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RDC : Le vendredi de tous les dangers

Publié le vendredi 23 décembre 2011 à 00h46min

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L’investiture de Joseph Kabila a eu lieu le mardi 20 décembre à Kinshasa, avec pour seul chef d’Etat étranger présent le Zimbabwéen Robert Mugabe ; qui n’est pas en soi une très grande référence, le visiteur étant le dictateur le plus âgé encore en vie. Même le voisin d’à quelques kilomètres, de l’autre côté du fleuve, Denis Sassou Nguesso, n’a pas daigné effectuer le déplacement. C’est dire le degré de conviction en la victoire de celui qui, selon la commission électorale nationale, aurait remporté 48% des voix contre 32% pour Etienne Tshisekedi. Ce dernier, en lion blessé, ne s’avoue pas vaincu : en effet, il a décidé de s’auto-investir aujourd’hui même président de la République démocratique du Congo.

Hier déjà, des chars avaient entouré le lieu prévu pour son investiture (le stade des Martyrs), et l’inquiétude sur le déroulement de cet événement allait grandissante. L’après-élection a déjà fait 24 morts, et beaucoup gardent en mémoire l’année 2006, au cours de laquelle au lendemain des résultats de la présidentielle, les hommes de Kabila avaient tiré à l’arme lourde sur le domicile de Jean Pierre Bemba. L’ironie de l’histoire a voulu qu’à ce moment, le candidat malheureux à cette élection reçût des diplomates étrangers.

Alors, l’inquiétude est permise sur l’issue de cette investiture prévue de Tshisekedi. Pourra-t-elle avoir lieu, et à l’endroit indiqué ? Touchons du bois pour que le clash n’ait pas lieu. En attendant, si beaucoup de soupçons pèsent sur la victoire de Joseph Kabila, l’attitude d’Etienne Tshisekedi est tout aussi sujette à débat. Oui, en matière politique, c’est l’une des dernières chances de sa vie, pour ne pas dire la seule, vu son âge (il est né en 1932, et le mandat présidentiel dans ce pays est de cinq ans). Oui, passer par les instances légales pourrait donner une certaine caution au camp d’en face. Malgré tout, l’on ne peut vouloir quelque chose et son contraire ; même si le premier docteur d’Etat en économie de la RDC est convaincu de l’issue des différents recours, il devrait, en bon légaliste, essayer de les épuiser.

Les présents soubresauts en République démocratique du Congo nous interpellent une fois de plus sur le destin de ce pays, qui est loin d’être morose. Et pourtant, ce n’est pas que Dame Nature ne l’ait pas bien gâté : croulant sous les richesses de son sol et surtout de son sous-sol, il peine à prendre la route du développement, si fait qu’il a été qualifié de scandale géologique. Le pays possède des gisements contenant une cinquantaine de minerais recensés, mais seulement une douzaine de ces derniers est exploitée : le cuivre, le cobalt, l’argent, l’uranium (par Areva), le plomb, le zinc, le cadmium, le diamant, l’or, l’étain, le tungstène, le manganèse, le pétrole et quelques métaux rares comme le coltan, un composant essentiel pour les circuits des téléphones et des ordinateurs portables dont le pays possède les trois quarts des réserves mondiales. La RDC est également le premier pays d’Afrique du point de vue de l’étendue de ses forêts (la moitié du territoire national est occupée par la forêt équatoriale).

Cette abondance, on le devine, a été longtemps contrariée par la mauvaise gouvernance. Au long règne de Mobutu, assaisonné par une dictature implacable, a suivi celui plus fugace de Kabila père, qui n’a eu ni le temps ni la volonté de développer le pays, sa principale préoccupation ayant été de se défaire de l’emprise de ceux qui l’ont amené au pouvoir (l’Ouganda et le Rwanda). Avec l’actuel président, le pays n’est pas non plus sorti de l’ornière. Que nous réservent aujourd’hui et les jours qui suivront ? Le moindre mal que l’on puisse souhaiter à l’ex-Zaïre est qu’à défaut de l’idéal démocratique, la paix survienne. Si ce n’est le cas, il arrivera qu’un beau jour, les Congolais se mettent à regretter Mobutu.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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