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MANDAT D’ARRET MAURITANIEN CONTRE CHAFI : Les démêlés d’un opposant atypique

Publié le vendredi 6 janvier 2012 à 01h02min

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Peu de Burkinabè le savent. Celui que les autorités mauritaniennes ont déclaré persona non grata, et qui est très bien introduit depuis belle lurette dans les cercles du pouvoir au Burkina, est un opposant teigneux dans son pays d’origine. Révélé aux yeux du grand public burkinabè avec sa participation à la libération d’otages espagnols en 2010, Moustapha Ould Limam Chafi est un personnage aux multiples facettes : peu connu des Burkinabè dont il sert le président depuis de nombreuses années, il a l’étoffe d’un opposant redouté dans sa Mauritanie natale. Non content de critiquer la gouvernance politique du régime en place, sa vision de la lutte contre le terrorisme et celle des autorités de Nouackchott sont aux antipodes.

Lui n’hésite pas à utiliser l’argument des espèces sonnantes et trébuchantes (les fameuses rançons) pour sauver des otages, tandis que son pays s’y oppose farouchement. Les Mauritaniens sont donc peu surpris du mandat d’arrêt que vient de lancer leur pays contre l’homme pour « appui au terrorisme » et « financement du terrorisme ». Mieux, ils l’assimilent, pour certains, à une manœuvre politicienne pour écarter définitivement un adversaire politique qui dérange. D’où les manifestations organisées par ses partisans mercredi dernier, pour dénoncer la fatwa contre Chafi. Cette affaire, apparemment mauritano-mauritanienne, déborde en réalité et prend des allures internationales. Car, au-delà de son statut d’opposant, Moustapha Chafi est un homme d’influence introduit dans bien des palais africains, à commencer par celui de Kosyam, à Ouagadougou.

A ce carnet d’adresses africain bien fourni, est venu s’ajouter le nouveau partenariat qu’il a pu établir avec les chancelleries occidentales, du fait de sa capacité de négociation avec les preneurs d’otages d’Al-Qaida au Maghreb islamique. En voulant donc régler ses comptes avec un opposant, le président Mohamed Ould Abdel Aziz touche de plein fouet aux intérêts de certains de ses homologues africains. C’est d’ailleurs en cela que réside le caractère atypique de Chafi. Comment être opposant chez soi et conseiller d’autres chefs d’Etat ? Car l’amalgame est vite fait, entre ses fonctions, même officieuses, et ses activités politiques. Et, en Afrique, les dirigeants acceptent encore difficilement que le tapis rouge soit déroulé à leurs opposants par un pays tiers.

Le risque de clashs diplomatiques est donc grand, entre Nouackchott et les capitales qui s’attachent les services de Chafi. Jusqu’à quand le trublion mauritanien pourra-t-il jouer sur ces deux tableaux ? En tout cas, tant que des otages seront détenus et qu’il passera pour un négociateur incontournable, on peut parier que Chafi aura la bénédiction de dirigeants africains et occidentaux. Mais à terme, il lui faudra sans doute faire un choix clair, pour éviter des dérapages préjudiciables aux relations entre son pays et ceux qui l’hébergent. S’il choisit de rester le sherpa des chefs d’Etat, il devra certainement se faire l’obligation d’observer un minimum de devoir de réserve.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 6 janvier 2012 à 02:05 En réponse à : MANDAT D’ARRET MAURITANIEN CONTRE CHAFI : Les démêlés d’un opposant atypique

    J’espere que la Mauritanie sait au moins qu’ il est juste conseiller de Blaise et pas du Burkina !

  • Le 6 janvier 2012 à 08:52, par Kôrô Yamyélé En réponse à : MANDAT D’ARRET MAURITANIEN CONTRE CHAFI : Les démêlés d’un opposant atypique

    - Je vous avais tous prévenu ! ! !

    Le Burkina doit l’arrêter et l’extrader parce que les relations entre 2 pays vont au-delà d’un individu, fut-il conseiller machiavélique d’un Président.

    Il faut l’extrader même s’il faut jouer au médiateur par la suite, ce pour lequel nous sommes forts et internationalement reconnus.

    En tout cas, nous sommes au pied du mur !

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 6 janvier 2012 à 10:36, par EtudiantBF En réponse à : MANDAT D’ARRET MAURITANIEN CONTRE CHAFI : Les démêlés d’un opposant atypique

    Je suis burkinabe et je trouve inadmissible qu’un opposant declare se mette au service d’un chef d’Etat d’un pays tiers en tant que conseiller ou commis. Il n’est pas exclu qu’une telle situation soit nuisible aux interets superieurs du pays d’origine de cet opposant qui privilegie sa survie a lui a travers l’herbergement qui lui est offert et les malettes de recompense pour mission accomplies, services rendus, etc.

    En ce qui concerne le terrorisme, je crois fermement que si nos autorites ne font pas attention c’est le Burkina qui regrettera leur implication, ou du moins la maniere, a la lutte contre le terrorisme. Il n’y a jamais de prise d’otage au Burkina mais toujours chez nos voisin du sahel et c’est toujours nous qui avons des contacts avec ces terroristes pour faire liberer les otages.

    D’abord nous mettons mal a l’aise nos voisins que sont le Mali et le Niger, mais aussi la Mauritanie et l’Algerie. Nous mettons en mal leur diplomatie au grand bonheur de la notre. Pourquoi ces pays ne penseront ils pas un jour que nous sommes de complicite avec les terroristes qui sevicent sur leur sols ?

    Ensuite nous pensons gagner la confiance des occidentaux dans la lutte contre le terrorisme sans se soucier que ces occidentaux ne sont pas dupe. Ils nous laissent croire qu’ils croient en notre bonne foi. Mais en realite ils menent des enquetes souterraines afin de decouvrir si nous sommes complices ou pas vu la "facilite" avec laquelle nous arrivons a negocier avec les terroristes. Si jamais nos autorites y sont impliquees ca se saura et c’est tout le Burkina qui en paiera le prix.

    Enfin, il ne faut pas occulter le fait qu’une branche radicale de ces reseaux terroristes ne soit pas favorable a la mission que nous menons et nous prenne pour cible.

    Je ne dis pas qu’il faut arreter notre participation a la lutte contre ce fleau mais il faut que cette participation soit prudente, transparente et honnete.

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