOODLOUK n’est pas égoïste il ne pense certainement pas qu’à son fauteuil comme au pays des hommes "intègres" il pense à toutes ces victimes d’esprits de violence et de sang à ne pas croire qu’ils soient des humains et que dit Dieu si eux jugent qu’ils devraient seul vivre sur la planète.

  • Le 10 janvier 2012 à 14:54, par Burkinabè En réponse à : Nigeria : Boko Haram en passe de mettre les leaders politiques en conflit

    Le géant aux pieds d’argile. Pourtant dans la crise ivoirienne il était très bien inspiré. C’est la preuve que Goodluck n’etait qu’un valet locorégional de la « communauté internationale ». Qu’il appelle au secours la « communauté internationale ».

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