NIGERIA : Boko Haram sur les traces du nazisme
La secte islamiste nigériane Boko Haram a-t-elle mis à exécution sa menace de s’en prendre aux forces gouvernementales dans les zones touchées par l’état d’urgence ? L’attaque menée le 3 janvier dernier contre un commissariat de police à Birniwa, dans l’Etat de Jigawa (nord du Nigeria) le laisse croire. La secte semble décidée à semer la graine de la violence au Nigeria. Outre les attentats, elle veut ouvertement une partition du géant ouest-africain entre un nord musulman et un sud chrétien et animiste. C’est, en tout cas, ce qu’il faut comprendre avec son ultimatum de 3 jours donné, le jour de l’an, aux chrétiens vivant dans les Etats du nord de quitter cette région et aux musulmans dans le sud de faire le chemin inverse.
Ce n’est ni plus ni moins qu’un développement séparé, une remise en cause de la diversité, de la libre circulation et de la liberté donnée à tout Nigérian de s’établir en tout point de son choix dans son propre pays. Et, cela au nom d’une religion, l’islam, qui est tolérance, acceptation de l’autre dans sa différence, etc. Il faut bien remonter aux lendemains de l’indépendance du Nigeria pour voir une lutte prônant un repli sur soi avec la sécession du Biafra (commencée en 1967) dont l’objectif était de créer un Etat à part entière. Dans l’histoire, le développement séparé des communautés, fondé sur la religion ou la race, visé par les illuminés de Boko Haram, rappelle l’apartheid en Afrique du Sud.
Un système odieux et ignoble qui a longtemps tenu séparés, dans un même pays, Blancs et Noirs. Si on pousse encore loin la fouille dans l’histoire du monde et les comparaisons, on aboutit au nazisme allemand mis en œuvre par Adolf Hitler. Oui, Boko Haram flirte dangereusement avec le nazisme. Remplacez la suprématie de la race aryenne prônée par le Führer par la pureté religieuse de Boko Haram ; substituons les Juifs que détestait foncièrement Hitler aux chrétiens et aux animistes que les fous d’Allah nigérians ne veulent pas voir même en peinture, et la réalité se révèle dans toute sa laideur et sa dangerosité. C’est la raison pour laquelle il faut s’inquiéter sérieusement pour ce qui pourrait se passer après l’expiration de l’ultimatum de la secte. On se pose moult questions sur le sort des chrétiens sommés de quitter le nord et qui ne s’exécuteraient pas.
Quelle pourrait être la nature des représailles contre ces personnes qui sont facilement identifiables sans que l’on ait besoin de leur faire porter, par exemple des étoiles, comme sous le 3e Reich, pour les distinguer des autres ? Ou alors l’Etat central prendra-t-il des mesures particulières de protection contre eux dans le cadre de l’état d’urgence qui donne les pleins pouvoirs aux forces de l’ordre ? Toutefois, le même Etat pourra-t-il mettre un policier derrière chaque chrétien décidé à rester dans le nord ? Cela est chose impossible et, de toutes façons, qu’il y ait mesures ou pas, la secte n’est nullement impressionnée et rien, ne pourra l’arrêter dans son équipée meurtrière. Mais, si par crainte de leur vie, les non-musulmans fuyaient le nord devenu inhospitalier comme cela s’est vu vers la fin de l’année, la secte aurait réussi la partition de fait sur le plan religieux, qu’elle veut instaurer.
Et ce serait un précédent dangereux pour la fédération nigériane. Toute la question réside maintenant dans la capacité à trouver les moyens efficaces pour éradiquer la gangrène Boko Haram. Il faudra peut-être changer le fusil d’épaule après l’échec du tout militaire.
Séni DABO
Le Pays